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En Espagne, une équipe de jeunes footballeuses gagne les compétitions masculines

Et les clichés selon lesquels les footballeuses seraient incapables de battre leurs homologues masculins en prennent un coup.

Capture Twitter
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Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Times, El Pais

«C’est dur de perdre contre des filles...mais celles-ci sont vraiment fortes», a expliqué un jeune joueur au correspondant du New York Times en Espagne. Et c’était visiblement encore plus dur… pour les mamans des jeunes footballeurs de les voir se faire écraser par l’équipe féminine de l’AEM Lleida. Le directeur du club explique que «les commentaires les plus machos» venaient en effet souvent des supportrices.

L’équipe de Dani Rodrigo est la seule équipe junior de Catalogne à n’être composée que de filles. Début avril, elles ont remporté la Ligue 2 masculine des 12-14 ans. Pour en arriver là, elles ont dû vaincre les réticences des parents. «J’avais peur qu’elle soit blessée par les garçons... mais elle n’arrêtait pas de me dire qu’elle pouvait les blesser aussi», explique une maman, aujourd’hui très fière de sa fille.

«Si tu es meilleure techniquement, tu peux compenser le fait d’être peut-être plus faible physiquement», explique la meilleure buteuse de l’équipe, en reprenant les termes de son aînée, la footballeuse anglaise Hope Powell. Compenser «l’infériorité physique», mais pas seulement. Il faut aussi compenser le fait que les équipes féminines ont moins de sponsors, donc moins d’argent pour payer le bus qui les emmène au match, moins d’argent pour rémunérer les coachs et pour faire de la publicité pour recruter de nouveaux talents. On continue?

Le challenge

Malgré ces discriminations, le Président du club montre que l’équipe a fait d’énormes progrès… depuis qu’elle est inscrite dans les tournois masculins. Les entraîneurs français le soulignent aussi: le manque de concurrence empêche une progression constante des équipes féminines si elles se limitent aux compétitions qui leur sont réservées.

Si elles peuvent progresser aussi vite, c’est aussi car «tactiquement, on voit qu’elles écoutent chaque mot du coach, qu’elles essayent vraiment de faire ce qu’on leur dit», fait remarquer l’entraîneur de l’équipe espagnole adverse. Une vision à moitié partagée par l’entraîneur du Paris FC qui explique sur le site du club qu’avec les filles «les relations humaines sont plus importantes», quand, chez les garçons, c’est «la rigueur et la discipline» qui priment. À se demander si la marge de progression sur les clichés associés à tel ou tel sexe dans le football n’est pas presque aussi grande que celle des filles sur le terrain.

C’est aussi sans compter que cette marge de progression sur le terrain a ses limites: quand elles auront atteint l’âge de 14 ans, elles ne pourront plus disputer de match contre des garçons et devront se contenter des compétitions féminines. De quoi donner envie à la meilleure buteuse d’aller poursuivre sa carrière aux États-Unis, où le football féminin est plus développé.

Et en France… 

Même combat en France. Selon l’article 155 du règlement de la Fédération Française de Football, jusqu’à 16 ans, les filles sont autorisées à jouer contre des garçons (uniquement dans les compétitions de Ligue et de District). Quelques dérogations existent: elles autorisent les filles à jouer… dans les catégories masculines d’âge inférieur. Au niveau universitaire, les entraînements se font parfois avec des garçons, explique Sarah Herbreteau, capitaine de l’équipe féminine de Sciences Po. Mais les compétitions ne sont jamais mixtes.

«C’est plus compliqué d’avoir un niveau équivalent à celui des garçons, car beaucoup de filles débutent quand elles arrivent dans l’équipe. Mais il y en a de plus en plus et ça a un impact sur le niveau professionnel. Chez les garçons c’est plus facile de trouver des joueurs de bon niveau, car ils sont plus nombreux. Pour les filles, c’est plus un loisir», explique la jeune femme.

Pour autant, ce n’est pas parce qu’il y a plus d’équipes féminines dans certains pays comme l’Allemagne ou l’Australie que le niveau est meilleur. La preuve pour Sarah: l’équipe de France est meilleure.

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