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Jouez vos décisions importantes à pile ou face, le hasard rend heureux

Changer de métier, quitter la personne qui partage votre vie, déménager: dans le cadre de certains décisions difficiles à prendre, le recours ultime au «pile ou face» finit par constituer la seule porte de sortie envisageable. Les résultats donnent envie de laisser plus souvent certains choix cornéliens au hasard...

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Pile ou face | Gerwin Sturm via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes

Vous-êtes vous déjà retrouvé(e) face à une décision importante mais si difficile à prendre que vous avez failli sortir une pièce de votre porte-monnaie afin de trancher à pile ou face? Un chercheur en sciences économiques de l’université de Chicago a travaillé avec une revue de Cambridge pour déterminer ce qui se produit lorsqu’une personne décide de lancer la pièce puis de suivre (ou non) la décision découlant du hasard.

Bien au-delà du simple jeu de pile ou face, c’est le caractère binaire de certaines décisions primordiales qui a intéressé Stephen D. Levitt: lorsqu’on hésite à quitter son job ou son conjoint, à devenir parent, à déménager ou à lancer son entreprise, le fossé entre le «oui» et le «non» est évidemment vertigineux. Et les résultats obtenus ne semblent guère nous inviter à jouer les autruches. Parmi les personnes invitées à opérer un changement radical dans leur existence, celles qui ont suivi cette décision semblent particulièrement satisfaites d’avoir été influencées par une simple pièce.

C’est la façon de procéder à cette étude qui se révèle particulièrement futée: puisque, comme l’explique Levitt dans son article, il n’était pas possible de choisir un millier de couples puis de demander à la moitié d’entre eux de divorcer, il a fallu agir autrement. Le chercheur américain a d’abord lancé un sondage sur son site FreakonomicsExperiments.com, sur lequel des personnes confrontées à un choix cornélien sont invitées à remplir un questionnaire portant sur leur décision à prendre.

Invités à lancer une pièce virtuelle leur indiquant quelle décision prendre, les sujets ont ensuite été réinterrogés deux mois puis six mois après le lancer décisif, avec notamment deux questions. Premièrement, avaient-ils suivi la décision conseillée par la pièce? Deuxièmement, se sentaient-ils plus heureux qu’avant d’avoir pris leur décision?

Suivez le lapin blanc

Parmi les conclusions de l’étude, il s’avère que les personnes qui ont procédé à un changement important dans leur vie sont plus heureuses que celles qui ont opté pour le status quo, que ce soit deux mois ou six mois après avoir lancé la pièce.

 Au bout de six mois, la réponse semble nettement moins timorée: une grande majorité semble tout à fait satisfaite des résultats obtenus

Le résultat du lancer semble avoir réellement influé sur la décision d’une partie des sujets de l’étude, les personnes ayant tiré «pile» (le côté de la pièce correspondant au changement) étant 25% de plus à avoir opté pour le changement que les personnes ayant obtenu «face».

L'écart est encore plus important en ce qui concerne les décisions jugées comme moins importantes, comme se teindre les cheveux ou s’inscrire au club de sport, parce qu’il est forcément plus délicat de laisser une pièce choisir à notre place quand il s’agit de décisions susceptibles de révolutionner notre existence.

Immatures mais heureux

Deux mois après avoir décidé de tout plaquer ou d’opérer des modifications radicales dans leur vie, les sujets interrogés décrivent généralement leur existence comme «pas pire que précédemment». Au bout de six mois, la réponse semble nettement moins timorée: une grande majorité semble tout à fait satisfaite des résultats obtenus. Le changement, c’est le chaos, l’incertitude poussée à son paroxysme: on doit retrouver ses marques, se définir de nouveaux repères, réapprendre à se connaître…

Si le recours au pile ou face doit évidemment être limité (sous peine de faire ressembler sa vie à un des fameux Livres dont vous êtes le héros, avec ses mille conclusions funestes dès qu’un lancer de dés ne produit pas un score satisfaisant), et même s’il semble irresponsable d’utiliser cette méthode lorsqu’il s’agit de décisions vitales, l’enquête n’est pas si négative : elle montre qu’une réponse «positive» de la pièce peut finir par mettre le pied à l’étrier d’une personne hésitante, et que celle-ci finit généralement par s’en féliciter.

Méthode immature? Peut-être. Résultats qui rendent heureux? La plupart du temps. De quoi donner envie de laisser la chance s’exprimer lorsque le prochain dilemme de notre existence se présentera à nous. Et si le sort persiste à s'acharner, il conviendra peut-être de remettre toute son existence en question.

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