Sciences

Le mythe de la maitrise de soi

Des chocolats de Fassbender & Rausch à Berlin en mars 2010. REUTERS/Fabrizio Bensch
Des chocolats de Fassbender & Rausch à Berlin en mars 2010. REUTERS/Fabrizio Bensch

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Vox, New York Times

Comme la Bible nous l’apprend, le premier crime commis par un humain a été celui de ne pas se contrôler. Il était interdit dans le jardin d’Eden de goûter au fruit de l’arbre de la connaissance, mais la tentation était trop grande pour Eve. Le fruit était «tellement agréable à l’œil et désirable pour acquérir la sagesse». L’enseignement de cette histoire est clair et universel: quand la tentation submerge la volonté, c’est une faillite morale et elle mérite d’être punie. L’homme a été chassé ainsi du paradis.

Mais la psychologie moderne ne raisonne pas comme la religion en terme de bien et de mal et ne condamne pas Eve. Parce qu’il est en fait très difficile pour les hommes de résister à la tentation. «Les bénéfices retirés du fait de se battre contre soi même pour se maitriser sont très exagérés», explique dans Vox Kentaro Fujita, professeur de psychologie de l’Université de l’Ohio.

Se sentir moins coupable

Plusieurs études montrent qu’essayer d’apprendre à résister à la tentation se traduit soi par des gains très limités dans le temps, soit par un échec. Et cela a de grandes implications: si nous admettons que la force brute de la volonté ne fonctionne pas, nous pouvons nous sentir bien moins coupables quand nous cédons à la tentation. Et nous pouvons par exemple utiliser des moyens bien plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l’obésité.

C’est particulièrement vrai pour ces questions. Selon une étude de l’Université de Chicago, 75% des Américains considèrent que le manque de volonté explique pourquoi les gens n’arrivent pas à maigrir. En fait, selon le consensus scientifique, l’obésité est la conséquence de nombreux facteurs dont les gènes et les habitudes alimentaires familiales qui n’ont rien à voir avec la volonté.

«Notre modèle du contrôle de soi est celui d’un combat entre d’un côté un ange et de l’autre un démon. Nous pensons que les gens qui ont une grande volonté combattent le plus efficacement contre leur démon. En fait, ceux qui sont les meilleurs dans la maitrise de soi n’affrontent pas leurs démons», souligne kentaro Fujita. Cela est notamment démontré par une étude publiée par le Journal of Personality and Social Psychology. Elle montre que ceux qui résistent le mieux à la tentation sont ceux qui éprouvent le moins la tentation… En clair, ceux qui se contrôlent le mieux n’ont pas besoin de le faire.

Une autre étude réalisée cette fois par l’Université McGill au Canada montre également que les étudiants qui exerçaient le plus de contrôle d'eux-même n’étaient pas capables de mieux résister à la tentation que les autres et qu’en revanche c’étaient ceux qui étaient les moins soumis à cette tentation qui y résistaient le mieux. Et enfin, ceux qui tentaient de résister avec force en sortaient épuisés… pour pas grand chose.

Cela signifie que pour résister à la tentation, il faut l’éviter en ayant de bonnes habitudes de vie, d’alimentation, de sommeil. Qu’il faut faire de l’exercice, toujours apprendre et faire fonctionner son esprit. Etre curieux. Ne pas s'apitoyer sur son sort et trouver des passions.

En conclusion, on ne peut surtout pas dire que tous les efforts faits pour lutter contre la tentation sont inutiles, mais ils doivent être utilisés comme le dernier moyen de lutter contre de mauvais comportements. «Parce que même si l’ange perd la plupart du temps, il y a toujours une chance que l’ange gagne».

 

 

 

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