Monde

Les appels à dénonciation de Larry Flynt contre des millions de dollars sont-ils efficaces?

Le producteur de films pornos a passé une petite annonce dans le Washington Post promettant une récompense à quiconque l'aiderait à faire destituer Donald Trump. Une manœuvre dont il est coutumier.

Larry Flynt, le 26 mai 2014. MARK RALSTON / AFP
Larry Flynt, le 26 mai 2014. MARK RALSTON / AFP

Temps de lecture: 2 minutes

Larry Flynt a ressorti sa spéciale. Le fondateur du magazine Hustler s'est offert une page de publicité dans le Washington Post. Le producteur américain de films pornographiques a annoncé qu'il était prêt à offrir dix millions de dollars à toute personne possédant des informations compromettantes pouvant mener à la destitution de Donald Trump, le président américain.

Ce n'est pas la première fois que Flynt s'attaque à Donald Trump et essaie d'obtenir des informations compromettantes en payant de fortes sommes d'argent. En octobre dernier, à quelques semaines de l'élection, et quelques jours après les révélations du New York Times sur les extraits d'«Access Hollywood» dans lesquels on pouvait notamment entendre le candidat se vanter d'attraper les femmes «par la chatte», Flynt avait déjà offert un million de dollars pour tout document audio ou vidéo scandaleux.

«Larry Flynt a annoncé aujourd'hui que son entreprise Hustler offrait jusqu'à un million de dollars pour tout enregistrement audio ou audio vérifiable et qui pourrait être utilisé avant l'élection du 8 novembre, si Hustler décide de publier ou d'utiliser. Ils doivent montrer Donald Trump faisant quelque chose d'illégal ou agissant d'une façon dégradante sexuellement, ou de façon peu flatteuse.»

Flynt et son entreprise n'étant pas revenu à la charge, on peut légitimement penser que personne ne lui avait alors fourni ce qu'il cherchait. Il faut dire que Larry Flynt n'a pas souvent été chanceux avec de telles offres. En 2012, il s'était déjà offert une page de pub dans le Washington Post pour quiconque lui enverrait les informations fiscales, ou de comptes cachés à l'étranger de Mitt Romney, alors candidat républicain à la présidentielle, et qui menaçait son business. Quelques mois plus tôt, il s'en était pris au gouverneur texan Rick Perry, alors en course pour l'investiture républicaine (que Romney avait finalement remporté). Il cherchait alors des preuves de relation extra-conjugales du candidat républicain.

En 2007, il s'en était pris plus généralement aux membres du Congrès et du gouvernement américain. Larry Flynt était alors à la recherche de personnes ayant eu des relations sexuelles avec l'un d'entre eux, et prêtes à lui fournir des preuves. L'annonce avait alors été publiée dans le Washington Post. Comme il l'expliquait alors au Monde, il cherchait alors principalement à démasquer les hypocrites.

«Je vise les républicains, mais, en matière de sexe, il y a aussi des hypocrites chez les démocrates, et je n'hésiterai pas à les démasquer. Je cible aussi les gens du clergé, de toutes religions. Ceux-là, je ne rate jamais une occasion de les combattre.»

C'est quelques années plus tôt que Flynt avait réalisé son plus gros coup. En octobre 1998, alors que les menaces de destitution planent au-dessus de Bill Clinton, pour s'être parjuré et avoir fait obstruction à la justice dans le Monicagate, Larry Flynt décide de s'en prendre aux membres du Congrès qui enquêtaient sur le président américain. Il publie une nouvelle annonce dans le Washington Post dans laquelle il promet un million de dollars, pour toute personne qui parviendrait à lui amener les preuves d'une liaison adultère d'un élu. Libération s'était alors intéressé au producteur de films pornographiques.

«“Tout ce que je veux, c'est démasquer les hypocrites”, expliquait déjà Flynt, qui  promettait de “faire exploser le Parti républicain” en faisant prochainement d'autres révélations sur les turpitudes sexuelles et morales de plusieurs personnalités du parti, dont l'un de ses hauts responsables.»

Flynt aura finalement la peau de Bob Livingtston, élu républicain de Louisiane, alors pressenti pour prendre le poste de speaker de la Chambre des représentants, qui doit démissionner après les révélations du magazine Hustler à propos de ses relations extra-conjugales. Huit ans après ce coup, Larry Flynt expliquait le plus sérieusement du monde:

«C'est un peu grâce à moi que Clinton a pu rester à la Maison-Blanche. En dévoilant la vie cachée de ses accusateurs, j'ai détourné l'attention du public, ça a relativisé toute l'affaire.»

Selon Vanity Fair, qui lui avait consacré un portrait en 2007, Flynt a commencé à lancer ce genre d'annonces dans la presse en 1976. À l'époque, rien n'en était sorti, mais le producteur semble avoir pris goût à ces tentatives. Face à un Donald Trump que rien ne semble avoir coulé pendant la campagne présidentielle, il lui faudra des preuves en béton armé pour arriver, cette fois-ci, à ses fins.

En savoir plus
cover
-
/
cover

Liste de lecture