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Faut-il être fou pour installer sur un désert hostile l’un des plus grands festivals au monde?

Burning Man, festival néo-hippie vient de fêter ses trente ans dans un désert aride des États-Unis. Entre musique, drogue, méditation new age et créativité, 70.000 personnes ont vécu une semaine où tout était possible. Reportage dans la poussière.

The flames of El Pulpo Mechanico 1, Black Rock City, Burning Man 2016, Black Rock Desert, Nevada, USA. <a href="https://www.flickr.com/photos/doctorow/29393544222/">Cory Doctorow</a> via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">License by.</a>
The flames of El Pulpo Mechanico 1, Black Rock City, Burning Man 2016, Black Rock Desert, Nevada, USA. Cory Doctorow via Flickr CC License by.

Temps de lecture: 12 minutes

Black Rock City (Nevada, États-Unis)

«Welcome home», me dit un jeune ranger tout blanc. Il a les cheveux longs, une lampe torche au front, un masque chirurgical sur le nez et une gourde en aluminium à la ceinture. Il est entièrement recouvert d’une épaisse poussière blanche. «Welcome home», répète-t-il.

Il est près de quatre heure du matin, ce jeudi 25 août, lorsque je franchis le fameux gate de Burning Man après plusieurs heures d’attente. Cette entrée officielle sépare la vie civilisée, moderne et connectée, la vie «par défaut» comme on le dit ici, de l’«autre» vie. Une vie en communauté, plus naturelle et, dit-on, plus «généreuse». Celle que, comme plus de 70.000 personnes, je m’apprête à vivre pendant une semaine.

Et aussitôt le check-point passé, lorsque apparaissent, entre des rafales de poussière, des milliers de tentes blanches dans la nuit merveilleusement étoilée, au loin les montagnes noires éclairées par la lune, et là, sur la terre, ce désert sans eau ni électricité, sans route, sans voiture, presque sans vie, je comprends qu’il n’y a plus de retour possible à la «civilisation». Il faut passer en mode «survie». Et le voir pour y croire. Un seul mot vient alors à l’esprit, un son à peine: «OUAHHHHH».

Partout la poussière

Le festival Burning Man a été créé ici, dans l’Ouest américain, il y a trente ans; d’abord en Californie, avant d’émigrer dans le Nevada, où il se tient depuis 1990.

Sa philosophie néo-hippie est basée sur une dizaine de principes simples, parmi lesquels le don et la gratuité (quasiment aucun argent ne circule), l’absence de marques et de marchandisation de quelque sorte que ce soit, l’expression artistique radicale, un mode de vie autosuffisant (et partiellement écologique) ou encore la vie en communauté. On peut y ajouter l’absence d’électricité, d’eau courante et bien sûr de connexion internet –en gros, une vie spartiate et (presque) à l’état de nature. (Il y a toutefois partout des toilettes à Burning Man et des sortes de chasse-neiges qui aplatissent et égalisent les «rues»).

Mais il y a plus: the dust, ou la poussière. La véritable spécificité de Burning Man, c’est elle. La poussière est partout; elle envahit tout; elle arrive petit à petit durant la journée, et puis tout à coup en violentes rafales. Elle imprègne les habits et les sous-vêtements, envahit les tentes, décolore les cheveux, abîme les pieds, les mains et les lèvres, aveugle et assèche tout. On la mange; on l’avale; on la respire; on en a plein la vue.

Le Black Rock Desert, où a lieu chaque année Burning Man, a un sol très alcalin: une terre fine, blanche, qui rappelle un peu le bicarbonate de soude. Ce n’est ni un désert de sable ni de roche et, au moindre coup de vent, le sol s’envole littéralement. Lors d’une tempête, même modeste, les rafales deviennent impressionnantes; en cas d’orage, c’est le désastre boueux.

De fait, même lorsqu’ils font Burning Man dans de luxueuses caravanes ou dans des «RV» quatre étoiles (ces «véhicules récréatifs» qui sont bien aménagés et tout en longueur), les burners n’échappent pas à la poussière. On ne peut guère vivre cette aventure dans le luxe, même quand on est Paris Hilton!

