Steve King est un élu Républicain qui représente une partie rurale de l'État d'Iowa, mais il s'intéresse beaucoup à la politique européenne, surtout à l'extrême droite. En effet, King, qui est un allié de Donald Trump, a beaucoup d'affinités avec les leaders politiques qui pensent que la culture blanche chrétienne de l'Europe est gravement menacée par l'islam et l'immigration.
Trois jours avant les élections législatives aux Pays-Bas, il a envoyé un petit message de soutien au candidat du Parti de la liberté, Geert Wilders, connu pour ses propos anti-islam:
«Wilders comprend que la culture et la démographie sont notre destin. Nous ne pouvons pas rétablir notre civilisation avec les bébés des autres».
Wilders understands that culture and demographics are our destiny. We can't restore our civilization with somebody else's babies. https://t.co/4nxLipafWO
— Steve King (@SteveKingIA) March 12, 2017
Le tweet était un commentaire sur un dessin diffusé par le compte Twitter d'extrême droite Voice of Europe, dans lequel on peut voir Geert Wilders tenter d'arrêter le flot de musulmans envahissant la «civilisation occidentale».
«Que Dieu bénisse Steve King»
Steve King est coutumier de ce genre de déclarations –il avait dit cet été que les non-blancs avaient moins contribué à la civilisation que les blancs–, mais la presse et la classe politique américaines ont été particulièrement choquées par ce dernier tweet. Comme le note le journaliste du Washington Post Christopher Ingraham, le message de King est quasiment identitique au slogan officiel des nationalistes blancs et néo-nazis américains:
«Nous devons protéger l'existence de notre peuple et l'avenir des enfants blancs.»
Le négationniste David Duke, qui est un ancien leader du Ku Klux Klan et a soutenu la candidature de Donald Trump, a particulièrement apprécié la position de Steve King:
«Que Dieu bénisse Steve King», a-t-il déclaré dans un tweet.
Le jour d'après son tweet, King a été interviewé sur CNN, mais au lieu d'essayer de dire que ses propos avaient été mal compris, il a confirmé qu'il était bien un nationaliste blanc qui semble adhérer à la théorie du «Grand Remplacement»:
«J'ai été en Europe et j'ai beaucoup parlé de ce sujet, et j'ai dit la même chose il y a dix ans au peuple allemand, et à n'importe quel peuple dont la population est en déclin et qui ne veut pas faire assez de bébés pour se reproduire. Je leur ai dit: “vous ne pouvez pas reconstruire votre civilisation avec les bébés des autres. Vous devez continuer à avoir un taux de fécondité fort et vous devez apprendre vos valeurs à vos enfants.”»
«Je vais en parler avec le président et je reviens vers vous»
King s'intéresse en effet de près à l'Europe: il a plusieurs fois rencontré Geert Wilders et Marine Le Pen. Peu après la victoire de Trump en novembre 2016, il a tweeté qu'il s'agissait d'«une victoire pour le nationalisme, la souveraineté et la civilisation occidentale, ainsi que pour Marine Le Pen en France.»
@realDonaldTrump victory is for nationalism, sovereignty, & all of Western Civilization inc Marine Le Pen of France. https://t.co/GdA0dfqMUw
— Steve King (@SteveKingIA) November 13, 2016
En octobre 2016, Marine Le Pen avait tweeté une photo de sa rencontre avec King:
Échanges très intéressants avec @SteveKingIA, membre du Congrès américain, au sujet de la France, de l'UE et des affaires internationales. pic.twitter.com/sQMEAqL8Y9
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) October 3, 2016
Lors du point presse du 13 mars, le porte-parole de Trump, Sean Spicer, a refusé de commenter les propos de King et a dit: «Je vais en parler avec le président et je reviens vers vous.» Ces tergiversations sont habituelles pour Trump et son équipe: en tant que candidat et président, Trump n'a jamais spontanément condamné ses supporters racistes et antisémites. Il ne le fait en général que sous pression, lorsque la presse revient plusieurs fois à la charge.
«Un type qui a raison sur presque tout»
Dans Slate.com, Ben Mathis-Lilley rappelle qu'en 2014, Trump était venu en Iowa soutenir la candidature de King et qu'il avait alors déclaré: «Je suis ici pour soutenir Steve King –un type super, quelqu'un d'intelligent, et qui a raison sur presque tout.» Or, Steve King tient des propos racistes depuis des années. En 2008, il a dit que si Barack Obama était élu, «al-Qaïda et les islamistes radicaux danseraient dans les rues», et en 2009 que l'immigration illégale était «un holocauste au ralenti».
D'autres républicains, comme Jeb Bush et Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, ont rapidement condamné les propos de King, et un élu républicain d'origine cubaine s'est demandé s'il faisait partie du groupe des «bébés des autres»:
«Qu'est-ce que tu veux dire exactement? Est-ce que moi aussi je suis “le bébé d'un autre”? #collègueRépublicainInquiet»
.@SteveKingIA What exactly do you mean? Do I qualify as "somebody else's baby?" #concernedGOPcolleague
— Carlos Curbelo (@carloslcurbelo) March 13, 2017
Dans l'interview sur CNN, King essaye d'expliquer que ce n'est pas une question de «sang» mais de «culture». Pourtant, plus tard, il regrette ouvertement que l'Amérique ne soit pas plus blanche: «J'aimerais bien voir une Amérique tellement homogène qu'on se ressemble tous.» Il explique aussi que: «cette civilisation occidentale est supérieure et nous voulons la partager avec tout le monde.»
Alors qu'il y a quelques années, Steve King était marginalisé au sein du parti républicain (selon plusieurs sources, l'ancien président de la Chambre des représentants, John Boehner l'avait qualifié de «connard»), ses propos sont désormais proches de la ligne officielle du président et de son stratège Steve Bannon, qui est aussi fan de l'extrême droite européenne.