France

Sous Macron, une politique toujours plus répressive vis-à-vis des migrants

Invisibiliser les campements, trier les réfugiés, expulser les migrants économiques et bloquer les départs depuis l’Afrique sont les priorités du gouvernement.

Des migrants font le tri dans des affaires chaudes que certains ont laissé par terre après avoir passé la nuit sous un pont entre Paris et Saint Ouen, à proximité du centre humanitaire d'accueil pour les migrants géré par Emmaus Solidarité, Porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris | Simon Lambert pour Slate
Des migrants font le tri dans des affaires chaudes que certains ont laissé par terre après avoir passé la nuit sous un pont entre Paris et Saint Ouen, à proximité du centre humanitaire d'accueil pour les migrants géré par Emmaus Solidarité, Porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris | Simon Lambert pour Slate

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En ce matin d’octobre, un froid humide et un brouillard épais habillent la porte de la Chapelle. Devant le centre humanitaire Paris-Nord, une vingtaine de migrants patientent derrière les grilles, gardées par un vigile inamovible. Ils ignorent que la plupart des entrées se font désormais via des maraudes, afin de prévenir les tensions qui surgissaient dans la file d’attente, lorsque des centaines de personnes patientaient pour une cinquantaine de places disponibles. Le premier contact avec les migrants n’est guère évident, en raison de la barrière de la langue.                                      

«Bonjour, vous parlez français?
- No.
- English?
- No.
- Arabiya?
- Naam. [Oui]
- Kaïfa al hal ? [Ça va?]
- Hamdoulillah. [Grâce à Dieu].
»

Impossible de poursuivre avec ma très sommaire maîtrise de l’arabe. Notre salut vient d'abord de deux Yéménites, qui parlent un petit peu anglais. Khalid, 27 ans, arbore une barbe de trois jours et un large sourire. Abdulrahman, 35 ans, lunettes et fine moustache, est plus fatigué. Arrivés un jour plus tôt à Paris, ils souhaitent rester en France. Mais c’est un jeune Afghan, Jalal, qui va nous guider.

Des migrants «éparpillés» par la force

 

Le centre humanitaire Paris-Nord, géré par Emmaüs Solidarité, a ouvert en novembre 2016 à la demande de la mairie de Paris. Il vise à mettre provisoirement à l’abri les «primo-arrivants» –les migrants qui viennent de poser pied en France– avant de les rediriger vers d’autres structures d’hébergement. Selon Jalal, certains d’entre eux avaient pris l’habitude de dormir à proximité du centre au nord du XVIIIe arrondissement, sous le tunnel qui relie le boulevard des Maréchaux au boulevard Ney.

Vue générale du centre humanitaire d'accueil pour les migrants géré par Emmaus Solidarité, Porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris | Simon Lambert pour Slate

À présent, la police les en empêche. Il nous emmène jusqu’à un petit campement, situé sous le périphérique, à la limite de Saint-Ouen, au pied d’une résidence étudiante. Les résidents sont principalement afghans et soudanais. «Ici, la police nous laisse tranquilles», expliquent Isman et Mohammad, emmitouflés dans leurs sacs de couchage. Probablement parce qu’ici, ils sont moins visibles. Avant de partir, ils dissimulent leurs affaires derrière des barrières de chantier.

Tous les migrants que nous rencontrons rapportent des scènes similaires. «Vers quatre ou cinq heures du matin, la police nous réveille et nous demande de partir.» Certains rapportent des violences policières: «Ils nous donnent des coups de pied, ils nous gazent.» Le niveau de brutalité semble toutefois moins élevé qu’à Calais. Redoutant un «appel d’air» qui conduirait les migrants à «s’enkyster» (sic) et la réapparition d’une «jungle», Gérard Collomb s’oppose à l’ouverture de toute structure d’accueil dans le Calaisis et invite les associations qui portent assistance aux exilés à «déployer leur savoir-faire» ailleurs.

