Sciences / Santé

Le Nobel 2017 de médecine attribué à trois horlogers-généticiens

Les chercheurs américains Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young ont décrypté les rouages moléculaire des rythmes circadiens de l’ensemble des organismes vivants.

Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young I Jonathan NACKSTRAND / AFP
Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young I Jonathan NACKSTRAND / AFP

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Que serait la vie sur la Terre si notre planète ne tournait ni sur elle-même ni autour du soleil? Comment la vie s’est-elle structurée à partir des mouvements et des dynamiques célestes? En attribuant son prix 2017 de médecine et de physiologie à  Jeffrey C. Hall, 72 ans, Michael Rosbash, 73 ans et Michael W. Young, 68 ans, le jury du Nobel a rappelé que la biologie n’est, tout bien pesé, jamais très loin de la philosophie dans son articulation avec la compréhension de nos infinis.

«Nous savons depuis des années que tous les organismes vivants, y compris les humains, ont une horloge biologique interne qui les aide à anticiper et à s'adapter au rythme régulier de la journée, a pris soin de rappeler le jury du Nobel. Mais comment fonctionne vraiment cette horloge?»

Ou plus précisément en quoi la génétique, discipline triomphante depuis un demi-siècle, a-t-elle pu éclairer de ses puissantes lumières les rouages de cette horlogerie intime? C’est ici qu’il faut remercier les trois chercheurs américains lauréats: Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young.

«Leurs découvertes expliquent comment les plantes, les animaux et les humains adaptent leur rythme biologique de manière à ce qu'il soit synchronisé avec les révolutions de la Terre», résume-t-on à Stockholm.  

À la suite d'un génie français

 

Une vieille histoire, déjà, que celle de la découverte et de la compréhension des rythmes circadiens. Le jury Nobel a ainsi l’élégance de citer les travaux éclairants, sur les mouvements des végétaux, d’un génie Français aujourd’hui ignoré dans son pays: le foisonnant Jean-Jacques d'Ortous de Mairan (1678-1771). D’autres suivirent qui firent le lien entre les horloges internes végétales et animales, espèce humaine comprise.

Puis la science avança à grand pas élargissant le propos aux micro-organismes et aux mouvements des orbes dans les cieux. Restait à savoir comment l’exploration génétique, le décryptage des gènes et du Livre de la vie complèteraient cette grille de lecture du vivant rattaché aux marées cosmiques.

C’est cette nouvelle dimension dans la compréhension qui est aujourd’hui récompensée par l’attribution du Prix Nobel à Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young. Tous trois ont contribué chacun à leur manière –et, in fine, de manière complémentaire– au décryptage initié il y a trois siècles par Jean-Jacques d’Ortous de Mairan.

Des souffrances

 

Ils ont ainsi décortiqué depuis un quart de siècle, au départ sur un modèle animal, les pièces de la mécanique génomique qui régit les horloges internes de l’ensemble du vivant terrestre. Une mécanique reflétant à la perfection, dans son intimité moléculaire, les cycles veille-sommeil imposés par la rotation terrestre autour de son axe et du soleil.

Si elle aide puissamment à comprendre à l’échelon moléculaire, la science génétique est, ici plus qu’ailleurs, encore loin de tout expliquer à l’échelle des organismes. Ce qui explique les insuffisances de la médecine face aux dérèglements d’une mécanique qui, chez l’homme, génère de multiples symptômes  –du «jet lag» aux insomnies chroniques– sans oublier les sujets plus politiques que sont les souffrances des ouvriers en «travail posté» ou celles des enfants scolarisés à qui, en dépit des acquis de la science,  on continue d’imposer des horaires hebdomadaires ignorant et méprisant leurs horloges internes.

 

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