Culture

Festival du Film Américain de Deauville : Jour 6

Au programme: Antonio, de gros coups de vents, des meurtres en série, une veuve noire et un jeune acteur vraiment très cool

DR David Périneau
DR David Périneau

Temps de lecture: 3 minutes

Le vent s’est levé sur Deauville. Selon la météo, on a atteint des pointes à plus de 50km/h dans la nuit de mercredi à jeudi. Aujourd’hui encore, la houle était bien visible de la plage. Les mâts de drapeau américain ornant la côte étaient, eux, mis à rude épreuve. Un vent qui vient frapper le Festival comme pour lui mettre un gros coup de fouet salutaire, après s’être un peu endormi en début de semaine avec la fin d’un week-end agité par Laura Dern, Robert Pattinson et Jeff Goldblum.

Aujourd’hui a débarqué Antonia Banderas, presque vingt ans après sa première venue pour Le Masque de Zorro. Clairement, l’acteur espagnol, salué par un spectateur enthousiaste à son entrée dans l’auditorium d’un «Antonio» tout droit sorti d’une corrida, a suscité une vraie grande excitation populaire.

Mais le véritable coup de fouet est venu de la compétition. Dès onze heures du matin, le réalisateur Daryl Wein et son acteur et co-scénariste Jerod Haynes ont ainsi ouvert en grand les yeux un peu endormis des spectateurs avec leur film Blueprint, présenté à Deauville en avant-première mondiale, et un discours très engagé dont je m’étonne encore, compte tenu du très chaud contexte politique américain, qu’il n’ait pas été évoqué plus tôt par les différents metteurs en scène invités.

«En Amérique actuellement, nous sommes confrontés à une situation tragique autour du racisme, en particulier celui de la police. Nous avons vu tant d’hommes et de femmes innocents tués par la police. On les voit sur les réseaux sociaux. C’est une tragédie qui doit finir. L’été dernier, il y a eu une série de meurtres. On a beaucoup parlé de Philando Castile et Alton Sterling mais ils n’étaient pas seuls. On compte des centaines, voire des milliers de cas similaires. C’est à cette époque qu’on s’est dit qu’on devait faire quelque chose», disait Daryl Wein en introduction.

Expériences vécues

Mais si le jeune réalisateur, dont c’est le quatrième film, parle avec sa tête, Jerod Haynes, lui, parle avec son coeur, l’acteur étant originaire de ces quartiers de Chicago. Cette histoire d’un jeune homme confronté au deuil impossible de son meilleur ami, tué sans raison par la police, est née d’expériences bien réelles.

«Nous avons tourné ce film dans le South Side de Chicago qui fait aujourd’hui les gros titres à cause du nombre de meurtres. On compte aujourd’hui soixante meurtres par mois. Nous avons tourné dans le ventre de la bête. Et pour vous donner une idée de la situation tragique dans laquelle nous sommes actuellement, depuis que le film a été tourné, nous avons perdu un des acteurs du film .»

D’une nature très joviale, ouverte et avec un discours extrêmement bien articulé, il m’a d’ailleurs parlé dans le Taxi du Kiehl’s Club à quel point il était étrange pour lui, venant de ce genre de quartiers, d’être ici à Deauville pour présenter un film aussi proche de son coeur. Sinon, il a aussi parlé de Forrest Gump!

 

 

 

Mais ce n’est pas le seul discours hautement politique que les festivaliers ont entendu aujourd’hui. Le vent qui souffle en ce moment sur Deauville a clairement stimulé certains esprits venus sur la côte normande pour secouer les consciences. Celui de la romancière Claire Vaye Watkins, récompensée du prix littéraire Lucien-Barrière pour son premier roman, Les Sables de l’Amargosa, qualifié par le jury de lien entre Mad Max et La Route, était ainsi particulièrement évocateur.

«L’Amérique est une nation construite sur les ossements des colonisés et des esclaves. Les fantômes de l’histoire nous entourent aujourd’hui et beaucoup tentent, difficilement, de les ignorer. L’ouest américain, d’où je viens, est le sommet d’une destinée manifeste, un euphémisme pour ce qui fut une conquête sanglante, rien de plus qu’une image de propagande. Son paysage fut utilisé pour nourrir le mensonge d’une exception américaine. Peut-être est-ce pour cette raison que les Américains de l’ouest aiment prendre la route. Nous n’aimons pas regarder trop longtemps au même endroit ou trop loin en arrière, sinon nous risquerions d’y trouver de la honte.»

Reste que la politique n’est pas le seul coup de fouet reçu par le festival ce mercredi. Avec Sweet Virginia, la compétition a accueilli son premier film de genre. Excellent néo-noir porté par Christopher Abbot (vu dans la série Girls) et Jon Bernthal (de la série Walking Dead) en contre-emploi, le deuxième film de Jamie M. Dagg rappelle Sang pour Sang et Fargo des frères Coen, mais aussi les premiers films de John Dahl, Red Rock West et Kill Me Again, avec ses personnages de veuve noire, de tueur à gages, de solitaire au passé mystérieux et d’engrenages qui tournent très très mal dans une paisible bourgade de l’Amérique profonde.

Bref, rien de mieux qu’une bonne grosse bourrasque sur celluloïd qui vient vous frapper le visage pour vous sortir de votre torpeur. Demain j’enchaîne avec Une suite qui dérange: le temps de l’action, la suite du documentaire culte d’Al Gore qui avait réveillé le monde sur le problème du réchauffement climatique.

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