Mike Pence, le vice-président des États-Unis, a une conception très conservatrice des rapports entre hommes et femmes: il évite de manger seul avec une femme, à part la sienne, et ne va pas à des soirées alcoolisées si elle n'est pas à ses côtés.
Pence avait expliqué ces pratiques dans une interview en 2002, et en 2016, la presse locale de l'Indiana, dont il était gouverneur, avait confirmé les faits:
«Pendant ses douze ans au Congrès, Pence avait des règles pour éviter les tentations d'infidélité, ou même les rumeurs d'inconvenance. Parmi ses règles: il exigeait que les assistants qui travaillaient tard à ses côtés soient des hommes, il ne dînait jamais seul avec une femme autre que la sienne, et n'allait pas à une soirée où de l'alcool est servi si Karen n'était pas là.»
Mike et Karen Pence sont des chrétiens évangéliques ultraconservateurs qui suivent apparemment ce qu'on appelle la «règle de Billy Graham», du nom d'un pasteur qui avait décidé de ne «pas voyager, rencontrer ou manger seul avec une femme autre que la [s]ienne» afin d'éviter «les tentations».
Protéger son union
Pour la presse conservatrice, il s'agit juste pour les Pence d'une façon saine de protéger leur union: «C'est un homme intelligent qui comprend que l'infidélité est une menace pour le mariage», peut-on lire sur le site The Federalist.
Mais de nombreux journalistes se sont demandé comment ces règles traditionnalistes pouvaient être compatibles avec un monde moderne dans lequel de nombreuses femmes travaillent dans le milieu de la politique.
Pour l'auteure chrétienne Jory Micah, «la règle de Billy Graham est sexiste. Point barre. Les hommes et les femmes travaillent ensemble dans tous les secteurs. Si les hommes chrétiens ne peuvent pas gérer, c'est qu'ils ont des problèmes».
The "Billy Graham Rule" is sexist. Period. Men & women work together alone in every career. If Christian men cant deal, they have lust probs
— Jory Micah (@jorymicah) March 30, 2017
Quelle implication politique
Cette approche découle en effet d'une vision rétrograde et discriminatoire des rapports homme-femme:
«On est proche des règles des juifs ultra-orthodoxes qui refusent de s'assoir près d'une femme dans un avion, ou des musulmans fondamentalistes qui veulent que les femmes soient recouvertes de la tête aux pieds pour cacher les irrésistibles attraits sexuels qui rendent les hommes incapables de se contrôler», écrit Paul Waldman dans le Washington Post.
Pour Waldman, cette manière de conduire ses affaires personnelles est importante car elle révèle l'ultraconservatisme de Pence, dont les croyances religieuses influencent des prises de position politiques clé, notamment contre le droit à l'avortement et contre le droit des personnes LGBT.