Libérée le mois dernier après cinq ans de captivité passés auprès du réseau Haqqani au Pakistan, la famille Boyle a accordé ce lundi une interview à ABC News. Caitlan Coleman, la mère, y raconte comment il a fallu trouver des moyens de survivre, avec leurs trois jeunes enfants.
«Nous avons essayé de rendre cela drôle pour eux, du mieux que nous le pouvions. [...] Nous leur apprenions à se servir de choses comme des bouchons de bouteille, ou des morceaux de carton —principalement des ordures—, tout ce que nous pouvions trouver pour jouer avec, leur disant que c'étaient des jouets, que nous pouvions en faire un jeu.»
Caitlan Coleman, originaire du Canada, était enceinte de six mois quand elle fut capturée avec son mari, Joshua Boyle, et ses enfants, peu après leur entrée sur le territoire afghan, lors d'un grand voyage en Asie centrale et du sud entrepris en 2012. Il leur a fallu vivre –et mourir, l'une des enfants ayant été tuée– dans des conditions sanitaires précaires, avec «l'idée d'une décapitation toujours sur la table»; tout en essayant de maintenir un semblant de vie de famille, éduquant leurs enfants avec les moyens du bord.
Parler de décapitation avec Cromwell
Leur plus grand fils, Najaeshi Jonah, âgé de 4 ans alors, apprit ainsi dans les geôles talibanes l'alphabet —sans livres—, les constellations —sans ciel—, et des rudiments de géopolitique —sans secours. Se tournant vers le passé, ils lui apprirent l'histoire de Cromwell et l'exécution de Charles Ier, en 1649:
«Il s'amusa beaucoup de cette façon, prétendant être Oliver Cromwell pourchassant Charles Ier et essayant de lui trancher la tête parce qu'il ne voulait pas signer ses papiers et les lois. [...] Nous en avons fait un jeu, de sorte qu'il n'ait pas peur.»
Dans un scénario qui ressemble fort à La Vie est belle, l'illusion ne résiste pourtant pas au tragique de la situation. Caitlan Coleman rapporte que certains gardes pouvaient être extrêmement violents avec les enfants, cherchant n'importe quel prétexte pour les frapper. Tâchant de s'interposer, elle eut tantôt une pommette cassée, tantôt se brisa trois doigts en ripostant.
Après avoir perdu un enfant, subi un viol et des violences répétées pendant cinq années, la famille Boyle cherche aujourd'hui à obtenir justice pour les crimes commis.