Sciences / Égalités

Être enceinte après 35 ans est bon pour le cerveau

Comme prendre la pilule pendant plus de dix ans ou avoir eu ses règles avant 13 ans.

<a href="https://www.flickr.com/photos/39582141@N06/13584554804/">Famille heureuse</a> | Army Medicine via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
Famille heureuse | Army Medicine via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Journal of the American Geriatrics Society, Université de Californie du Sud

Vous avez été sous pilule pendant plus de dix ans, eu vos premières règles avant l'âge de 13 ans ou été enceinte après 35 ans? Selon une étude menée par sept chercheurs de l'université de Californie du Sud, voici autant de facteurs qui pourraient protéger votre cerveau contre le déclin cognitif.

Si on en croit Roksana Karim, spécialiste de médecine préventive et auteure principale de l'étude, il s'agit du premier travail scientifique à examiner les corrélations entre l'âge de la grossesse et les fonctions cognitives passée la soixantaine. Après avoirs soumis 830 femmes d'âge mûr à divers tests cognitifs, Karim et ses collègues estiment que les œstrogènes et la progestérone sont les principaux responsables de ce phénomène –de fait, de nombreuses études menées sur des animaux démontrent les effets bénéfiques de ces hormones sur les tissus cérébraux.

Prise de pilule

Notamment, les femmes qui avaient été enceintes pour la dernière fois de leur «carrière reproductive» après 35 ans manifestaient une meilleure mémoire verbale. Et celles qui avaient connu leur première grossesse après 24 ans étaient en particulière bonne forme sur le plan des «fonctions exécutives» –soit le contrôle de l'attention, la mémoire de travail, le raisonnement ou encore la résolution de problèmes complexes. Et «être enceinte» semble ici le plus important, tant les chercheurs notent des effets comparables selon que les femmes aient mené leur(s) grossesse(s) à terme, avec des bébés viables, ou qu'elles aient connu des fausses-couches ou des interruptions médicales de grossesse.

Du côté des autres réalités alimentant la cervelle en hormones, la prise de pilule permet visiblement d'aiguiser son esprit critique et sa mémoire verbale. Les fonctions exécutives étaient aussi significativement préservées chez les femmes réglées avant 13 ans.

«Les contraceptifs oraux maintiennent et entretiennent un niveau d'hormones stable dans la circulation sanguine.» 

Et «la stabilité, c'est bien», résume Karim.

Pas d'effet «baby brain»

De même, «si vous avez eu vos règles tôt, cela signifie que vos ovaires produisaient une quantité relativement plus élevée d'hormones féminines. En recevant une dose optimale de manière précoce, il est possible que les structures cérébrales de ces filles se soient mieux développées que celles exposées à des taux moindres, corrélés à des règles survenant plus tardivement», ajoute la scientifique.

En d'autres termes, plus longtemps le cerveau féminin aura été alimenté en hormones féminines, mieux il fonctionnera longtemps après la ménopause.

On notera aussi que l'étude de Karim et al. est un nouveau coup de canif dans la notion de «baby brain» –qui voudrait, grosso modo, que les femmes deviennent débiles pendant leur grossesse. Pour Wendy Mack, co-signataire de l'étude, cette théorie est bancale ne serait-ce que d'un point de vue méthodologique.

«Le problème, affirme-t-elle, c'est que les études sur les humains n'ont pas suivi les femmes sur le long terme.» Et qu'en observant uniquement les femmes pendant la grossesse, il est assez difficile de savoir avec une relative certitude si la corrélation négative entre hormones et fonctions cognitives est réelle, et a fortiori solide, «vu qu'il y a tant de changements corporels et de facteurs de stress psycho-sociaux susceptibles de nuire aux fonctions cognitives et émotionnelles d'une femme enceinte».

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