Monde

Dans les conversations téléphoniques du cartel mexicain sanguinaire Los Zetas

Mono Muñoz, présenté comme le chef du cartel des Zetas en Europe, a ordonné de multiples crimes depuis Madrid. C'est ce que révèle le quotidien espagnol El País, qui a pu accéder aux conversations téléphoniques.

<a href="https://www.flickr.com/photos/catr/5208198166/in/photostream/">Mexico</a> | Claudio Toledo via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
Mexico | Claudio Toledo via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur El Pais

Los Zetas, c'est un mélange d'anciens membres de l'armée mexicaine, d'unités d'élites spécialisées dans la lutte contre les narcotrafiquants et de policiers corrompus. Considéré comme le cartel le plus violent du Mexique, ce syndicat du crime s'est imposé dans le pays depuis les années 90 par ses nombreuses démonstrations de violence et sa guerre sans merci contre les autres barons de la drogue.

Pour asseoir leur puissance, Los Zetas ne se sont pas arrêtés aux frontières mexicaines. Une machinerie bien rodée a été mise en place pour ravitailler les pays, en cocaïne notamment. Accusé d’être le lien unissant l’Europe aux Zetas, Juan Manuel Muñoz Luevano, plus connu sous le nom de Mono Muñoz, est arrêté le 18 mars en Espagne dans sa résidence madrilène. Celui qu'El País présente comme le chef du cartel en Europe a ordonné des séquestrations, des passages à tabac et des assassinats à ses hommes de main situés dans l'Etat de Cohauila, au Mexique, le fief des Zetas. Le quotidien espagnol a pu accéder aux enregistrements des conversations entre Madrid et le Mexique.

Ces conversations en révèlent un peu plus sur les méthodes sanguinaires des hommes de mains de Muñoz. Celui qui se fait appeler «el Ingeniero» (l'ingénieur) est sans pitié, et surtout lorsqu'il s'agit d'argent. Avec lui, c’est un peu «plata o plomo» –la bourse ou la mort–, et un certain Gustavo en a fait les frais, comme le montre une conversation datant du 27 juin 2014. Ce dernier doit 24 millions de pesos à Muñoz, soit plus d'un million d'euros. Incapable de rembourser sa dette, le narcotrafiquant lui explique qu'il sera séquestré, «en garantie», en attendant que le père de Gustavo puisse réunir l’argent. Le même été, Muñoz est informé d'une dette d'un million de pesos (environ 46.000 euros) qu'aurait envers eux une certaine Rebeca, mère d'un dénommé Andrés. Sans attendre, Muñoz décroche son téléphone: «occupez-vous de la mère et dites-le à Andrés»

Un western ultra-violent

Les ordres assénés par Muñoz à ses hommes de mains sont dignes d’un mauvais western. «Fiche-lui une bonne raclée», ou encore «chargez-vous de sa famille» ordonne-t-il via son téléphone sécurisé. Ces conversations révèlent un modus operandi ultra-violent dans le cartel, qui assure sa prospérité avec le trafic de drogue au travers du monde, et dont Mono Muñoz aurait été le coordinateur en Europe.

Après l'arrestation de Muñoz, sa résidence est intégralement fouillée et les policiers retrouvent un ordinateur. Contenant plusieurs fichiers Excel, ceux-ci indiquent le transfert de 63 millions d'euros dans des hôtels mexicains. Cet argent provient de la vente en Europe de 2100 kilogrammes de cocaïne, établit El País. Et précise que l'argent a été obtenu en seulement six jours.

Un délai à peine croyable qui montre une nouvelle fois l’efficacité du réseau de Los Zetas et l'ampleur du phénomène de consommation de cocaïne en Europe. Selon les derniers chiffres de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, ils seraient presque quatre millions d’adultes à avoir consommé de la cocaïne l’année dernière.

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