Sciences

Le bilinguisme rend le cerveau bien plus efficace

En lui permettant d'économiser son énergie et de savoir aller à l'essentiel.

<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3APieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Tower_of_Babel_(Vienna)_-_Google_Art_Project_-_edited.jpg">La tour de Babel, Brueghel l'Ancien</a> | via Wikimedia Commons <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
La tour de Babel, Brueghel l'Ancien | via Wikimedia Commons License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Journal of Neurolinguistics, Université de Montréal

Selon une étude menée par l'équipe d'Ana Inés Ansaldo, chercheuse au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal et professeure à l'université de Montréal, des années de bilinguisme agiraient sur le cerveau pour augmenter sa capacité de concentration –le fait de pouvoir s'atteler à une tâche sans être distrait par un afflux d'informations superflues. Non pas parce que parler deux langues «musclerait» notre cerveau et le rendrait plus fort, mais au contraire, parce celui lui permettrait de devenir moins gourmand en ressources énergétiques et dès lors plus efficient.

Pour arriver à ce résultat, Ansaldo et ses collègues ont comparé les connexions fonctionnelles du cerveau de personnes âgées unilingues avec celles de personnes âgées bilingues, en demandant aux individus des deux groupes d'effectuer un exercice exigeant de se concentrer sur une information visuelle (la couleur d'un objet) et d'ignorer une information spatiale (l'endroit où l'objet apparaît) présentée simultanément. Il en ressort que les unilingues recrutent un circuit neuronal plus étendu et plus riche en connexions, tandis que le cerveau des bilingues en passe par un circuit plus limité, mais plus approprié au type d'information cible.

Économie de moyens

En l'espèce, le cerveau unilingue exploite un ensemble de régions liées au traitement visuel, moteur et de contrôle de l'interférence, situées dans les lobes frontaux. Tandis que «le cerveau bilingue privilégie l'utilisation de la zone de traitement visuel située à l'arrière du cerveau. Cette zone est experte dans la détection des caractéristiques visuelles des objets, donc experte dans la tâche en question», explique Ansaldo.

Selon la scientifique, «grâce à des années de pratique quotidienne de gestion de l'interférence entre deux langues, les bilingues sont devenus des experts dans la sélection des informations pertinentes et l'inhibition de celles qui pourraient distraire de l'objectif».

Ce qui indiquerait que «le cerveau bilingue est plus efficace et économe, car il recrute seulement des régions expertes».

Une rentabilité apparemment payante sur le long terme: vu que les bilingues obtiennent le même résultat en évitant de solliciter des régions frontales, sensibles au vieillissement, cette économie de moyens pourrait contribuer à expliquer pourquoi les bilingues semblent relativement protégés contre les manifestations de la sénescence du cerveau, et notamment les démences liées à l'âge.

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