Santé

La première semaine de janvier, une période mortelle

Selon les statistiques de l'Insee, le jour le plus meurtrier de l'année tombe une fois sur trois lors du premier mois.

<a href="https://www.flickr.com/photos/gillesenvrac/14992142565/in/photolist-oQNDED-8VR2nv-9DnQHu-8XRfUw-nY8i84-pHozMB-cd8szu-bxEJEb-bxEFJW-aH4H5a-6nYZYb-buZs2M-dWoFyg-ohrGVU-qeEsRu-9Z9mcZ-9sJS2x-gPGJoZ-aAhkuC-dXNrxW-9WFiF3-yrB9Nb-fBp68E-ojWGf8-bgWCh2-a6Pp9P-oLPKUT-dWuj2w-dDBAd-bQUxkR-nMTm1F-bQUxm2-roQeiW-fK9Pu6-qtVB3b-e3ncrw-dWujw1-e15UuH-bgVFr8-9cZUsp-jEBgPP-bgVeeH-9DnR7G-eFfXFn-9myJk1-9oCeZE-qeKJ1B-aLG33c-8SPsHt-nFCJaB">cimetière CDN</a> | Gilles Beauchamp via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/">License by</a>
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Sale ambiance pour les dernières heures de 2016, lors desquelles la liste des célébrités disparues (George Michael, Carrie Fisher, Michel Déon, Debbie Reynolds...) n’a cessé de s’allonger. Mais s’estimer glorieux survivant de 2016 serait crier victoire trop vite, lorsque l’on voit le chemin semé d'embûches que constitue la traversée des meurtriers mois de janvier et février.

Début 2015, Les Décodeurs du Monde expliquaient qu’en moyenne, le nombre de décès enregistrés en janvier est 15% supérieur au reste de l’année. Sur l'année 2015 même (les chiffres pour 2016 n'étant pas encore disponibles), le nombre de décès enregistrés par l’Insee en métropole était, en janvier, de 18% supérieur à la moyenne.

Mais quelles sont précisément les journées les plus «meurtrières»? Depuis 1968, les statistiques des décès pour chaque jour de l'année sont disponibles. En 2015, la journée la plus meurtrière fut le 14 février, avec 36% de décès recensés en plus par rapport à la moyenne annuelle, avec 2.167 morts. Soit... le jour de la Saint-Valentin, comme si ce chiffre était imputable à une vague de suicides de célibataires malheureux et d'amoureux meurtris. 

Évidemment, il s'agit très probablement d'une coïncidence, sachant que les mois de décembre, janvier et février sont toujours plus «mortels» que la moyenne. Entre 1968 et 2015, la journée la plus meurtrière de l'année est tombée 8 fois en décembre, 23 fois en janvier et 9 fois en février, et donc seulement huit fois le reste de l'année. Le froid constitue une piste crédible d'explication: la chute des températures fragilise le corps, qui n’a pas toujours les défenses immunitaires suffisantes pour passer au travers d’une grosse grippe. Mais pourquoi une telle dangerosité du mois de janvier? Et plus spécifiquement, de sa première semaine, qui dans 30% des cas connaît la journée la plus mortelle (depuis 2000, on a ainsi eu comme journée noire le 4 janvier 2000, le 2 janvier 2004, le 3 janvier 2006, le 4 janvier 2007, le 7 janvier 2008 et le 6 janvier 2011)?

Aux États-Unis, le chercheur David Philips a entrepris de compulser 57 millions de certificats de décès émis dans les premiers jours de janvier entre 1979 et 2004. Les causes des décès étaient souvent naturelles, mais liées aux fêtes de fin d’année: le report d’une consultation médicale (pour pouvoir faire la fête ou parce que le médecin est absent), le stress lié aux fêtes, les abus liés à la consommation à outrance d’alcool et de nourriture… La gueule de bois généralisée post-fêtes en janvier pourrait avoir raison de nos petits coeurs. Tenez bon: les hauts taux de mortalité finissent toujours par se stabiliser en mars.

En revanche, sur les cinquante dernières années, la journée la plus meurtrière ne s'est pas produite au cœur de l'hiver: il s'agit du 12 août 2003, avec 3.545 décès: 134% de plus que la moyenne annuelle! Cette date marque le pic de mortalité de la canicule de l'été 2003, lors de laquelle fut recensé un record de chaleur à plus de 44°C dans le Gard. Cet épisode a été rendu responsable de 15.000 décès en moins de vingt jours, et de près de 20.000 décès sur l'été au total. Un véritable traumatisme pour le pays, qui a alors découvert tout l'enjeu de la solitude des personnes âgées, particulièrement touchées par la canicule.

À l'inverse, la journée la moins meurtrière de ces cinquante dernières années est aussi tombée au moins d'août: le 27 août 1987, on a recensé seulement 1.150 décès en France.

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