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Un code permet de tracer les documents que vous imprimez

C’est probablement ce qui a permis l’arrestation de la lanceuse d’alerte Reality Leigh Winner: des petits points jaunes imprimés à l’insu des utilisateurs sur leurs documents permettent de déterminer la date et l’appareil qui a servi à l’impression.

<a href="https://www.flickr.com/photos/christiaancolen/26759251791/in/photolist-GLCahc-2PAxM9-DCHxv-aP8BQM-Bp8Md-aP8DHt-aP8Bvg-aP8CZ4-aP8Baa-fzvc1T-ec11Ym-5XY23x-rGsZLz-72ARZL-64kpBx-6seVXR-aAGUz3-Dr75n-5UswZH-nvWgBW-c2ACzQ-c2ACwY-6mMWku-ec148q-9oNsof-9oNsoU-GLCa84-dVcZmH-GLCakD-GPxXH5-GLCav8-ebUpjT-GLCasx-GLCaqD-dJRUt-qjig2-s7JWSz-e9gnkv-wVWMV-coR3Zj-5FjhGX-3FKsRc-dVcW9M-49Fy2t-61M68F-8JL46P-9TBCkX-aP8EJD-mKonLM-mKq39h">Printer icon</a> | Christiaan Colen via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">License by</a>
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Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC Future

Votre téléphone a sûrement des fonctions de localisations cachées et les documents que vous imprimez aussi. La différence? Votre imprimante n’intègre pas de puce de géolocalisation sur vos documents, elle y inscrit seulement des petits points jaunes, invisibles à l’oeil nu, qui permettent de déterminer la date d’impression et le numéro de série du modèle utilisé.

C’est probablement ce qui a trahi la lanceuse d’alerte Reality Leigh Winner dans l’affaire de l'ingérence de la Russie dans les élections américaines, rapporte Chris Baraniuk sur BBC Future. Les documents de la NSA transmis à The Intercept par la jeune femme étaient en effet marqués de petits points jaunes, qui ont permis de retrouver la date à laquelle ils auraient été imprimés. Le FBI n’a toutefois pas confirmé que ses agents avaient réussi à localiser la jeune femme grâce à cette technique, même s’ils la connaissent depuis de nombreuses années.

Une technique ancienne

Ce système de points est utilisé depuis plus de vingt ans. Créé pour empêcher la création de faux (billets de banque, documents officiels), il a fait l’objet d’un accord entre les fabricants et l'État américain. En France, les laboratoires de la police scientifique demandent parfois à décoder ces points pour établir la provenance d’un document.

Cette technique est inspirée de pratiques d’espionnage qui datent au moins de la Seconde Guerre mondiale, selon BBC Future, mais les premières traces de cryptologie grâce à des points microscopiques remontent à l’Antiquité avec Enée le tacticien. Des techniques actuelles permettent d’encoder les espaces et les tabulations, également grâce à un système de points. Il existe aussi des bandes adhésive spéciales qui utilisent un code de points, pour marquer des objets et pouvoir ainsi les tracer en cas de vol.

Comme nous vous l’expliquions cependant en 2012, la France est toujours en retard sur ses voisins dans le marquage d’objets fréquemment volés. En revanche, les imprimantes françaises sont équipées comme aux États-Unis d’un détecteur du motif de points utilisé sur les billets pour éviter les contrefaçons et d’une fonction pour en imprimer sur les documents.

Une violation de la vie privée?

En vingt ans, la liste des imprimantes concernées s’est considérablement allongée. La Electronic Frontier Foundation (EFF) les a recensées. La Commission européenne a été saisie en 2008 et a énoncé dans son rapport que cette pratique «pourrait violer le droit à la protection des données personnelles des individus». Mais aucune loi n’a été votée en ce sens depuis. Dans le cas de Reality Leigh Winner, on ne parle même pas de violation de la vie privée puisqu’elle aurait utilisé une imprimante de la NSA.

Pour repérer les points et les déchiffrer comme le font le FBI et la police scientifique, l’EFF a trouvé un algorithme qui permet de décoder les motifs. Le site Numerama a expliqué (en français) comment l’utiliser. D’autres plaignants recommandent l’impression en noir et blanc pour éviter que votre imprimante vide la cartouche de jaune sans votre autorisation. Mais selon Alan Woodward, expert de la sécurité à l’université de Surrey, interrogé par BBC Future, tout cela ne sert à rien.

«Les organisations comme la NSA gardent un registre de ce qui est imprimé, ils savent que les gens sont au courant pour les points jaunes et ils ne comptent pas uniquement dessus pour tracer la provenance des documents.»

Les imprimantes étant de plus en plus connectées au wifi pour faciliter les impressions depuis les téléphones, la surveillance risque d’être de plus en plus facile pour les services de renseignements.

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