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Ecrire un livre blanc de l’Union européenne de la sécurité et la défense

C'est le chaînon qui manque aux efforts européens pour franchir un palier, s’autonomiser, et proposer une ligne directrice à moyen-terme en matière de sécurité et de défense.

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A intervalles réguliers, la France écrit un livre blanc pour formaliser sa politique de sécurité et de défense. Il s’agit d’un exercice ambitieux qui donne une ligne directrice à l’outil militaire français à moyen terme. L’Union européenne est dépourvue de cette ligne directrice. Au contraire, elle est parcourue de divergences philosophiques de fond sur la posture à adopter au regard de l’Alliance Atlantique et des Etats-Unis, sur l’usage de la force, ou sur le rôle de l’UE dans la mondialisation. Faute de pouvoir résorber leurs divergences, il sera difficile pour les Européens de bâtir des coopérations profondes et durables dans le domaine de la sécurité et de la défense.

Or les Européens, y compris les plus atlantistes, ne peuvent plus se targuer de reposer sur la garantie de sécurité offerte par un allié américain dirigé par un président imprévisible. Construire un consensus intellectuel autour de la nécessité pour l’Europe de voler de ses propres ailes n’a jamais été plus aisé. Ainsi, le bouleversement du paysage international requiert-il de la France et de l’Allemagne qu’elles convoquent fin 2017, après leurs élections respectives, une conférence européenne sur la sécurité et la défense, qui aboutisse à la mise en œuvre par les Européens motivés d’un livre blanc commun sur l’Union de la défense.

Les initiatives existent aujourd’hui, mais souffrent de n’être pas reliées entre elles par un projet identifiable et englobant. Des efforts ont ainsi été accomplis récemment par Bruxelles pour améliorer la coopération concrète: Fond de défense européen, revue annuelle de défense, embryon de QG opérationnel permanent, rôle inédit de la Commission européenne dans le financement de la recherche de défense. L’UE a également publié en 2016 une stratégie globale pour sa politique étrangère: il s’agit d’une sorte de boussole philosophique pour l’action stratégique de l’Union sur la scène internationale. Il faut mobiliser ces efforts «bottom-up» et «top-down» pour changer de braquet.

L’Union européenne, en effet, n’a jamais véritablement réussi à réconcilier les déclarations d’intention politiques avec des avancées significatives dans le domaine des projets concrets. Même quand les accords politiques sont sous-tendus par une réelle volonté parmi les dirigeants Européens, et débouchent sur une feuille de route claire, comme ce fut le cas le plus récemment lors du Conseil européen de décembre 2013, ils se heurtent à un «mur invisible» de jalousies nationales, de conservatismes administratifs et d’intérêts industriels.

Le livre blanc de l’Union européenne de la défense, à condition qu’il soit piloté de manière politique par les quelques pays européens motivés qui viendraient s’agréger à la France et l’Allemagne, pourrait constituer le chaînon manquant qui comble le «trou noir» qui s’est creusé entre le déclaratif et l’action, la volonté et la mise en œuvre – et in fine entre le mot et la chose.

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