Santé / Parents & enfants

Les femmes doivent-elles faire congeler leurs ovocytes dès la vingtaine?

Inquiètes quant à la future baisse de leur fertilité, certaines anticipent et sautent le pas avant 30 ans.

<a href="https://pixabay.com/p-1739629/?no_redirect">Horloge biologique</a> | Geralt via Pixabay CC0 <a href="https://pixabay.com/en/users/geralt-9301/"></a>
Horloge biologique | Geralt via Pixabay CC0

Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur Metro

Investissement dans leur carrière, précarité, propension à voyager ou encore absence de partenaire sérieux: les raisons qui poussent les femmes à retarder l’âge de leur première grossesse sont nombreuses et variées.

Il y a quarante ans, avoir un enfant durant la vingtaine était la norme. En 2017, les codes ont changé. Désireuses de faire de longues études, de mener à bien leurs projets personnels ou de s'épanouir comme célibataires, les Françaises (et pas que) deviennent mamans de plus en plus tard. La fertilité diminuant progressivement dès l'âge de 30 ans, la congélation d'ovocytes apparaît, pour certaines, constituer un compromis viable. Et une manière de combattre les injonctions sociales ou la peur du temps qui passe. Mais l'idée ne va pas sans faire débat. 

Congélation d'ovocytes, comment ça marche? 

Tout d'abord, il convient de souligner qu'il s'agit d'un processus complexe et coûteux, régi en France par une législation bien plus stricte que certains de nos voisins européens, notamment le Royaume-Uni, l'Espagne et la Suisse.

Dans l'Hexagone, il n'est pas permis de faire congeler ses ovocytes pour des raisons de «convenance» ou de «confort». La technique est, en théorie, réservée aux patientes souffrant de problèmes de fertilité, de certaines maladies ou dans le cadre d'un don. De plus en plus de Françaises se rendent donc à l'étranger pour pouvoir en bénéficier

La procédure médicale s'étale sur environ 15 jours, comme l'explique Cécile Gallo, gynécologue-endocrinologue et spécialiste de l'infertilité, et commence par une phase de stimulation de l'ovulation. Une dizaine de jours plus tard, le prélèvement de plusieurs ovocytes s'effectue par ponction (sous anesthésie locale ou générale). Ces derniers sont ensuite vitrifiés dans de l’azote liquide, à –196°C.

Une fois congelés, les ovocytes ne vieillissent plus. La patiente pourra alors, lorsqu'elle le désirera, initier leur décongélation puis leur réimplantation via une fécondation in vitro (FIV), avec le sperme d’un conjoint ou d'un donneur. En France, pour l'instant, seuls les couples hétérosexuels dont l'un des membres présente un problème de stérilité ou est porteur d'une maladie grave peuvent recourir à une FIV.

À quel âge y penser?

Tout récemment, la chanteuse britannique Rita Ora, âgée de 26 ans, défrayait la chronique en révélant qu'elle avait fait congeler ses ovocytes. Entre sa carrière musicale et ses projets à la télévision, la jeune femme explique avoir préféré prendre ses précautions:

«Peut-être que je suis un peu hypocondriaque, mais j'ai toujours voulu une grande famille et mon médecin m'a dit: “Je pense que vous devriez congeler vos ovocytes durant la vingtaine. Vous êtes actuellement en pleine santé, pourquoi ne pas évacuer ce problème dès maintenant pour ne plus jamais avoir à s'inquiéter?”»

De quoi pousser d'autres femmes à s'interroger sur le timing adéquat. Interrogée par le journal Metro, la docteure Zeynep Gurtin, chercheuse associée à la London Women’s Clinic, tempère: «C'est bien d'anticiper et de se pencher sur la question de la fertilité assez tôt», en  précisant toutefois:

«Il y a une durée de stockage limite de 10 ans pour les ovocytes congelés. Cela signifie qu'une femme a 10 ans, à partir de la date de la congélation, pour les utiliser. Ainsi, cela ne vaut pas vraiment le coup de le faire très tôt, avant la trentaine.»

La spécialiste souligne cependant que les patientes relativement âgées se montrent souvent plus stressées: «Les femmes plus âgées –vers la fin de la trentaine ou au début de la quarantaine– sont, de manière compréhensible, plus anxieuses. Pas seulement à propos de leur fertilité déclinante, mais également concernant leurs chances plus minces de produire de nombreux ovocytes d'assez bonne qualité pour être congelés.» 

Ainsi, bien que les désirs et les besoins de chacune varient et dépendent de sa situation personnelle, la période idéale serait donc le début de la trentaine. Assez tard pour se laisser du temps, mais suffisamment tôt pour ne pas rencontrer trop de complications. 

Un moyen de se rassurer

Dans tous les cas, la congélation des ovocytes constitue, pour bon nombre de femmes, une véritable délivrance. «L'envie d'être maman ne doit pas conditionner mes relations», explique Anne-Sophie, une française de 33 ans qui a récemment fait vitrifier ses ovocytes à Barcelone. En juin dernier, elle confiait à l'Obs

«Je suis célibataire depuis mes 28 ans, après une relation de cinq ans. J’ai dû faire un deuil: accepter que cet homme que j’aimais ne serait jamais le père de mes enfants… Ça m’obsédait. Je ne veux pas conditionner mes futures relations à cette envie absolue d’être maman.»

Dans le fond, la majorité des femmes qui y ont recours espèrent finalement ne pas avoir à utiliser leurs ovocytes congelés. Pour elles, c'est avant tout un moyen de se rassurer et de ne pas être influencées  –inconsciemment ou non– par la pression de l’horloge biologique. 

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