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Pourquoi nous sommes devenus obsédés par les sourcils

La façon dont les femmes gèrent leurs sourcils est devenu un vrai business, mais aussi une vraie revendication.

Cara Delevingne, le 21 juillet 2015 à New York. Dimitrios Kambouris / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Cara Delevingne, le 21 juillet 2015 à New York. Dimitrios Kambouris / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian, The Huffington Post

On l’appelle «l’expert mondial des sourcils». Jared Bailey, qui travaille pour Benefit Cosmetics (une filiale de LVMH), est tellement célèbre pour tout ce qui concerne la pilosité surmontant nos yeux que sa signature d'e-mail est «Ne laissez jamais quelqu’un avec de vilains sourcils vous dire de la merde sur votre vie».

Au Guardian, il explique que son travail est de plus en plus important car le business du sourcil est en pleine explosion: le produit Wunderbrow est un best-seller sur Amazon et rien qu’en Angleterre, le secteur vaut 20 millions de livres aujourd’hui contre 6,5 il y a seulement cinq ans. Il existe des millions de tutoriels sur YouTube et même une technique proche du tatouage pour rendre ses sourcils plus visibles.


Comment le monde est-il devenu obsédé à ce point par les sourcils? La réponse tient en deux mots: Cara Delevingne. La mannequin devenue actrice, en revendiquant ses sourcils plus épais, est devenue une icône pour les jeunes femmes qui étaient tentées de rendre les leurs plus fins.

«Elle a diffusé les sourcils au plus grand nombre, explique Bailey, et c’est devenu tellement puissant. Les siens sont un peu plus grand que la moyenne, mais la façon dont elle les a assumé et dont elle en a fait quelque chose de positif a poussé les femmes à vouloir des sourcils plus naturels.»

On en vient même à parler du pouvoir des sourcils, véhiculés par des stars des réseaux comme Kim Kardashian ou Kylie Jenner, qui ont toutes les deux des «sourcils puissants», note le Guardian. En affichant ce type de sourcils via leurs innombrables selfies, elles affirment leur capacité à se définir elles-mêmes et invitent leurs fans à faire de même.

«Mes amis qui ne sont pas intéressés par la mode ont plus d’intérêt pour la beauté, et les sourcils surtout, explique au Guardian la journaliste spécialisée de Refinery29 Alice Casely-Hayford. Les faux cils et les injections dans les lèvres, que l’on voit chez les Kardashians, ne sont pas pour tout le monde. Mais n’importe qui peut s’occuper de ses sourcils.»

Bien sûr, ces femmes célèbres travaillent beaucoup leurs sourcils (la mode du make-up qui a l'air de ne pas en être), ce qui biaise un peut la sensation de «naturel». Mais l’épilation des sourcils a toujours été une préoccupation pour les femmes, mais souvent malgré elles, par souci de coller aux stéréotypes véhiculés par les marques et les vedettes du grand écran qui affichaient des sourcils fins, souvent dessinés au crayon.

Ces dernières années, on a compris, en partie grâce à Delevingne, que le sourcil qu’on laisse pousser peut être «puissant» et se transformer en revendication féministe, comme l’expliquait Kate Cunnington sur le Huffington Post en 2015. «Les sourcils façonnent votre visage, tout le monde peut les voir», écrit-elle avant d’ajouter: «Le corps des femmes est jugé sur le moindre détail, à tel point que le simple fait de choisir votre façon de faire pousser vos poils devient un acte de résistance.» Les sourcils sont un détail sur le visage d’une femme, mais un détail qui permet désormais, au-delà du business que l’entoure, de s’affirmer dans un monde toujours aussi normé. 

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