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De quelle couleur voyez-vous une balle de tennis?

Jaune, vert, autre? Trois ans après la robe dorée et blanche ou bleue et noire, place aux balles de tennis.


<a href="https://pixabay.com/fr/tennis-boule-le-sport-2891306/">Le nouveau débat</a> | QuinceMedia via Pixabay CC0 <a href="https://pixabay.com/fr/users/QuinceMedia-1031690/">License by</a>
Le nouveau débat | QuinceMedia via Pixabay CC0 License by

Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur The Atlantic

Tout a commencé avec un sondage croisé au détour de Twitter: «S'il vous plaît, aidez à résoudre une dispute conjugale. Vous décririez la couleur d'une balle de tennis comme: verte, jaune, ou autre?».

En toute confiance, Marina Koren, rédactrice en chef adjointe de The Atlantic, cochait la réponse «jaune». Ce n'est qu'en validant, alors que les résultats du sondage en cours s'affichaient, que son assurance laissa place à la stupéfaction: sur les près de 30.000 participants, 52% avaient voté «vert», seulement 42% «jaune», et 6% «autre». Voilà une question en apparence si simple qui divisait les foules en deux gros blocs –plus les inévitables marginaux.

La guerre des couleurs

Déconcertée, elle décidait de poster le sondage sur la messagerie Slack (une plateforme de communication collaborative) partagée par les rédacteurs de The Atlantic. Ce fut la guerre.

«La question qui semblait triviale a déchiré notre groupe habituellement sympathique. Les lignes ont rapidement et farouchement été tracées, l'équipe verte contre l'équipe jaune, tandis que mes collègues débattaient de la définition même de la couleur en soi. Des épées furent brandies sous la forme de liens vers des codes de couleur HTML ou la sélection de peinture à Sherwin-Williams. Les tentatives de négocier un cessez-le-feu, de considérer que peut-être, les balles de tennis sont en fait jaune-vert, vert-jaune ou chartreuse ont été écartées. À un moment donné, j'ai fustigé un collègue qui m'a ensuite rappelé que nous étions du même côté», raconte Koren.

Si les cris finirent par s'atténuer, la bataille ne faisait donc que commencer: elle requérait enquête.

Celle-ci commence pour Koren sur Wikipédia: «Les balles de tennis sont jaune fluorescent lors de la plupart des événements sportifs, mais peuvent pratiquement être de n'importe quelle couleur pour les parties récréatives», indique l'encyclopédie anglaise. Une réponse qui ménage la chèvre et le chou, pas si satisfaisante que ça.

Jaune et blanc

C'est donc vers la Fédération internationale de tennis (IFT) que Koren s'est tournée, qui lui a précisé:

«En réalité, les balles de tennis furent autrefois blanches ou noires. L'arrivée de la télévision a changé cela. Les téléspectateurs avaient du mal à voir les balles de tennis alors qu'elles étaient jetées violemment à travers le court lors des matchs télévisés, aussi l'IFT a-t-elle imposé l'utilisation de balles jaunes lors des matchs en 1972 –bien que les blanches étaient toujours autorisées. La nouvelle règle dit que “la balle doit avoir une surface extérieure uniforme composée de tissu et doit être de couleur blanche ou jaune”.»

Les autres personnes interrogées par Koren –grossistes sportifs et chercheurs spécialisés dans l'optique– s'alignaient: jaune, jaune, jaune.

Une question de perception

Au-delà de la facture des balles, il y avait donc lieu d'interroger les dessous de notre perception visuelle.

«La façon dont nous étiquetons une balle de tennis est déterminée à la fois par des facteurs perceptifs et cognitifs: la lumière physique réelle qui pénètre dans votre œil et... la connaissance de ce que les gens ont généralement étiqueté sur les objets», explique le neuroscientifique Bevil Conway.

Alors que cette observation souligne la part d'intériorisation en jeu lors de la désignation d'une couleur (nous savons que les balles qui passent à la télé sont jaunes, même si notre souvenir est flou), elle n'explique pas pourquoi tant de gens ont tendance à considérer que les balles de tennis sont vertes. Conway poursuit:

«Elles sont d'une couleur étrange, conçue pour [...] qu'elles soient particulièrement visibles sur le court. Mais parce qu'elles sont étranges, nous n'avons pas résolu comment les étiqueter.»

Cela rappellera aux vétérans du net le débat sur la fameuse robe blanche et dorée ou bleue et noire qui avait animé la toile en 2015.

Conway avait alors commencé à travailler sur ces différences de perception, émettant l'hypothèse que certaines personnes seraient plus sensibles aux couleurs froides, d'autres aux couleurs chaudes: en fonction des conditions d'éclairage d'un même objet, notre cerveau opère des corrections de couleur, qui varient d'une personne à l'autre. Le même phénomène serait en jeu pour les balles de tennis.

Allant un peu plus loin, il postule qu'à quelques exceptions près, la majorité des gens qui voyaient la robe dorée et blanche verraient la balle jaune, et inversement, ceux qui la voyaient bleue et noire, verte. Une façon de dire autrement que la couleur de la balle de tennis «est dans l'œil de celui qui regarde».

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