Faut-il être fou pour installer sur ce désert hostile l’un des plus grands festivals au monde? On dira que cela fait partie de l’expérience. Sans doute. Alors, chacun s’organise.

«L’eau, c’est de l’or ici»

Emma maîtrise bien les questions de logistique. Ce n’est pas son premier burn. Cette Française qui a fait une nouvelle fois, cette année, le déplacement dans le Nevada, ne sous-estime pas l’ampleur de la tâche. Elle s’occupe de l’intendance et de la cuisine pour l’un des camps, parmi des centaines à Burning Man. Quand les festivaliers se demandent: quelle est la meilleure fête de la playa (comme on appelle ici la place centrale de Burning Man)? Quel costume choisir? Quel cours de yoga suivre? Ou même, parfois, quelle drogue faut-il prendre?, Emma, elle, a d’autres urgences et d’autres priorités: elle doit nourrir soixante personnes dans le désert et cela suffit à sa peine.

«Il y a plusieurs équipes dans notre camp. J’ai accepté de m’occuper de la cuisine. Il faut quand même nourrir soixante personnes pendant une dizaine de jours. C’est un vrai challenge compte tenu des conditions matérielles dans lesquelles on vit ici, dans le désert. En plus, il y a beaucoup de végétariens, de vegans, de personnes qui ne consomment pas de gluten… car nous sommes quand même aux États-Unis! Il faut donc concevoir toutes sortes de menus et en même temps s’organiser pour ne pas être à court de nourriture.»

Dust Storm, 9-1. BLM Nevada via Flickr CC License by.

Emma était early arrival, elle est arrivée une semaine à l’avance. Elle est allée faire les courses dans les supermarchés de Reno, la ville la plus proche de la cité éphémère Black Rock City (et qui se trouve quand même à 200 km et presque trois heures de route). «On a privilégié l’eau de coco, les fruits séchés, les protéines, le lait de soja, les barres de céréales et les sucres lents. Sans oublier la tequila, car il faut davantage de sel que de sucre pour lutter contre la déshydratation!»

Le petit manuel de survie à Burning Man comporte quatre éléments vitaux. L’eau d’abord. Il faut en boire au moins quatre litres par jour et la transporter partout avec soi dans un «camel bag» (gourde-sac ou sac à dos à eau). Comme il n’y en a nulle part dans ce désert trop aride, il faut emporter l’eau avec soi –pour une semaine de festival, en comptant les besoins pour la cuisine et la toilette, cela fait déjà beaucoup d’eau à transporter par personne. «L’eau, c’est de l’or ici», confirme Emma.

Ensuite, la lumière. Dès le coucher du soleil, à 19h30 environ cette semaine, la nuit envahit Burning Man. On ne se déplace plus alors qu’avec une lampe au front ou une torche à la main. Enfin, deux autres «outils» sont indispensables pour survivre dans ce désert dès que le vent se lève: un masque de plongée pour protéger ses yeux, les lunettes de soleil étant insuffisantes; un masque chirurgical pour couvrir son nez et sa bouche et pouvoir respirer tranquillement dans la poussière. Il y a des variantes: certains portent de larges foulards qui rappellent les beaux pirates ou les jeunes Palestiniens des Intifadas; d’autres ont des scaphandres comme s’ils allaient sous l’eau; d’autres enfin utilisent leurs costumes déjantés pour cacher leur visage derrière un masque hermétique duquel ne sort qu’un tuba relié au «camel bag», pour s’abreuver tel un animal.

«Leave no trace»

La métaphore animalière n’est pourtant guère pertinente. À Burning Man, personne n’est Robinson Crusoé isolé sur son île, et il ne s’agit pas non plus d’une expérimentation néo-rousseauiste de retour à l’âge d’or de l’état de nature. C’est au contraire un projet post-moderne, new age, de réenchantement du monde après la mort de Dieu et la fin des religions.

