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MacronLeaks? «Le but est d'insinuer le doute, la confusion et la paralysie»

Vendredi soir, quelques instants avant que la campagne ne s'achève officiellement, des «#MacronLeaks» sont sortis sur les réseaux sociaux.

JOEL SAGET / AFP
JOEL SAGET / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Libération, Buzzfeed

Sur la version américaine du site Buzzfeed, la journaliste Zynep Tufekci met en garde les Français en commençant par «Holala, ça vous est arrivé à vous aussi! Le candidat en tête des sondages pour la présidentielle s'est fait hacker».

Car vendredi soir, quelques instants avant que la campagne ne s'achève officiellement, réduisant les candidats à la réserve et donc au silence, de nombreux documents, présentés comme des «#MacronLeaks» sont sortis sur les réseaux sociaux.

La Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle (CNCCEP) a recommandé samedi aux médias «de ne pas rendre compte du contenu» des données internes à l’équipe d'Emmanuel Macron, celle-ci ne pouvant répondre, et les données exposées mêlant fausses informations et vrais documents.

Le mouvement EnMarche! a publié un communiqué dénonçant une «action de piratage massive et coordonnée donnant lieu ce soir à la diffusion sur les réseaux sociaux d'informations internes de nature diverse (mails, documents comptables, contrats...).»

Le communiqué précise:

«Les fichiers qui circulent ont été obtenus il y a plusieurs semaines grâce au hacking de boîtes mail personnelles et professionnelles de plusieurs responsables du mouvement. (...) Ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiques nombre de faux documents afin de semer le doute et la désinformation. (...) Cette opération relève manifestement de la déstabilisation démocratique, comme cela s'est déjà vu aux Etats-Unis pendant la dernière campagne présidentielle.»

Alt-right et FN main dans la main

 

Il y a pourtant de grandes différencs entre les attaques américaines et françaises, note Buzzfeed en s'adressant aux Français. «Ce lâchage d'e-mails volés intervient 41 heures avant votre élection, et une précieuse heure avant que les médias n'entrent dans la période de devoir de réserve. Les rumeurs seront donc globalement cantonnées au web. Par ailleurs, votre élection n'est pas aussi serrée qu'aux Etats-Unis.

Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut se détendre. L'expérience américaine montre les innombrables manières dont des données piratées non triées peuvent nourrir la désinformation, créer de graves violations de la vie privée, et laisser le public dans un état de confusion. (...) Nul n'aura le temps de prouver ni de démentir quoi que ce soit, mais la confusion va se répandre. Il ne s'agit pas de whistleblowing destiné à faire la lumière sur des opérations. Le but est de frustrer, pas de convaincre, d'insinuer le doute, la confusion et la paralysie.»

Il existe d'ailleurs un autre point commun entre le cas des fuites sur Clinton et sur Macron: le rôle de l'alt-right américaine. Le chercheur belge Nicolas Vanderbiest a retracé la propagation de la rumeur des «Macron Leaks» sur Twitter et expliqué à Libération que celle-ci avait joué un rôle primordial notamment via Jack Posobiec, journaliste pro-Trump très actif dans la diffusion de fake news:

 

«C’était [lui] qui tweete le premier à 20h49 en renvoyant vers le fil de discussion de 4Chan qui a mis en ligne les documents. Apparemment, il était aussi connu pour avoir relayé le hoax du «pizzagate» à Washington, qui affirmait qu’il existait un réseau de pédophilie autour du directeur de campagne de Hillary Clinton. C’est aussi lui qui avait relayé les documents sur le soi-disant compte de Macron aux Bahamas mercredi soir. Il avait été précédé de peu par le twitto William Craddick. Quand on regarde la cartographie que j’ai faite, William Cradidck et Jack Posobiec sont au centre avec Wikileaks, leurs tweets qui sont récupérés par les uns et par les autres. Disobedient, qui est le média de William Craddick (et qui a le premier repris la nouvelle du Macron Leaks vendredi soir, ndlr), est en plein milieu de la fachosphère.»

Et peu avant minuit et le silence imposé par la fin de campagne, Florian Philippot tweetait:

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