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Etats-Unis - Inde, une amitié avec des réserves

Malgré les signes de rapprochement, Washington et New Delhi doivent encore surmonter de nombreux contentieux.

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Tout juste revenu de Chine, le président Barack Obama a déployé tous les fastes de la Maison Blanche pour accueillir le Premier ministre indien, Manmohan singh et rendre hommage à l'Inde, pays «indispensable». Comme lors de sa visite en 2005 à George Bush, Manmohan Singh a eu droit à une visite d'Etat, la première de l'administration Obama. Ces fastes et honneurs réservés à l'Inde masquent toutefois mal les difficultés qui demeurent entre les deux pays pour mettre de la substance politique dans leurs relations. Au delà des mots «les Etats-Unis se réjouissent et encouragent le rôle de l'Inde pour aider à l'essor d'une Asie stable, pacifique et prospère» les deux pays ne voient pas toujours du même œil la façon de répondre aux défis et menaces dans la région.

Alors que l'Inde marque par de nombreuses cérémonies les attentats du 26 novembre 2008 qui avaient fait près de 200 morts à Mumbai, la lutte contre le terrorisme reste un point de contentieux. L'Inde reproche à Washington son indulgence à l'égard du Pakistan, accusé de ne pas en faire assez contre les mouvements extrémistes, comme par exemple le Lashkar-i-Taiba, premier suspect des attentats de Mumbai. Les Etats-Unis pour leur part ont besoin de la coopération du Pakistan pour la lutte contre Al-Qaida mais aussi pour la guerre en Afghanistan.

Encore une fois, le communiqué commun répond aux craintes indiennes en exprimant la forte inquiétude des deux pays «à propos des menaces posées par le terrorisme et l'extrémisme violent qui émanent du voisinage de l'Inde et dont l'impact est ressenti au delà de la région» mais dans les faits, il est douteux que Washington aille au delà de discrètes pressions sur Islamabad pour répondre aux attentes de New Delhi.

L'Afghanistan est aussi un problème dans les relations entre les deux pays. Alors que Manmohan Singh affirme que le président Obama lui a dit que Washington «a la plus grande estime pour le rôle de l'Inde dans la reconstruction et le développement de l'Afghanistan», il est clair que celui-ci est un obstacle à la coopération d'Islamabad. Dans son rapport sur la situation en Afghanistan, le commandant en chef des troupes de l'Otan dans le pays, le général Stanley McChrystal dénonçait pudiquement ce rôle en écrivant: «l'influence croissante de l'Inde dans ce pays ne manquera pas d'exacerber les tensions régionales».

Toujours dans la perspective d'obtenir la pleine coopération du Pakistan, les Etats-Unis aimeraient bien obtenir de l'Inde un assouplissement de sa position sur l'Etat disputé du Cachemire, sujet tabou en Inde qui refuse toute intervention extérieure. L'évocation par le président Obama lors de sa récente visite à Pékin d'un rôle de la Chine pour la reprise du dialogue entre Islamabad et New Delhi avait de la même façon indigné les Indiens.

Ces pommes de discorde laissent toutefois du champ à une coopération qui s'étend notamment dans les domaines économiques, militaires et bien évidemment nucléaire. En déclarant «comme puissances nucléaires, nous pouvons être des vrais partenaires dans la prévention de la prolifération des armes les plus meurtrières du monde», le président Obama a levé toutes les inquiétudes indiennes sur son attitude face à un accord de coopération nucléaire signé avec le président Bush et qui avait été très critiqué chez les démocrates.

Les retrouvailles entre les Etats-Unis et l'Inde ont à peine dix ans et il faudra sans doute du temps des deux côtés pour créer une véritable relation de confiance qui ne sera pas forcément toujours exemptes de divergences.

Françoise Chipaux

Image de une: Dîner officiel à la Maison Blanche, le 24 novembre. REUTERS/Jason Reed

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