Selon un recensement interne annuel, le profil type du burner est mature: 99% des participants ont plus de 19 ans et la majorité d’entre eux ont entre 30 et 50 ans. La plupart des participants du festival sont diplômés et plutôt aisés. Ce sont surtout des hommes (à 59%) et le pourcentage des gays et lesbiennes (7,7%) et autres bicurious et «bisexuels» (respectivement 11% et 9,4%) y est plus élevé que dans la vie «réelle» (66% seulement des participants se déclarent «hétérosexuels»). La majorité est constituée d’Américains (à près de 80%), les Canadiens arrivent ensuite (6%) suivis par les Européens. Mais il y a peu d’Africains, peu d’Asiatiques et finalement peu de diversité ethnique (on voit peu de Noirs à Burning Man et presque aucun Indien, bien qu’ils constituent une partie significative de la population locale, dans le Nevada). Enfin, le français est la troisième langue de Burning Man après l’anglais et l’espagnol.

Black Rock City est une ville temporaire, une urbanité du futur. Il s’agit de dépasser la société de consommation, de s’émanciper de l’argent et des échanges commerciaux. Même le troc est interdit à Burning Man, on ne peut pas échanger de l’eau contre de la farine, par exemple: on donne. Seul le don est légitime, l’art de donner sans attendre rien en retour.

Les dimensions écologiques et contre-culturelles sont au cœur de Burning Man. Le plus célèbre slogan du festival est d’ailleurs «Leave no trace»: chaque burner ne doit laisser aucune trace dans le désert et donc repartir avec tout ce qu’il a apporté avec lui en venant. Il n’y a ni poubelle, ni station de recyclage; on ne peut même pas rejeter d’eau usée dans le désert au risque de le polluer. La seule chose autorisée est de brûler les consommables usités, le papier, le carton et autres burnables.

Tout brûle, d’ailleurs. Les œuvres d’art crachent le feu comme les art cars et les mutant vehicles –les véhicules «artistiques» sont les seuls autorisés à circuler dans les camps et sur la playa. Et le «Man», qui symbolise à lui seul le festival, flambe aussi: c’est une immense sculpture de bois, librement inspirée cette année du célèbre dessin L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Il a été brûlé collectivement le samedi soir dans un grand moment de communion et de fête.

Un festival aux multiples facettes

Il y a de nombreuses façons de faire Burning Man. On peut choisir l’art et se concentrer sur l’open playa, véritable désert devenu lieu d’exposition géante en plein air. On peut privilégier la musique et les concerts, généralement le soir et la nuit (le guide «musique» de Burning Man comporte quarante pages). On peut, à l’inverse, vivre surtout le jour dans la méditation ou suivre des cours de yoga. Ou encore flirter avec le mouvement hippie, privilégier le naturisme ou fréquenter les naked bars.

Lina est cinéaste et elle est une habituée de Burning Man. «Cette année, je danse beaucoup et je rencontre des gens incroyables», me dit-elle. Elle passe beaucoup de temps à explorer, à bicyclette, les œuvres d’art et les art cars disséminés sur plusieurs kilomètres. «La culture est incroyable ici. Le fait d’être dans la poussière est une expérience magique. On est tous couverts de poussière blanche et on devient soi-même à son tour de véritables créatures! Et comme il fait tellement chaud le jour, et tellement froid la nuit, ces conditions extrêmes ont des conséquences sur la créativité.» Comme beaucoup, elle ne rate jamais les levers et les couchers du soleil, effectivement splendides, l’aube et l’aurore étant des rituels à ne manquer sous aucun prétexte pour tous les burners.

La quasi-absence d’Internet et des communications électroniques à Burning Man offre aux personnes hyper-connectées durant l’année une occasion de «déconnexion» ou de sevrage numérique temporaire (parmi les personnalités qui sont déjà venues sur la playa, on peut noter le nom des cofondateurs de Google ou de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook).

