Culture

Les meilleures années de ma vie dans des villes de province

J'ai vécu à Clermont, Le Havre, Metz ou Rouen. Vous pensez que c'était ennuyeux à mourir? Ce furent mes plus belles années. Récits.

Metz - Centre Pompidou -https://en.wikipedia.org/wiki/File:Metz_(F)_-_Centre_Pompidou_-_Au%C3%9Fenansicht.jpg
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Temps de lecture: 4 minutes

«En province, la pluie devient une distraction.» La sentence vient des frères Goncourt il y a plus de cent ans. On ne peut s'empêcher de constater qu'elle n'a pas pris une ride. Tentez le coup et dites à vos amis que vous partez pour Alençon. S'il n'y a pas au moins trois personnes sur cinq qui commencent à crier et à vous demander pourquoi vous vous infligez un tel sacrifice, je suis prêt à m'y exiler pour un an.

Dans les esprits (et surtout ceux des Parisiens), la province est synonyme d'enfermement. On n'y trouve pas la vie culturelle des grandes villes, c'est une galère pour se déplacer en transport et tout est loin. En plus, les centres-villes des grandes communes seraient progressivement abandonnés comme l'a montré un reportage du New York Times sur Albi.

Si je vous dis Le Havre, Rouen, Metz ou Clermont-Ferrand, à quoi pensez-vous, sinon à … rien? Et pourtant, certains y ont passé les meilleures années de leur vie. Et d’autres sont prêts à raconter leur vie dans ces villes et à les représenter dans le jeu-concours Novotel.

Le Havre ou Manhattan-sur-Mer

Comme Titouan, 34 ans, salarié dans le privé, qui vit depuis six ans au Havre:

 «Je suis absolument émerveillé par cette ville. Elle a énormément changé et la vie y est très agréable, bien plus qu'à Paris, explique-t-il. Il faut dire qu'elle a tout: une plage de quatre kilomètres superbement aménagée à côté du centre-ville, ce qui en France est très rare! Il n'y a que Nice, Marseille ou Ajaccio qui ont la même chose, à mon avis.»

Titouan a quitté Marseille, où il a grandi, pour la ville normande par obligation professionnelle. Il n'a jamais regretté cette mutation. Admiratif, il cite les «larges avenues à l'américaine » du Havre qui lui valent le surnom de «Manhattan-sur-Mer.» Et l'environnement culturel «en plein boom»: le musée d'art moderne comme le MuMa ou la salle de concert du Tetris. C'est dans cette dernière qu'il a découvert de nombreux groupes, via le festival We love Le Havre. «À Marseille, je ne m'intéressais qu'aux grandes affiches, se souvient Titouan. Ici, je me suis obligé à sortir et j'ai vraiment fait de grosses découvertes. En plus, le festival est gratuit, ce qui change beaucoup!»

Pour l’auteure du blog Natachouette and co, les jardins suspendus valent le détour : ce lieu «extraordinaire, qui ne cesse de nous surprendre à chaque nouvelle visite.» Tout comme le square Saint-Roch, «l'endroit parfait pour flâner tout en offrant un superbe terrain de jeu aux enfants!». C'est «l'un des endroits favoris des Havrais», affirme-t-elle.

Géraldine ne vit au Havre que depuis trois ans. Mais elle est tout autant conquise. Cette ancienne résidente de la banlieue parisienne y a découvert un élément primordial à son bonheur: la mer. «C'est l'idéal pour les amoureux des sports nautiques : le kitesurf, la voile, le canoë, énumère cette infirmière de 29 ans, qui confie que ces activités lui permettent de souffler entre ses services. J'ai vraiment été agréablement surprise!»

