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Pourquoi une fac de Floride va payer 500.000 dollars pour le discours d'un néo-nazi

Le droit à la liberté d'expression autorise les suprémacistes blancs à faire des discours dans des universités publiques, et les établissements se retrouvent à payer les frais de sécurité.

Le nationaliste blanc Richard Spencer lors des manifestations de Charlottesville le 12 août 2017. CHIP SOMODEVILLA/AFP
Le nationaliste blanc Richard Spencer lors des manifestations de Charlottesville le 12 août 2017. CHIP SOMODEVILLA/AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Washington Post

Pour la première fois depuis les manifestations violentes de suprémacistes blancs à Charlottesville, le néo-nazi Richard Spencer va faire un discours dans une université. La direction de l'University of Florida à Gainesville ne voulait pas que Spencer - qui pense que les noirs sont génétiquement inférieurs aux blancs - s'exprime sur le campus le 19 octobre, mais afin d'éviter des poursuites judiciaires, ils se retrouvent obligés de le faire.

En effet, des suprémacistes blancs ont déjà fait plusieurs procès à des universités qui interdisent leurs discours sur les campus. Depuis quelques mois, ils essayent d'être particulièrement présents dans les facs afin de recruter de nouveaux membres. En septembre, ils ont fait un procès à la Michigan State University, qui avait refusé de louer une salle à Spencer, et en avril, un juge a déclaré que l'université d'Auburn en Alabama n'avait pas le droit d'interdire un discours de Spencer à partir du moment où celui-ci n'appelait pas directement à la violence. 

«La direction de l'University of Florida a dénoncé la rhétorique suprémaciste blanche de Spencer, mais en tant qu'entité publique, l'université est obligée d'autoriser l'expression libre de tous les points de vue», a déclaré Janine Sikes, la porte-parole de l'établissement.

Le premier amendement de la Constitution américaine protège en effet ce genre de discours raciste. L'association de Spencer payera pour la location de la salle, mais la grande majorité des frais sera prise en charge par l'université, qui estime que 500.000 dollars seront dépensés pour assurer la sécurité de tous. L'établissement va recruter des policiers supplémentaires, ainsi que du personnel médical. Il pourrait en effet y avoir des violences entre militants suprémacistes et antiracistes qui se mobilisent déjà sur les réseaux sociaux. 

En août, les manifestations de Charlottesville, auxquelles avait participé Spencer, étaient devenues violentes:  une jeune femme avait été tuée et une douzaine de personnes blessées.

Dans ce contexte, les établissements tentent de faire le maxium pour assurer la sécurité. En septembre, le provocateur de l'alt-right Milo Yiannopoulos avait organisé une «semaine de la liberté d'expression» à l'université de Berkeley en Californie. L'établissement avait dépensé 800.000 dollars pour tenter de prévenir des incidents, alors qu'au final, Yiannopoulos n'avait parlé que 20 minutes.

 

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