Tout au long de l’année, Jim Ball est un entrepreneur de Boston et sa start-up connaît le succès; l’été, à Burning Man, il est l’un des animateurs de la Root Society. «Nous sommes un “music camp”, me dit-il. Le soir, notre camp propose à tout le monde, sur place, un line up des meilleurs DJ’s. Puis, vers minuit, notre “mobile art camp” quitte le campement et circule avec ses DJ’s partout dans Burning Man jusqu’à l’aurore.» Il est étrange de voir ce businessman dans la poussière, avec ses lingettes bébé Huggies, ses ZipLocs, son aloe vera en version crème hydratante et ses «électrolytes», des sels minéraux de réhydratation. Lui aussi est venu faire, comme chaque année, son hippie trail.

Ici, pas de montre, pas d’heure, ni de radio réveil: juste le ciel et le soleil pour se repérer –comme au temps de Léonard de Vinci. Le lever du jour ? Il est 6h25 du matin. Le coucher du soleil? Il est 19h30.

Jim Ball adore! Et il ne voit là aucune contradiction avec sa vie de famille bien rangée à Boston. Au contraire.

«Toute l’année, je travaille avec ma tête, et ici je travaille avec mes mains. Toute l’année, je suis super-connecté, dépendant de mon smartphone en permanence, du temps, et ici je suis complètement déconnecté, en digital détox. Cela me revitalise et me rajeunit. Pour moi, Burning Man est un moment de contemplation, hors de la réalité. Et puis il y a les hugs: ici tout le monde s’embrasse, se serre dans les bras. Il y a plus de hugs que nulle par ailleurs!»

Sur un art car baptisé BOJON (lu à l’envers cela signifie NO JOB, «pas d'emploi») ont été greffées d’immenses tentacules: les burners montent alors à bord au fur et à mesure de son passage sur la playa et dansent toute la nuit sur une électro rapide, sur de la deep house, mais aussi sur de la disco plus lente, de type «I’ll Be There», et naturellement sur «Green Desert» de Tangerine Dream ou «Desert Music» de Steve Reich. Ici, il n’y a aucun VIP, aucun ticket d’entrée, aucune liste de guests, aucune limitation de jauge, aucun privilégié. Tout le monde est à égalité; seul le sable poussiéreux est l’arbitre de toutes les vanités.

Un festival new-age et néo-hippies

Burning Man est en fin de compte un théâtre de toutes les expérimentations. Au-delà de la musique et de l’art, de nombreux camps présentent des cours de yoga, des pratiques alimentaires innovantes (par exemple, cette année, les «Flying Falafels»), des moments de méditation ou des propositions new age. Au «Naked Bar», on peut boire à volonté, à condition d’être nu. Au camp «Suburbia», où les hippies et les hipsters se rejoignent, on critique la vie caricaturale des banlieues. A l’Altitude Lounge, on s’habille en kilt mais sans sous-vêtements («No undies under Kilts»). Dans les pages du Piss Clear, devenu BRC Weekly, le journal de Burning Man, on peut découvrir des territoires inconnus: «Get Weird! It’s OK!». A l’Anahasana Village, des cours d’«Acro Yoga» (un yoga aérien où le partenaire vole ou nage) et de «Contact Kissing» sont proposés; des médecines alternatives sont imaginées; des conseillers en naturisme (à ne pas confondre avec le nudisme) offrent aussi des séances de «Naked Counceling». Ailleurs, on vous explique comment bien trier ses déchets entre les produits «recyclables», «burnables», le «compost» (fait de produit organiques qui peuvent servir de fertilisant) et les simples ordures.

Exodus from Burning Man. Beth Scupham via Flickr CC License by.

Burning Man est évidemment un festival de «gauche», si le mot à un sens dans ce désert peu politisé. Ce n’est pas une terre favorable à Donald Trump, bien qu’on soit dans un État traditionnellement de droite. La majorité des burners votent démocrate (à près de 42%) et les Républicains sont très minoritaires (6%). Pourtant, les écologistes, les indépendants, les libertariens et surtout les non-affiliés politiques constituent une majorité (41% des burners ne s’identifient ni aux républicains, ni aux démocrates).