«C’est la même politique qu’à Calais»

Autour de Calais, les forces de l’ordre ont empêché des distributions d’eau et de nourriture. Il a fallu une décision du tribunal administratif de Lille, puis du Conseil d’État, pour contraindre la ville de Calais à installer des points d’eau et des sanitaires (elle s’est contentée du strict minimum). Human Rights Watch a rapporté que les forces de l’ordre utilisaient systématiquement du gaz sur les migrants, y compris sur leurs sacs de couchage, leur nourriture et leur eau, rendant celles-ci inutilisables. Traqués par la police, qui les réveille pour les déplacer et confisque souvent leurs affaires, la majorité des migrants de Calais affirmait au mois d’août dormir moins de quatre heures par nuit. Le Défenseur des droits a quant à lui dénoncé des atteintes aux droits «d’une exceptionnelle et inédite gravité».

Dans un article paru en septembre, Maryline Baumard, du Monde, rapportait déjà que les migrants, à Paris et à Calais, étaient en train de devenir «invisibles». La journaliste confirme que les CRS empêchent toute «sédentarisation», obligeant les migrants à se cacher et à se déplacer. En conséquence, ces derniers sont éparpillés dans une quarantaine d’endroits différents à Paris. Un point de vue corroboré par Yann Manzi, fondateur de l’association Utopia 56.

«C’est la même politique qu’à Calais. La police était relativement tranquille au moment de l’ouverture du centre. Depuis cet été, la police prend place, empêche les gens d’approcher, de se fixer. Apporter de l’aide est devenu plus difficile. Des mineurs que l’on amène au commissariat pour qu’ils soient mis à l’abri sont remis à la rue», déplore-t-il.

«L’État a cassé les dispositifs de solidarité»

C’est bien un changement de politique qui se traduit sur le terrain. Depuis le mois de juin, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a affirmé à plusieurs reprises son refus de voir se créer des «points de fixation». Les forces de l’ordre ont pour consigne d’empêcher par la force toute création de campements d’ampleur, à Calais comme à Paris. Cette politique complique  le travail des associations (et de certaines collectivités locales comme la mairie du XVIIIe arrondissement) qui souhaitent venir en aide aux migrants.

Un migrant fait le tri dans des affaires chaudes et des matelas que certains ont laissé par terre après avoir passé la nuit sous un pont entre Paris et Saint Ouen, à proximité du centre humanitaire d'accueil | Simon Lambert pour Slate

Malgré ses conditions de vie extrêmement précaires, un campement est aussi un endroit où l’on peut organiser des distributions et proposer de l’aide. Avec des migrants «éparpillés», il est plus difficile d’intervenir. Par ailleurs, les dernières grandes évacuations de campements parisiens s’étaient accompagnées de «mises à l’abri» pour les migrants (dans des conditions qu’ils dénoncent parfois), ce qui n’est pas le cas ici: ceux que la police déloge à l’aube restent à la rue.

«L’État a cassé les dispositifs de solidarité que nous avions mis en place. À présent, on a une quinzaine de campements rien que dans le XVIIIe arrondissement. Cette politique n’aide ni les migrants, ni les riverains. L’État a même empêché les distributions fixes, il rend plus difficile la solidarité. Au lieu de protéger, on déplace, on contraint. Le gouvernement pense régler le problème comme ça mais c’est de la mauvaise gestion. Plus les gens restent à la rue, plus il va être difficile de les intégrer», déplore Gérald Briant, adjoint PCF au maire du XVIIIe arrondissement.

Le centre Paris-Nord, un modèle à dupliquer?

 

En revenant du campement, voyant le photographe prendre des photos et moi des notes, un CRS nous interpelle, jovial: «Vous êtes de quel service?». «Euh... Slate.fr», bafouille-t-on. Nous a-t-il pris pour des fonctionnaires du renseignement territorial? À l’entrée du centre, trois jeunes Afghans s’affairent à faire rentrer un duvet dans un sac à dos manifestement trop petit. Un peu plus loin, une femme africaine redonne le sourire à des migrants guinéens. «On va vous apporter à manger!»

