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La Pologne fait venir des gens de tout le pays pour applaudir le discours de Trump

Fier de la visite du président américain, le gouvernement polonais a organisé des voyages gratuits en bus. Une stratégie de mobilisation qui rappelle l'époque soviétique.

Le président polonais Andrzej Duda (à droite) a accueilli Donald Trump (à gauche) au Château royal de Varsovie, le 6 juillet 2017. SAUL LOEB / AFP
Le président polonais Andrzej Duda (à droite) a accueilli Donald Trump (à gauche) au Château royal de Varsovie, le 6 juillet 2017. SAUL LOEB / AFP

Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur Newsweek

Des bus affrétés pour venir acclamer Trump ce jeudi 6 juillet. Voilà un bon cirage de pompes en bonne et due forme organisé par le gouvernement polonais, explique Newsweek. Surtout que Donald Trump ne sera sûrement pas accueilli partout par une foule en délire. Sa dernière tournée en Europe, en mai dernier, reste certainement pour lui un très mauvais souvenir: son refus de s’engager sur l’article 5 de l’Otan et l’annonce de la sortie des États-Unis de l’accord de Paris ont transformé son séjour européen en catastrophe.

Le nombre de ses alliés s’amenuise et Donald Trump le sait. Alors qu’il doit s’envoler pour l’Allemagne et assister au sommet du G20 ce jeudi 6 juillet, le président américain voulait ouvrir sa seconde visite sur le Vieux Continent par un pays amical, histoire de redorer son blason. «Trouvez-moi un pays où je serai bien accueilli», aurait ordonné Trump à son équipe selon Le Monde, qui cite une source anonyme. Le choix s’est alors porté sur la Pologne, dont Donald Trump avait ignoré l’invitation depuis novembre 2016. Mais au regard de la situation, visiter ce pays d’Europe centrale ne semble plus aujourd’hui si inutile.

Une accueil en grandes pompes

 

Concernant la qualité de sa réception à Varsovie, Trump n’a pas eu de souci à se faire. Le gouvernement polonais, qui avait promis à la Maison-Blanche que le président américain serait accueilli de la meilleure des manières, n’a pas fait les choses à moitié. Le parti Droit et Justice au pouvoir, le PiS, a tout fait pour ramener le plus de monde possible pour sa venue. Et ainsi booster l'ego de cet honorable invité, comme le souligne le New York Magazine.

Newsweek rapporte qu’il a été dit à tous les membres du PiS de ramener 50 personnes pour l’événement. Le but: s’assurer que le président américain reçoive un accueil enthousiaste et plein de ferveur durant le discours qu’il prononcera Place Krasinski, théâtre de la révolte polonaise contre les forces de l’Allemagne nazie en 1944. «Il est important que le président Trump se sente bien lors de sa visite en Pologne», a déclaré à l’AFP le député PiS Stanislaw Pieta.

D’après Libération:

«Ils diront merci à Trump pour sa politique dure face au terrorisme russe, face au terrorisme islamiste. Merci pour son opposition à la politique de démoralisation et de déchristianisation prônée par l’Europe occidentale.»

Une méthode d’ameutement des foules qui rappelle étrangement celle pratiquée par le gouvernement communiste polonais du temps de la Guerre froide. Lorsque la Pologne faisait partie du bloc soviétique, le Parti communiste organisait des voyages en bus depuis la campagne jusqu’à Varsovie, de manière à ce que les habitants des quatre coins du pays puissent venir acclamer les dignitaires communistes en visite depuis Moscou.

Donald Trump et son épouse Mélania Trump à leur arrivée à l'aéroport Chopin, à varsovie, le R juillet 2017. WOJTEK RADWANSKI / AFP

Un rare allié européen

 

Donald Trump risque de se sentir comme chez lui en Pologne, où le gouvernement nationaliste et eurosceptique partage ses idées sur l’immigration et l’Union européenne. Le parti PiS au pouvoir et son leader Jaroslaw Kaczynski sont fermement opposés à l’arrivée de migrants en Europe, hostiles aux musulmans et ont, comme Trump, des doutes sur le changement climatique. Le président américain a également rencontré les leaders de 11 autres pays de l’UE à l’occasion du sommet des «Trois Mers», une conférence organisée à Varsovie qui réunit 12 pays d'Europe centrale et orientale et qui vise à contrebalancer le pouvoir du couple franco-allemand.

La Pologne est aussi un allié militaire pour les États-Unis. Il s’agit de l’un des rares membres de l’Otan qui dépense au moins 2% de son Produit intérieur brut (PIB) dans le budget de la défense, comme l’avait préconisé Trump. Elle est une fidèle cliente de l’industrie de l’armement américaine, à qui elle achète régulièrement des équipements militaires.

Toutefois, derrière l’enthousiasme de façade, seulement 23 % des Polonais ont une image positive du dirigeant américain. Un groupe de femmes polonaises vêtues de costumes inspirés de la série The Handmaid’s Tale a notamment organisé une manifestation pour protester contre les propos de Trump sur les femmes.

Après son discours que certains ont déjà comparé à la lecture de la fiche Wikipedia de la Pologne, Trump doit s’envoler pour Hambourg et le sommet du G20, où il risque de recevoir un accueil beaucoup moins chaleureux qu’en Pologne. Selon les mots d’Angela Merkel, le pays de Donald Trump n’est en effet plus considéré comme «un ami» aux yeux de l’Allemagne.

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