Peu politisé, Burning Man est également peu religieux, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer: 71% des participants ne s’affirmaient pas croyants en 2015. Pourtant, les pratiques spirituelles sont présentes, venues de l’Extrême-Orient, de l’Inde, de l’Afrique ou même empruntées aux Incas. Cette dimension poly-spirituelle, œcuménique, se retrouve dans le «Temple», une immense construction de bois non religieuse, qui permet aux vivants de se «réparer» (healing), de méditer ou de se recueillir pour rendre hommage aux amis ou aux parents disparus. Le Temple est lui aussi brûlé (le dimanche soir) comme l’est, la veille, l’effigie du Burning Man.

En fin de compte, c’est la liberté qui domine l’expérience des burners. Chacun est libre de faire ce qu’il veut dans cet univers adulte sans bornes ni limites. Et si une expression devait être retenue pour résumer la philosophie de Burning Man ce serait peut-être celle-ci: non judgmental. Loin des étiquettes, des identités, des règles, des normes, sans hiérarchies ni autorités, dans un anarchisme bon enfant, chacun est libre de faire ce qu’il veut sans être jugé. C’est Woodstock en 2016. C’est le freewheeling de Bob Dylan redécouvert au XXIe siècle. Peace & Love.

Un bilan carbone ridicule

Burning Man suscite toutefois des critiques. Certains lui reprochent son prix d’entrée, autour de 400 dollars, ce qui est en fait bon marché pour une semaine où tout est gratuit. Pour autant, le billet d’avion pour se rendre au Nevada, les besoins matériels (du camping à l’alimentation), sans compter l’eau, qui est ici un produit de luxe, font monter la note de manière inévitable.

L’embourgeoisement et la commercialisation du festival font également l’objet de critiques récurrentes. Cependant, les conditions matérielles difficiles du désert et l’absence de toutes marques (même les véhicules de location comme Budget ou U-Haul voient leurs noms caricaturés sur la playa) rendent ces critiques finalement peu pertinentes. Stars et inconnus, P-DG et employés de Walmart: tout le monde est anonymisé sur sa bicyclette (bien que celles-ci soient transportées à grands frais jusque sur la playa). «La bicyclette est votre meilleur ami», résume Emma, qui aime cet esprit de liberté, d’égalité et de communauté.

Mais c’est sur d’autres points que Burning Man est plus discutable. D’abord, sur sa philosophie environnementaliste. Pensé comme une ville hors de la société de consommation, le festival a un bilan carbone ridiculement élevé compte tenu des cracheurs de feux innombrables, des générateurs électriques omniprésents, des besoins matériels nouveaux qu’il impose aux burners pour survivre (des tonnes de sacs plastiques, de masques, de gants, de lingettes pour se nettoyer, de produits d’emballages pour la nourriture, etc.).

Enfin il y a la drogue, véritable non-dit de Burning Man (et ce d’autant plus que, désormais, la police et les rangers veillent) mais qui circule partout, sous toutes ses formes, de tente à tente, de la main à la main et –hélas– de seringue à seringue. Elle circule d’autant plus facilement que les échanges sont basés sur le don –elle est donc généralement offerte. Triste paradoxe.

En dépit de ces limites et de l’omniprésence de la poussière, qui pourrait suffire à décourager ceux qui ne sont pas habitués au camping rough ou roots, la beauté de Burning Man suffit à compenser ces conditions spartiates. Car si, le jour, les campements donnent parfois l’impression de ne rassembler que quelques communautés hippies en rupture de ban, la nuit offre un tout autre spectacle. La playa devient alors magique: les costumes les plus extravagants; les œuvres d’art les plus folles; les parties les plus déjantées; les expérimentations les plus inimaginables. Dès le coucher de soleil, que tout le monde fête en hurlant comme des loups, la beauté de la nuit apparaît. Une beauté à couper le souffle.

Que nos fêtes des Lumières de Lyon paraissent provinciales en comparaison! Que nos Gay Prides et autres Techno Parades semblent tièdes à coté! Burning Man a mille fois la puissance du feu d’artifice de la Tour Eiffel. Dix mille fois les Grandes Eaux de Versailles! Devant nous, à perte de vue, voici Las Vegas à but non lucratif. Voici Los Angeles en mode survie. Voici l’Amérique –en grand, en liberté, et qui flambe encore.

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