Metz, son Centre Pompidou et son marché de Noël

Environ 200.000 Franciliens quittent leur région chaque année pour la "province".  Thomas et Camille ont habité quatre ans à Metz, entre 2010 et 2014. Ils avaient quitté   l'Île-de-France en raison du «temps dans les transports et de l'appartement trop petit»:

«Ce qui était vraiment génial, c'était l'impression de tout avoir à moins de dix minutes. Alors qu'à Paris, on avait parfois beaucoup de trajets pour aller faire quelques courses. Ça a l'air d'être un détail comme ça, mais ça te sauve parfois jusqu'à deux heures dans la journée. Autant de temps supplémentaire pour faire du sport, se balader ou visiter.»

Et pour la dernière activité, il y a de quoi faire: le jardin botanique et le Centre Pompidou local («Il y a toujours des expos supers!»). Deux lieux essentiels pour la blogueuse  Wonder Mum en a ras la cape. Le premier est un «vrai havre de paix» et le second est parfait en famille pour «un dimanche pluvieux, une belle façon d'initier les enfants à l'art.»

Ajoutez à cela la cathédrale Saint-Étienne: «Avec le marché de Noël, on peut profiter des commerces et de la patinoire sans déborder de monde!»

Clermont-Ferrand, la perle auvergnate

En début d'année, Clermont-Ferrand a créé la surprise en se hissant à la première position d'un classement de vie dans le Sud-Est.

Elle a aussi créé la surprise dans l'esprit de Chloé, qui y a vécu une première fois entre 2005 et 2007 pour les études, puis y est revenue depuis 2014. «Franchement, ça reste la ville où je me sens le mieux, s'enthousiasme cette assistante dentaire de 36 ans. Ce n'est pas trop grand et en même temps les possibilités de se vider l'esprit sont très nombreuses!»

Un constat partagé par Oralie, maman de 28 ans qui tient le blog Maman Floutch: «Il y a plusieurs endroits pour faire de l'accrobranche. Nous sommes dans une région très verte et du coup les activités en extérieur, c'est le top!»

Pêle-mêle, Chloé évoque, elle, les randonnées dans le Puy-de-Dôme, les visites annuelles au parc de Vulcania, les parties de pêche près des lacs. Des plaisirs qu'elle trouvait dans d'autres villes, mais un petit plus a joué... «C'est le rugby! Je suis une grande fan et le fait qu'ils aient une bonne équipe et un bon public, ça a joué dans mon bonheur», avoue cette supportrice inconditionnelle qui se rend à chaque match à domicile de l'ASM.

Rouen, culturelle et diverse

Le sport, Sandrine et Marc ne l'ont pas cherché à Rouen. La ville aux cent clochers a accueilli le couple durant leurs études d'architecture. Mais ça ne les a pas empêchés de profiter au maximum du potentiel de la cité normande. «Il y a énormément d'étudiants, indique Marc  - il y en a en effet plus de 40.000. Et pas mal de bars et de boîtes de nuit.   J'y ai fait la fête comme jamais.»

Sa compagne est moins portée sur l'activité nocturne, mais elle a également apprécié les quartiers animés:«On était rive gauche, qui avait la réputation d'être une banlieue  ouvrière. Mais j'ai trouvé que certains endroits bougeaient vraiment, comme la rue commerçante de St Sever. Et il était facile de s'intégrer dans une population très diverse. Il y avait des étudiants, des personnes âgées, des quarantenaires et tous cohabitaient.»

Elle se souvient de sa surprise quand elle a découvert que Rouen avait un patrimoine culturel important. «Le musée des Beaux-Arts, par exemple, a de nombreuses peintures impressionnistes de grands artistes! Et le Muséum d'histoire naturelle vaut le détour aussi!», se rappelle-t-elle.

Doriane, la maman auteure du blog Le pays des merveilles, cite, elle les alentours de la ville normande. Comme le parc animalier de la forêt de Roumare, qui se prête à «une belle balade familiale à la rencontre des animaux dans leur milieu naturel», ou le parc de loisirs du Bocasse, qui offre plus de quarante attractions!

Comme quoi, on peut être les Frères Goncourt et avoir tort sur quelques petites choses...

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