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La terroriste néonazie présumée Beate Zschäpe sort enfin de son silence

Elle a condamné les faits qui lui sont reprochés tout en continuant à minimiser son rôle.

CHRISTOF STACHE / POOL / AFP
CHRISTOF STACHE / POOL / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Der Spiegel, Der Tagesspiegel, Deutsche Welle, Frankfurter Allgemeine Zeitung

Au bout de trois ans et demi durant lesquels elle est restée mutique face aux juges et aux familles des victimes, la terroriste néonazie présumée Beate Zschäpe est enfin sortie de son silence obstiné jeudi 29 septembre 2016, au 313e jour du procès. L'ex-membre de la cellule néonazie NSU, qui a commis au moins dix meurtres et deux attentats à la bombe durant ses treize ans d'existence souterraine, a lu une brève déclaration devant le tribunal de Munich, rapporte l'hebdomadaire Der Spiegel.

Avec une voix mal assurée et un débit pressé, Beate Zschäpe a affirmé qu'elle s'identifiait autrefois «totalement avec certains aspects de l'idéologie nationaliste» mais que ce n'est plus le cas:

«Aujourd'hui, je ne juge plus les gens en fonction de leur origine et de leur position politique, mais en fonction de leur comportement», a-t-elle précisé.

Elle a également ajouté qu'elle «condamne ce que Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos [les deux autres membres de la cellule, qui se sont donné la mort le 4 novembre 2011, ndlr] ont fait aux victimes».

Après cette brève déclaration qui n'a pas excédé une ou deux minutes selon les journalistes présents dans la salle d'audience, l'accusée s'est à nouveau murée dans son silence, ne daignant même pas accorder un regard à l'avocat d'une des victimes qui lui demandait si elle était désormais prête à répondre à ses questions, rapporte le quotidien Der Tagesspiegel.

La presse allemande, qui couvre depuis le 6 mai 2013 ce procès-mammouth, le plus grand procès lié au terrorisme depuis la Réunification, ne voit dans cette déclaration qu'une tactique supplémentaire de Zschäpe et ses avocats «pour sauver sa peau», comme titre la station de radio internationale Deutsche Welle sur son site internet. De même pour les quotidiens Frankfurter Allgemeine Zeitung et Der Tagesspiegel, qui titrent respectivement «Beate Zäpsche est capable de parler» et «Une hypocrite sort de son silence».

Ce dernier lui reproche de persister à prétendre qu'elle n'était pas impliquée dans les crimes racistes commis par le trio. Dans une déclaration écrite que ses avocats avaient lu en son nom en 2015, Beate Zschäpe avait affirmé qu'elle avait protesté contre ces meurtres mais qu'elle n'avait pas trouvé la force de se libérer de la dépendance émotionnelle qui la liait selon elle à Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos.

Der Tagesspiegel répond à cette version des faits en reprenant froidement la liste des meurtres racistes commis par la NSU:

«Pas après le premier crime: Enver Simsek, 38 ans, 11 septembre 2000, à Nuremberg.»

 

«Pas après le second: Abdurrahim Özüdogru, 49 ans, 13 juin 2001, également à Nuremberg.»

«Ou après tous les autres: Süleyman Tasköprü, 31 ans, 27 juin 2001, à Hambourg. Habil Kilic, 38 ans, 29 août 2001, à Munich. Mehmet Turgut, 25 ans, 25 février 2004, à Rostock. Ismail Yasar, 50 ans, 9. juin 2005, à Nuremberg. Theodoros Boulgarides, 41 ans, 15. Juni 2005, à Munich. Mehmet Kubasik, 39 ans, 4 avril 2006, à Dortmund. Halit Yozgat, 21 ans, 6 avril 2006, à Cassel. Et Michèle Kiesewetter, 22 ans, 25 avril 2007, à Heilbronn.»

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