Culture

«Un jour je serai peut-être un de vos photographes préférés»

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Ecrivain, photographe, artiste qui a fréquenté Aragon Beckett et Sarraute, François-Marie Banier est accusé d'avoir escroqué Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal âgée de 87 ans, pour obtenir des dons avoisinant les 800 millions d'euros.

Entre 2001 et 2007, Liliane Bettencourt lui a fait cadeau - en assurances-vie, biens immobiliers, travaux divers et tableaux de maîtres - d'un montant estimé par la Brigade financière à 993 millions d'euros, explicite le magazine Challenges. Selon la fille de Liliane, Françoise Bettencourt-Meyers, François-Marie Banier aurait profité de la vulnérabilité psychologique de sa mère. En décembre 2007, elle a déposé une plainte contre X pour «abus de faiblesse.»

LeMonde.fr publie une longue interview avec l'artiste, dans laquelle il revient sur l'affaire, mais raconte surtout sur sa vie — assez fascinante.

Son métier? Ecrivain. «Photographe, c'est comme artiste, c'est une inspiration», explique celui qui a pris 500.000 photographies en une quarantaine d'années. «Mais je suis né pour l'écriture. J'écris tous les jours pendant deux ou trois heures, je tiens mon journal depuis 1967. Je ne le publierai pas. Il contient des secrets et je suis trop respectueux pour violer les secrets des autres.»

Il y a peut-être des secrets du pianiste Vladimir Horowitz par exemple. «J'étais très ami avec sa fille, qui s'est suicidée. Comment pouvais-je alors être proche de son père? En lui disant la vérité. Je lui ai dit: "Ta fille pensait que tu étais terrible !" Il m'a répondu: "Elle avait raison, mais elle était pire."»

Les secrets d'Aragon aussi peut-être, avec lequel il parlait souvent jusqu'à 2 heures du matin.

Il me lisait La Chartreuse, ou alors on allait voir un film de Kurosawa. Il était aussi le contraire d'un homme de mesure. Il dégageait une violence comme je n'en ai jamais vu. Beckett, que j'ai rencontré le même jour que Jean Genet, me demandait souvent : "Comment va Aragon ?" Ce sont des attaches mystérieuses... Man Ray détestait que je lui parle de sa photographie. François Mitterrand a été très gentil mais je ne dévoilerai jamais nos secrets. Beckett, je l'ai vu marcher à Tanger, j'ai été frappé par son corps. Nathalie Sarraute, je la voyais deux fois par jour. Il fallait beaucoup de patience, car elle était très, très susceptible.

Perçu comme un mondain, Banier dément. A Michel Guerrin qui réalise l'interview, il déclare: «les rencontres font changer le regard. Elles évitent les ragots et les histoires idiotes. Et puis, quand on me voit une fois, on a envie de me revoir. Vous ne vouliez pas me rencontrer pendant des années, parce que vous n'aimez pas mes photos, et là je sens que vous avez envie de me revoir. Un jour je serai peut-être un de vos photographes préférés.»

[Lire l'interview complète sur Lemonde.fr]

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Image de une: François-Marie Banier, Portrait sur son site. DR.

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