France

Quitter le clientélisme pour une gestion éthique et professionnelle de la diversité culturelle et cultuelle, au niveau local

Un(e) chargé(e) de mission «Laïcité, dialogue interconvictionnel et lutte contre les discriminations» dans chaque grande ville de France.

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Le rôle du chargé de mission serait d’être un pédagogue de la philosophie et du droit de la laïcité dans l’ensemble de la commune et, notamment, auprès des élus et des fonctionnaires, ainsi que du tissus associatif de la ville. Ce chargé de mission peut être lui-même, soit un élu, soit un fonctionnaire. La laïcité après avoir été au dix-neuvième siècle le sujet du conflit des deux France (la catholique et la laïque) pour reprendre l’expression d’Émile Poulat, est devenue le lieu même de l’apaisement et du consensus, hormis peut-être la question du financement des écoles ayant un caractère confessionnel. Mais, depuis les années 1980, la laïcité est redevenue un terrain de débats et de combats politiques, notamment à cause de revendications nouvelles liées à la présence de nombreux musulmans en France. Plus encore, elle est devenue aujourd’hui le lieu même du politique, c’est-à-dire de la question de savoir ce qui fait que des gens différents peuvent et veulent vivre ensemble. Non pas seulement côte à côte comme les individus d’un troupeau, mais comme des personnes qui agissent ensemble et ont des projets communs.

Il aurait également pour mission de faciliter et d’encourager le «dialogue interconvictionnel» qui concerne tous les citoyens, ceux qui sont proches d’une religion particulière mais également tous ceux qui, n’ayant pas de religion, ne se s’intéressent pas moins que les autres aux débats éthiques qui engagent une conception de l’humanité et de la société. Ce travail qui concerne la réalité du pluralisme culturel et convictionnel dans le cadre protecteur de la laïcité aboutit à transformer les identités en forces relationnelles plutôt que meurtrières. Ce travail de dialogue peut prendre des formes très différentes. Il est nécessaire pour cela d’encourager des rencontres, conférences, tables rondes autour de la connaissance des faits religieux comme des convictions philosophiques. Le chargé de mission aurait ainsi un rôle de diffusion et de valorisation de la recherche dans un domaine où elle est effectivement devenue très intense, sans pour autant mettre hors-jeu les acteurs locaux et les différentes ressources présentes dans les communautés religieuses présentes dans l’espace d’une commune. Ces rencontres ne doivent pas avoir seulement un caractère intellectuel, elles peuvent aussi avoir lieu autour d’une ouverture des lieux de culte, d’un partage des cuisines du monde, de spectacles artistiques, musicaux, plastiques ou littéraires.

Cette pédagogie de la laïcité, ce dialogue interconvictionnel servent à lutter, de fait, contre les discriminations qui pourraient exister sur le plan ethnique, culturel ou religieux. Le chargé de mission pourrait apporter un soutien juridique à des personnes qui pourraient se trouver dans de telles situations.

De tels chargés de mission doivent recevoir une formation qui leur donne une vraie compétence professionnelle et une vraie légitimité, pour s’éloigner d’une gestion clientéliste de la diversité culturelle et cultuelle au niveau local. Il existe déjà de deux sortes de formations, mais elles méritent d’être développées: Diplômes universitaires (D.U) et Masters Professionnels qui peuvent s’intituler «République et religions/convictions» ou «laïcité et religions/convictions dans la vie professionnelle et associative». Ces formations sont ouvertes à tous, notamment aux cadres religieux. Dans le cas des cadres religieux musulmans, cela participe d’un effort de construction d’un islam de France qui puisse compter sur ces ressources humaines propres, c’est-à-dire des citoyens français de confession musulmane. La jeune Fondation pour l’islam de France travaillera d’ailleurs dans ce sens. Les futurs aumôniers de tous les cultes auront d’ailleurs bientôt l’obligation d’être titulaires d’un D.U pour travailler dans les prisons, les hôpitaux, les armées…Ces diplômes doivent aborder la connaissance des institutions françaises, de la laïcité et des religions dans l’optique des sciences des religions. Ces formations sont donc un creuset positif pour la République, dans un monde qui doit relever le défi du pluralisme harmonieux.

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