Des migrants marchent dans le centre humanitaire d'accueil pour les migrants géré par Emmaus Solidarité, Porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris | Simon Lambert pour Slate

Les graviers crissent sous le pas lorsque que l’on pénètre dans l’ancienne friche de la SNCF qui abrite le centre. C’est dans la «bulle» que les migrants passent leur première journée. Ce dôme à l’allure de vaisseau spatial, qui sert d’accueil de jour, est divisé en deux parties. À gauche les hommes, à droite les femmes et les enfants. Dans ce dernier espace ressemblant à un préau, quelques enfants taquinent le ballon sur un petit terrain de foot. D’autres préfèrent les crayons de couleur ou se reposent dans les bras de leur mère. Un centre de santé est installé dans une deuxième unité. Les publics vulnérables, notamment des familles, sont hébergés dans un autre centre, à Ivry.

Étagère d'habits propre dans le «magazin» du centre humanitaire d'accueil pour les migrants géré par Emmaus Solidarité, Porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris. A leur arrivée, les migrants ont droit a des vetements propres et ont aussi accès a un service de nettoyage de leurs vetements sales | Simon Lambert pour Slate

Dans le troisième bâtiment, le plus imposant, c’est un véritable village de 400 habitants qui est installé sur deux étages. Des chambres de quatre personnes, des sanitaires, des lieux de vie, des prises et du wifi partout. En revanche, des affiches rappellent chacun à ses obligations.

«- Les rendez-vous Préfectures sont nécessaires pour obtenir un hébergement en France.
- Ce rendez-vous est obligatoire pour tous, quelle que soit la situation.
- Les hébergements proposés sont obligatoires.
- Toutes les personnes qui ne sont pas présentes aux rendez-vous Préfectures ou Départ vers un hébergement ne pourront plus rester au centre.»

Nouvelles créations en vue

 

Après son ouverture, le centre d’accueil a rapidement été saturé. Les places sont-elles insuffisantes? Pour Bruno Morel, directeur d’Emmaüs Solidarité, qui gère le centre, le problème est principalement lié au manque de place dans les autres hébergements pour migrants. Le centre humanitaire est conçu comme un «pôle» où les migrants doivent rester idéalement quelques jours, avant d’être redirigés partout en France, vers des structures où ils peuvent être accueillis plus longtemps. Il s’agit par exemple des Centres d’hébergement d’urgence pour migrants (CHUM), des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) et des centres d’accueils pour demandeurs d’asile (Cada). Néanmoins, les centres de «premier accueil» de la porte de la Chapelle et d’Ivry auraient permis de sortir de la rue près de 20.000 personnes.

Le gouvernement a promis la création de 12.500 places d’hébergement supplémentaires en deux ans. 5.351 seront en PRAHDA, un nouveau dispositif à moindre coût. L’ouverture d’autres centres de «premier accueil» en Île-de-France a été annoncée par le gouvernement, mais Bruno Morel dit rester vigilant sur la qualité de la prise en charge qui y sera proposée. En revanche, comme la mairie de Paris, le directeur d’Emmaüs Solidarité réclame la création d’autres centres de premier accueil en région.

«Paris ne peut pas être le seul point d’ancrage. Tous les jours, nous avons 100 arrivées à Paris. On sait à présent que l’ouverture de centres d’accueil ne crée pas d’appel d’air. Ce qui fonctionne à Paris, pourquoi ne pas le décliner ailleurs? Il faut des centres en région. L’idéal, ce serait d’avoir 400 sorties par semaine», analyse-t-il.

«Nous aurions par exemple besoin d’un centre similaire dans les Alpes-Maritimes, pour les migrants qui arrivent par la vallée de la Roya», confirme Gérald Briant, adjoint PCF au maire du XVIIIe arrondissement.

