Sciences / Boire & manger

Manger un autre être humain rapporte 125.000 calories

Pour étudier les pratiques cannibales sous le Paléolithique, un chercheur s'est amusé à calculer la valeur nutritionnelle des différentes parties du corps humain.

Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), l'anti-héros cannibale du «Silence des agneaux».
Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), l'anti-héros cannibale du «Silence des agneaux».

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur National Geographic, Scientific Reports, NPR

Un cœur: 650 calories. Un rein: 380 calories. Un poumon: 1.600 calories. Un foie: 2.570 calories. Au total, manger un autre être humain rapporte plus de 125.000 calories, selon une étude que vient de publier le chercheur James Cole, archéologue à l'université de Boston, dans la revue Scientific Reports. Ce dernier s'est plongé dans des études menées dans les années 1940 et 1950 à partir d'autopsies pour effectuer ses calculs, qui visent à estimer quelle était la valeur nutritionnelle des pratiques cannibales à l'époque paléolithique, dont des preuves ont été dénichées sur plusieurs sites.

En apparence, 125.000 calories, c'est beaucoup. Pour une belle viande humaine de soixante ou soixante-dix kilos, en fait, ce n'est pas tant que ça. «Quand vous nous comparez aux autres animaux, nous ne sommes vraiment pas très nourrissants», a déclaré James Cole au National Geographic.

C'est vrai en valeur absolue, évidemment, par rapport à des animaux bien plus massifs: un mammouth valait 3,6 millions de calories, et un rhinocéros laineux 1,26 million. Mais c'est aussi vrai en valeur relative: un ours, un sanglier ou même un castor valent trois plus de calories par kilo, tandis que les oiseaux en valent deux fois plus. Selon Cole, un corps humain n'aurait permis à un groupe de vingt-cinq personnes d'assurer ses besoins énergétiques que pendant une journée et demi.

Et non seulement nous ne sommes pas très nourrissants, mais nous ne sommes pas non plus forcément très sains: comme le rappelle Quartz, certaines tribus de Nouvelle-Guinée qui pratiquaient le cannibalisme avaient été frappées par des maladies mortelles découlant de la consommation d'organes humains. Sans oublier que l'effort pour chasser et tuer quelqu'un de sa propre espèce, avec donc la même capacité de raisonnement, était probablement plus compliqué: «Si vous chassez votre propre espèce, elle a la même taille que vous, peut penser juste comme vous et peut vous combattre en retour», a expliqué Cole à la NPR.

Selon des scientifiques interrogés par le National Geographic, le cannibalisme au Paléolithique pourrait donc s'expliquer par la simple nécessité plutôt que par le choix nutritionnel (en gros, les hommes préhistoriques mangeaient ce qui leur tombait sous la main); ou, si c'est un choix, par un choix social, par exemple en guise de rite funéraire ou de pratiques liée à la défense d'un territoire.

Signalons pour finir une des limites de l'étude menée par James Cole, qu'il souligne lui-même avec humour: les valeurs retenues le sont pour de la viande crue et pas cuite, et ce alors qu'il existe «un grand intérêt récent pour la façon dont la cuisson peut augmenter la valeur calorique retirée de la viande». «Néanmoins, conclut-il, étant donnée la nature de cette étude, il n'a pas été possible de mener des analyses sur de la chair humaine cuite.»

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