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Vos sushis au thon étaient peut-être à la baleine

Parmi des milliers d’échantillons de poissons et fruits de mer étudiés dans 55 pays, un sur cinq était mal étiqueté.

<a href="https://www.flickr.com/photos/78474083@N03/6880214932/">fish</a> | Maarit Lundbäck via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
fish | Maarit Lundbäck via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Oceana, Time, New York Times

Au rayon des produits de la mer, la fraude est très présente. C’est la conclusion du rapport publié ce mercredi par Oceana, une ONG de défense des océans. Le document compile les résultats de 200 études, réalisées dans 55 pays du monde, sur tous les continents sauf l’Antarctique (mais surtout aux États-Unis et en Europe, comme le montre la carte interactive).

Ce qui représente 25.700 échantillons, prélevés à différentes étapes des chaînes d’approvisionnement. Et parmi tous ces poissons et fruits de mer, un sur cinq était mal étiqueté, et donc frauduleux (substitution d’espèce, mauvaise origine…).

Les auteurs de l’étude mettent en avant des cas particuliers plus extrêmes. Le plus gros imposteur, c’est le «poisson-chat asiatique». C’est l’espèce la plus «substituée», vendue sous le nom de 18 autres poissons différents, pour des valeurs différentes…

En Italie, 82% des 200 échantillons de mérou, de perche et d’espadon testés étaient mal étiquetés. Et près de la moitié des «poissons de substitution» étaient alors des espèces menacées d’extinction. Une autre étude menée dans des restaurants de Bruxelles montre que 98% des 69 plats de thon rouge testés contenaient en réalité un autre poisson.

Autre exemple, dans un restaurant de Santa Monica, en Californie, les chefs préparaient des sushis soi-disant au thon… Il écoulaient en réalité des morceaux de baleine. Le caviar est un aliment très propice à la fraude: dans une recherche consacrée à ce sujet, 10 des 27 échantillons achetés autour de la Mer Noire et du Danube étaient mal étiquetés. Une étude allemande de 2015 montre que la moitié des échantillons vendus comme de la sole était en réalité un autre poisson à plus faible valeur.

Un chemin long, complexe et non-transparent

D’après le rapport, 65% des études montrent clairement que le mauvais étiquetage répond à une motivation économique. Et, plus inquiétant, 58% des échantillons d’espèces faussement étiquetées pourraient poser un risque de santé pour certains consommateurs.

Beth Lowell, directrice de campagne chez Oceana, explique dans un communiqué:

«Sans le suivi de tous les produits de la mer, tout au long de la chaîne d’approvisionnement, les consommateurs continueront à être trompés, les honnêtes pêcheurs qui travaillent dur seront toujours sous-payés, et la productivité à long terme de nos océans sera toujours en danger. Il est clair que la fraude aux produits de la mer ne respecte aucune frontière. Le chemin entre le bâteau de pêche ou la ferme et nos assiettes est long, complexe et non transparent, en proie à des opportunités de fraude et de mauvais étiquetage.»

Alors Oceana pousse le gouvernement américain à mettre en place plus de mesures globales (et pas seulement pour les espèces «à risque») de lutte contre cette fraude aux produits de la mer. Comme le souligne l'ONG, les mesures prises par l’Union Européenne pour plus de transparence dans ce domaine semblent être efficaces, puisque le taux de produits frauduleux est passé de 23% en 2011 à 8% en 2015. Ce rapport arrive en tous cas une semaine avant la Conférence Our Océan à Washington, dont l’un des grands thèmes sera la pêche durable. 

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