Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Huffington Post
Individualistes, superficiels, flemmards, accros aux réseaux sociaux et immatures. La liste des défauts attribués aux millenials est longue. Cette génération, née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, fait dernièrement l'objet de débats houleux. Entre mépris et compassion, leurs aînés tentent —à grands coups d'études sociologiques ou de conférences TEDx Talks— de cerner ces jeunes nés en même temps qu'internet. Et qui, bien malgré eux, allaient devoir avancer à tâtons dans une société libérale au futur économique incertain. Voire même au «futur financier le plus flippant de toutes les générations confondues depuis la Grande Dépression», d'après le Huffington Post.
«Tout est de notre faute»
«Ça fait dix ans que j'attends de devenir un adulte.» Subtil mélange d'angoisse et d'humour noir, cette phrase est signée Michael Hobbes, journaliste britannique de 35 ans. Soit un «vieux de la vieille» des millenials. Comme lui, nombreux sont les plus de 25 ans qui se sentent encore ados. Et pour cause, explique-t-il: «Mon loyer consomme la moitié de mon salaire, je n'ai pas eu d'emploi stable depuis que Pluton n'est plus une planète et mes économies diminuent plus vite que la fonte des glaces causée par les baby-boomers.»
Tout semblait plus rose pour les parents. Plein emploi, meilleur pouvoir d'achat, propriété encore accessible, acquis sociaux, et relative absence de contraintes écologiques. En 2017, les jeunes quittent le domicile familial de plus en plus tard (et pas par choix), se marient et/ou ont des enfants à un âge plus avancé que leurs prédécesseurs et se résignent à acheter un appartement.
«Et tout ça serait de notre faute, d'après les vieux, ironise Michael Hobbes. On n'a pas le bon diplôme. On dépense l'argent qu'on n'a pas dans des trucs dont on n'a pas besoin. On a toujours pas appris à coder…»
La liste est longue. Fin 2016, BuzzFeed publiait un article grinçant intitulé «Voici les 28 choses que les millenials sont en train de tuer de sang froid» (chiffres à l'appui). Parmi ces dernières: le cinéma, les vacances, le golf, le costard, le savon et bien sûr les relations sentimentales!
Des chiffres qui ne mentent pas
Derrière toutes ces accusations plus ou moins légitimes, il y a des chiffres. Et il suffit d'y jeter un rapide coup d'œil pour revoir sa copie. Ainsi, d'après The Huffington Post, les millenials:
- sont 300% plus endettés que leurs parents;
- ont deux fois moins de chance de devenir propriétaires que les jeunes adultes de 1975;
- sont 1 sur 5 à vivre en dessous du seuil de pauvreté;
- devront pour beaucoup, si la conjoncture économique actuelle demeure telle quelle, travailler jusqu'à l'âge de 75 ans.
Au fond, ce sont pas tant les personnalités des millenials qui les distinguent des générations précédentes, mais bien le monde dans lequel ils vivent, qui n'a plus grand-chose à voir avec celui de leurs géniteurs. Les salaires stagnent, des secteurs industriels entiers se sont écroulés, de corps de métiers se voient menacés par l'avènement des robots, les emplois se précarisent. En France, les CDI sont en voie de disparition et la sécurité sociale ne cesse d'être remise en question. Face à cela, le coût de la vie augmente, les prix de l'éducation et de l'immobilier flambent et les derniers smartphones ont dépassé le seuil des 1.000 euros.
«Ce qui nous caractérise, conclut Michael Hobbes, ce n'est pas notre dépendance vis-à-vis de nos parents, nos stages non-rémunérés ou encore Pokémon Go. C'est l'incertitude.»