Les demandeurs d’asile «dublinés» dans le collimateur

En vertu du règlement européen dit «Dublin-III», si un demandeur d’asile a été contrôlé dans un autre pays avant d’arriver en France, il doit déposer sa demande dans ce premier pays, qu’il s’agisse de la Belgique, de l’Italie, de la Grèce ou de la Hongrie. Ce dispositif est critiqué par les associations qui viennent en aide aux migrants, qui relèvent notamment que le nombre de transferts vers la France et au départ de notre pays sont presque équivalents.

Des gendarmes mobiles patrouillent devant un graffitti «No Dublin» en reference au reglement Dublin III à proximité du centre humanitaire d'accueil pour les migrants géré par Emmaus Solidarité | Simon Lambert pour Slate

En 2016, lorsque la mairie de Paris décide la création du centre humanitaire Paris-Nord pour accueillir les primo-arrivants, l’État impose la création du Centre d’examen de situation administrative (CESA) à l’extérieur du camp. Tous les migrants accueillis dans le centre humanitaire de Paris-Nord doivent y décliner leur identité et donner leurs empreintes digitales, qui sont vérifiées dans le fichier Eurodac. S’ils sont «dublinés», ils risquent l’expulsion.

«Au début, le CESA n’était pas un gros problème car les accords de Dublin s’appliquaient peu. En 2016, environ 10% des “dublinés” ont effectivement été transférés. Mais beaucoup de migrants qui croyaient déposer une demande d’asile en déclinant leur identité, se sont ensuite retrouvés dans une procédure d’expulsion. Et à présent, les transferts de dublinés explosent», explique Yann Manzi, de l’association Utopia 56.

C'est notamment en raison des annonces du gouvernement que l’ONG, qui intervenait au centre Paris-Nord, a décidé de le quitter au mois d'octobre.

Un durcissement global de la politique migratoire

 

Il est logique que l’État cherche à connaître l’identité des migrants qu’il accueille. Ce qui a changé, c’est que le gouvernement actuel affiche sa volonté d’appliquer systématiquement les expulsions des «dublinés». Selon le ministre de l’Intérieur, elles étaient en hausse de 124% au mois de septembre. Malgré une décision de la Cour de cassation jugeant leur privation de liberté illégale,  les «dublinés» risquent toujours d’être placés en rétention en vue de leur expulsion

Des migrants se reposent sous des couvertures après avoir passé la nuit dans un campement de fortune sous un pont à proximité du centre humanitaire d'accueil pour les migrants | Simon Lambert pour Slate

C’est un choix politique et pas une obligation, puisqu’en mars 2017, après l’évacuation de la «jungle», le gouvernement avait autorisé les migrants de Calais concernés par le règlement Dublin-III à demander l’asile en France. Selon Maryline Baumard, certains migrants préfèrent rester dans la clandestinité plutôt que de passer par le CESA et risquer l’expulsion.

L’autre volet de cette politique, c’est l’accélération du «tri» des migrants. Emmanuel Macron croit possible d’enrayer les flux migratoires et refuse toute régularisation massive, comme il l'a encore rappelé cette semaine à la sortie d'une visite des Restos du cœur.

Pour Édouard Philippe, les «vrais» réfugiés doivent être accueillis (sauf les «dublinés»), mais les migrants économiques et ceux dont la demande d’asile a été refusée doivent être expulsés. «Nous reconduisons beaucoup trop peu», affirme Emmanuel Macron. Selon Gérard Collomb, en septembre 2017, les expulsions étaient déjà en hausse de 6,5% .

Par ailleurs, le projet de loi sur l’immigration porté par le gouvernement prévoit plusieurs mesures qui durcissent les conditions d’accueil, notamment l’allongement de la durée de rétention des étrangers en attente d’expulsion, qui passerait de 45 à 90 jours, voire à 135 jours en cas «d’obstruction». Il permettrait également de réexpédier un demandeur d’asile vers un «pays tiers sûr» qu’il aurait traversé avant de venir, y compris hors de l’UE.

