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Après les États-Unis, la Russie interfère-t-elle dans les élections aux Pays-Bas?

Le spectre de l’ingérence russe flotte maintenant sur l’Europe, d'autant que 2017 sera une année d’élections pour nombre de pays.

Le président russe Vladimir Poutine arrive à la chancellerie le 19 octobre 2016 à Berlin. | ODD ANDERSEN / AFP
Le président russe Vladimir Poutine arrive à la chancellerie le 19 octobre 2016 à Berlin. | ODD ANDERSEN / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Times

Les États-Unis ont pris des «mesures contre la Russie, accusée d’avoir supervisé des cyberattaques destinées à influencer le résultat» des élections, rapportait Le Monde en décembre 2016. La Russie est maintenant soupçonnée de vouloir influencer les élections législatives néerlandaises qui se tiendront le 15 mars, avant donc la tenue des élections françaises, allemandes et italiennes, relève le New York Times.

Déjà en avril dernier, les Néerlandais ont pu ressentir l'influence russe lors du référendum sur l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, rejeté à plus de 60%. Le New York Times prend l’exemple d’Harry van Bommel, un parlementaire de gauche, qui a été soutenu par une «équipe ukrainienne» afin de dénoncer l’accord. Présents à des réunions et sur les réseaux sociaux, apparitions télévisées, ses membres se soulèvent contre un «gouvernement ukrainien pro-occidental, indigne du soutien des Ukrainiens». «C’était très pratique pour montrer que tous les Ukrainiens ne sont pas en faveur [de cet accord]», a déclaré le parlementaire. Cependant, continue le journal, tous n’étaient pas des émigrés ukrainiens contrairement à ce qu'ils se disaient. «La majorité des membres actifs agissait depuis la Russie, ou depuis la partie russophone de l’Ukraine», conclut le New York Times. Le parlementaire n’a jamais pris la peine de demander l’identité de ces groupes défendant la ligne anti-européenne du Kremlin, insiste le journal américain. Le New York Times note que pour Sico van der Meer, un chercheur à l’Institut néerlandais des relations internationales:

«La Russie considérait l'Occident comme un adversaire et avait un intérêt clair à voir l'élection des populistes anti-establishment qui, quelle que soit leur prise personnelle sur la Russie, veulent tous saper l'Union européenne et, dans certains cas, l'OTAN.»

Le journal fait également le cas Vladimir Kornilov, un historien et un analyste politique né en Russie qui a vécu dans l’Ukraine de l’Est et maintenant installé à la Haye. Engagé contre le référendum, s’affichant comme un simple expatrié ukrainien, il a été révélé qu’il avait par le passé «offert des informations et des conseils aux politiciens et autres à Moscou lors de son travail précédent dans un institut de recherche financé par la Russie à Kiev». Le journal multiplie les exemples passant du mensonge par ommision à la diffusion de «fake news».

Les renseignements néerlandais ont également révélé que «des pays étrangers, particulièrement la Russie, ont essayé des centaines de fois ces derniers mois de pénétrer les systèmes d’agences gouvernementales et d’entreprises», écrit le journal. Pourtant, aucune preuve formelle ne permet d’impliquer directement le gouvernement russe. Le journal néerlandais Volkskrant a tout de même révélé que, parmi eux, deux groupes de hackers qui avaient participé au piratage du parti Démocrate américain étaient à l’origine des attaques. Ces tentatives arrivent dans un contexte particulier pour les Pays-Bas. Les relations diplomatiques entre la Haye et Moscou se sont refroidies depuis qu’il a été prouvé par le Bureau pour la sécurité néerlandaise que l’avion MH17, survolant l’Ukraine en juillet 2014 et contenant 298 personnes, dont 200 nationaux, a été abattu par des séparatistes prorusses grâce à une aide logistique de la Russie.

D’autres pays européens ne sont pas à l’abri de telles manipulations par des groupes plus ou moins proches de la Russie, avance aujourd'hui le New York Times. Les ministères et les partis politiques norvégiens ont été victimes d’attaques informatiques par des «hackers liés à la Russie», tandis que le ministre de la Défense britannique a accusé la Russie de «faire de la désinformation une arme». La France, l’Allemagne comme l’Italie ont également accusé des partisans liés à la Russie d’ingérence.

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