France

Manuel Valls est une cystite

L'ancien premier ministre donne des leçons de morale et de démocratie sur l'élection alors que lui-même a enchaîné: «les roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie» + la déchéance de nationalité + «expliquer c'est déjà vouloir un peu excuser».

Manuel Valls le 29 janvier 2017, à Paris. Eric FEFERBERG / AFP
Manuel Valls le 29 janvier 2017, à Paris. Eric FEFERBERG / AFP

Temps de lecture: 2 minutes

Je ne vais pas vous parler du débat de second tour. Pour une raison très simple.
Flashback.

2007. Débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Le moment fort de la soirée vient au sujet de la prise en charge du handicap des enfants. Ségolène Royal hausse la voix pour défendre ces enfants et leurs parents. Nicolas Sarkozy lui dit alors de se calmer, qu’elle est en train de perdre ses nerfs, ce qui n’est pas terrible pour une potentielle présidente. Ségolène Royal lui rétorque que oui, elle est en colère et qu’il y a des colères justes. Depuis mon canapé, je trouve qu’elle a raison et qu’elle a bien fait d’assumer son indignation. Je me dis aussi que Nicolas Sarkozy est ridicule d’avoir choisi ça comme angle d’attaque, vu que le type a besoin de se tartiner la peau de Xanax pour calmer tous ses tics nerveux. Bien sûr, je vois aussi la perfidie sexiste du futur président qui essaie de sous-entendre qu’elle est une femme, donc trop émotive, incapable de contrôler ses émotions, ce qui la discréditerait pour être à la tête d’un pays.

A la fin du débat, je suis convaincue que Ségolène Royal a été meilleure que Nicolas Sarkozy.

Le lendemain, tous les médias proclament «rhaaa... Quelle erreur de la part de Ségolène! Sarkozy l'a bouffée! C'est sûr, il va gagner.»

Autant vous dire que depuis, j’ai un sérieux doute quant à ma capacité à évaluer la victoire de quelqu’un dans un débat.

Et puis, j'aimerais qu'on parle d'un autre sujet. Manuel Valls. J'ai une théorie depuis longtemps selon laquelle, le mec est devenu dingue et que ça a un rapport avec le 13 novembre. Il a vrillé. Cette semaine, il a insulté les lycéens qui manifestaient avec le slogan «ni patrie, ni patron».

Ecoutez-moi ces phrases de vieux schnock:

«C'est pas parce qu'on est lycéen et jeune qu'on peut raconter n'importe quoi! Moi quand j'avais 16 ans, j'ai défilé, je m'en rappelle, c'était en 1976 à Barcelone, c'était la première grande manifestation après la mort de Franco. C'était la démocratie, le respect de la démocratie et de la République!»

C'est pas non plus parce qu'on a été Premier ministre qu'on a le droit de raconter n'importe quoi. La personne qui donne des leçons de morale et de démocratie c'est quand même la même qui nous a enchaîné: «les roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie» + la déchéance de nationalité + «expliquer c'est déjà vouloir un peu excuser».

Je pensais vraiment qu'après sa défaite à la primaire, il ferait profil bas pendant quelque temps. C'était oublier un peu vite que le type est ivre de pouvoir. Il ne peut plus s'en passer. Il lui en faut encore. On assiste donc à ses tentatives pathétiques pour se faire bien voir d'Emmanuel Macron, et garder sa circonscription, mais en même temps, comme Emmanuel Macron s'en méfie et refuse de le prendre au gouvernement, il essaie de garder sa place au PS.

Mais c'est pas possible... C'est le Jean-François Copé de la gauche –à part que Jeff Copé est drôle. En même temps, comme Manuel Valls avait été ratatiné aux primaires de 2012 et qu'il avait fini chef du gouvernement, je comprends qu'il se dit qu'il n'y a pas de raison que ça ne marche pas pareil cette fois.

Il provoque chez moi de l'inconfort, des démangeaisons, des brûlures et on n'arrive pas à s'en débarrasser. En fait, c'est simple, Manuel Valls est une cystite.

Ce texte est paru dans la newsletter hebdomadaire de Titiou Lecoq. Pour vous abonner c'est ici. Pour la lire en entier:

 
 
cover
-
/
cover

Liste de lecture