«Avec cette approche, il deviendra possible demain qu’un ressortissant du Darfour qui arrive à Paris soit réexpédié vers la Tunisie qu’il reconnaît avoir traversée», analyse Maryline Baumard du Monde.

Enfin, France Culture et le Temps ont révélé la semaine dernière que, dans le Briançonnais, des mineurs étrangers en provenance d'Italie tout juste arrivés en France sont régulièrement reconduits à la frontière par la gendarmerie. Au mépris du droit, ils sont abandonnés de nuit et en pleine montagne, ce qui met leur vie en danger. 

Une route pavée d'embûches

 

Le gouvernement promet également d’accélérer les procédures de demande d’asile avec la création de 15 postes à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), de 35 postes à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) et de 51 postes à la Cour nationale du droit d'asile (CNDA). 12.500 places d’hébergement supplémentaires seront créées en 2018-2019. Enfin, le budget de la mission Immigration, asile et intégration devrait augmenter de 25% en 2018.

Afin d'éviter que des migrants dorment sou un pont de chemin de fer, la Mairie de Paris a fait installer des gros blocs de pierre. Des associations les ont sculté pour faire apparaitre des messages. Au fond, on distingue le camion de la mission médicale de MSF. à proximité du centre humanitaire d'accueil pour les migrants | Simon Lambert pour Slate

 

Emmanuel Macron a aussi proposé la création de «hotspots» au Tchad et au Niger (mais finalement pas en Libye, pour des raisons de sécurité), c’est-à-dire des centres qui examineraient la situation des demandeurs d’asile avant qu'ils n'arrivent en France. «L’idée est de créer en Libye des hotspots afin d’éviter aux gens de prendre des risques fous, alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile. Les gens, on va aller les chercher», a affirmé le président à l'AFP. Ces centres seront-ils aussi chargés de bloquer les déboutés du droit d'asile sur place en attendant leur expulsion, comme c'est le cas dans les hotspots établis en Grèce en 2015? Cela n'a pas été précisé.

Ces propositions surviennent dans un contexte de durcissement global des politiques migratoires en Europe. Ainsi, l’Italie est soupçonnée de payer des milices libyennes – dont certaines étaient auparavant impliquées dans le «trafic» de migrants– pour empêcher les exilés de partir. Or, les conditions de vie des migrants bloqués sont catastrophiques: aux mains des milices, hommes et femmes sont victimes de tortures, d’abus sexuels, d’extorsion et d’esclavage. C'est dans ce contexte que les images d'un «marché aux esclaves» filmées par CNN à Tripoli la semaine dernière ont provoqué une vague d'indignation mondiale. Depuis, la France a annoncé qu'elle accueillerait d'ici janvier 25 personnes évacuées de Libye par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Si ces abus ne datent pas d'hier, la politique migratoire européenne aggrave le problème en bloquant davantage de migrants sur place. Selon le Guardian, l’application de cette stratégie par l’Union européenne est en train de provoquer la formation d’un «goulet d’étranglement cauchemardesque» en Afrique. Pour Médecins Sans Frontières, dans sa tentative de maintenir les migrants hors d’Europe, l’UE «alimente un système criminel».

Nous quittons le centre Paris-Nord dans la lumière déclinante du soir. Les échanges avec les migrants sont de nouveau limités par ma connaissance de la langue («Arabiya? Naam. Kaïfa al hal? Hamdoulillah»), mais sur leurs visages se lit le soulagement d’être provisoirement mis à l’abri, à l’inverse des centaines d’exilés qui dormiront cette nuit dans les rues de Paris. Ce n’est que plusieurs heures plus tard que trois mots d’arabe, oubliés depuis le matin, me reviendront. Ahlan wa sahlan. Bienvenue.

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