Société

Ces jeux de société qui ont servi la propagande nazie

Une autre manière d'imposer son idéologie à la jeunesse.

Un jeu de société nazi / The Internartional Museum of World War II
Un jeu de société nazi / The Internartional Museum of World War II

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Atlas Obscura

La propagande nazie s'est exprimée par le cinéma, par les affiches, par la musique, par le sport, par la presse, par la radio... mais pas uniquement. Durant la Seconde Guerre mondiale, pour séduire et mobiliser un public jeune, le Troisième Reich a également misé sur les jeux de société à la gloire d'Adolf Hitler et de son régime, raconte Atlas Obscura.

Afin de documenter ce pan conséquent de la propogande nazie, le magazine est parti explorer plusieurs musées –le musée international de la Seconde Guerre mondiale à Natick (Massachusetts); le Wolfsonian à Miami (Floride); le United States Holocaust Memorial Museum (Washington)–, où sont entreposés et conservés plusieurs exemplaires de ces jeux de société, jadis utilisés pour enrôler les plus jeunes dans les Jeunesses hitlériennes, ou simplement pour convaincre cette frange de la population de la légitimité du régime et de ses actions.

Pour le Troisième Reich et Adolf Hitler, convertir la jeunesse à l'idéologie nazie était une étape primordiale, sinon indispensable, dans la mesure où ils figuraient à leurs yeux comme les héritiers du régime, en charge de perpétuer le nazisme auprès des générations futures, appuie Steven Luckert de l'Holocaust Memorial Museum.

Atlas Obscura, citant Kenneth Rendell, le fondateur du musée international de la Seconde Guerre mondiale de Natick aux États-Unis, ajoute:

«Les fabriquants ont appliqué les symboles de l'antisémitisme et de la mort sur les jouets, comme ils l'ont fait sur d'autres objets d'ameublement, sur des objets de décoration de Noël, sur des ampoules... Les objets racistes, même s'ils n'incitaient pas directement à des actes odieux, ont installé chez leurs détenteurs la perpective d'une violence omniprésente.»

La croix gammée figurant un jeu de société / The Internartional Museum of World War II

Ne pas donner d'argent à un juif

Ces jeux de société, faisant appel à la même rhétorique que les livres scolaires de propagande, offraient ainsi la possibilité aux joueurs de s'imaginer en parachutistes, espionnant derrière la ligne ennemie, ou bien en techniciens radio ayant pour mission de court-circuiter les canaux de communication des forces alliées. Un autre jeu, quant à lui, mettait les joueurs au défi de trouver le moyen de ne pas donner d'argent à un personnage fictif de confession juive.

Avec le temps, les jeux ont évolué. Et, à mesure que le régime nazi s'effritait, la nature des jeux de société et leur qualité de fabrication s'est dégradée, note le collectionneur américain Thomas Garcia qui a passé près d'une décennie à collectionner ces jeux de société issus du nazisme. Exit, donc, le triomphalisme, ce sont désormais les signes de paranoïa et de pessismisme qui ornent et habitent de plus en plus fréquemment les jeux.

«Au lieu de célébrer la chute des nations ennemies face aux pays de l'Axe, les jeux alertent plutôt sur le danger des agents doubles et des raids aériens. La qualité des matériaux utilisés se dégrade également», dit Thomas Garcia

À partir de 1942, les fabriquants se rabattent sur un papier de faible qualité –et à coût réduit– plutôt que sur des pièces en métal ou en plastique, poursuit-il. Les jeux de société se montrent de plus en plus fragiles, à l'image du sort de l'Allemagne nazie. Une métaphore assez éloquente de l'évolution du conflit, estime Thomas Garcia, car pour lire et entrevoir le déclin du nazisme, il suffisait alors peut-être tout simplement d'observer l'état et la qualité de fabrication de ses propres jeux de société.

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