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Un modèle en 3D d'Auschwitz pour mieux juger les criminels nazis

Cette reproduction permet de déterminer ce que voyaient vraiment les employés du camp d'extermination.

Capture Twitter
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Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Süddeutsche Zeitung, Der Spiegel

«Nous n'avons rien vu, nous ne pouvions rien voir.» Presque tous les anciens SS qui ont dû répondre de leurs actes face à la justice allemande au cours des dernières décennies ont adopté la même ligne de défense, celle consistant à affirmer qu'ils ignoraient ce qu'il se passait dans les camps de concentration où ils étaient employés autrefois. Ce genre d'affirmation étant très difficile à vérifier pour les tribunaux, l'Office bavarois de police criminelle a conçu un modèle en 3D du camp d'Auschwitz pour résoudre ce problème, rapporte le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung:

«Les participants d'un procès peuvent circuler dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et voir ce que les prévenus ne pouvaient soi-disant pas voir, ce que les témoins décrivent, ce que les experts reconstituent. Une promenade virtuelle sur les lieux tels qu'ils étaient en 1944, une sorte de “Google Street View” sur le théâtre d'une tuerie de masse.»

Ce modèle a été élaboré à partir de quatre types de données: des photographies aériennes du camp d'Auschwitz, un modèle numérique du terrain fourni par le cadastre polonais, des plans de construction du camp conservés aux archives sur lesquels se trouvaient les bâtiments, les baraques et les chambres à gaz qui ont été dynamités et des scans des bâtiments, des baraques et des miradors qui sont toujours debout.

Les concepteurs de cette visite virtuelle d'Auschwitz sont même parvenus à reconstituer les arbres, à l'endroit précis où ils se trouvaient. Un détail qui n'en est pas un, souligne le quotidien: «Tout ceci sert de base pour répondre à la question potentiellement décisive d'un procès: qu'est-ce qu'un gardien pouvait-il voir d'un meurtre commis des millions de fois?»

Cet outil aurait dû servir pour la première fois en 2014 lors du procès pour complicité de meurtre de Johann «John» Breyer, gardien de la division SS Totenkopf au camp d'Auschwitz-Birkenau. Mais celui-ci est décédé peu avant son procès.

En juin 2016, un autre employé d'Auschwitz, l'ancien SS Reinhold Hanning, 94 ans, a été déclaré coupable de complicité du meurtre d'au moins 170.000 personnes. Le modèle 3D d'Auschwitz a été mis à disposition du tribunal durant le procès. Ce qui a fait conclure la juge Anke Grudda lorsqu'elle a prononcé son verdict:

«Nous considérons comme exclu que vous n'ayez pas vu ne serait-ce qu'une seule fois comment les déportés, qui ne se doutaient de rien, étaient conduits dans les chambres à gaz.»

Bien que les anciens employés des camps de concentration nazis soient aujourd'hui presque tous morts, la chasse aux nazis se poursuit en Allemagne. Huit autres anciens nazis, employés dans le camp de concentration du Stutthof, dans les environs de Gdansk, en Pologne, font actuellement l'objet d'une enquête pour complicité de meurtre, rapportait l'hebdomadaire Der Spiegel en août 2016.

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