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La police utilise les doigts des personnes décédées pour déverrouiller leur smartphone

Dans les enquêtes policières, les téléphones peuvent se révéler une source d’informations précieuses. Les capteurs d’empreintes digitales dorénavant développés pour déverrouiller les appareils étaient censés limiter toute intrusion forcée. Raté.

<a href="https://www.flickr.com/photos/janitors/10575769756/">Le capteur d'empreinte digitale, garanti à mort.</a> | Kārlis Dambrāns via Flickr CC <a href="https://www.flickr.com/photos/janitors/10575769756/">License by</a>
Le capteur d'empreinte digitale, garanti à mort. | Kārlis Dambrāns via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Forbes

En novembre 2016, Abdul Razak Artan est abattu par la police après avoir renversé un groupe de passants et avoir ensuite essayé de les tuer avec un couteau de boucher. Sept heures plus tard, Bob Moledor, un agent du FBI, a tenté d’utiliser l’empreinte de l’assaillant pour déverrouiller son iPhone. Problème: le téléphone en question –un iPhone 5– ne possédait pas encore le Touch ID. Malgré tout, les autorités ont confirmé avoir pu accéder aux données de l’appareil grâce aux services d’un laboratoire médico-légal.

Selon Forbes, des sources proches de la police de New York ont confirmé qu’il était habituel d’utiliser les empreintes des morts pour accéder à leur téléphone. Cette pratique semble aussi commune en France. En février dernier, dans les bonnes feuilles du livre Surdose, nous avions évoqués le cas du major Yvan C. qui s’était servi du pouce droit d’une victime d’overdose pour dévérouiller son iPhone. 

Une pratique légale mais non éthique?

La loi n'interdit pas l'usage d'une telle technique: «Nous n’avons pas besoin de demander un mandat de perquisition à moins que le téléphone soit un bien partagé», explique Robert Cutshall, membre de la brigade criminelle de l’Ohio qui a travaillé sur l’affaire Abdul Razak Artan.

Marina Medvin, propriétaire du cabinet d'avocats Medvin Law confirme: «Quand une personne est déclarée morte, le respect de la vie privée n’entre plus en compte.» 

Greg Nojem, conseiller juridique du Center for Democracy and Technology –une ONG dédiée à la défense à la protection des droits numérique– a quant à lui exprimé des craintes à propos de cette pratique. Selon lui, la police ne devrait pas avoir accès à la vie privé d'une personne décédée. 

Le Face ID d'Apple: un problème de plus pour la protection de la vie privée?

Avec l'iPhone X, Apple propose une toute nouvelle façon de déverrouiller son téléphone: le Face ID –un système de reconnaissance faciale. 

Marc Rogers, chercheur à Cloudflare –une entreprise qui vend des services de sécurité pour internet– a étudié le Face ID afin de déterminer s'il était possible de débloquer le portable d'une personne décédée. Normalement, ce système requiert un mouvement «naturel» des yeux pour fonctionner. Mais selon ses recherches, il suffit de placer le smartphone devant le visage du mort avec une photo montrant des yeux ouverts. 

Pour l'instant, aucun rapport policier n'a fait état de l'utilisation de cette technique pendant une enquête.

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