Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Project: Time off, Travel and Leisure, Enterprise Holdings
Qui a dit que la génération Y –cette tranche de jeunes gens nés entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990– ne voulait plus travailler? Sûrement pas les auteurs de cette nouvelle étude américaine de «Project: Time off». Ils affirment que les trentenaires sont bien plus accros au travail que les autres et que ça n'est pas une bonne nouvelle pour leurs collègues. Les Américains ne partent plus en vacances, préférant se tuer au travail. 55% d’entre eux n’ont pas pris l’intégralité de leurs jours de congés en 2015, ce qui laisse près de 658 millions de jours non utilisés.
La génération Y a créé un nouveau modèle de conception du travail, une conception totalement masochiste, une «ère du martyre au travail», explique l’étude, où le travail est plus important que l’épanouissement dans sa vie privée et même, son propre bonheur. Les meneurs de l’étude ont mis au point quatre assertions:
«Personne d’autre dans mon entreprise ne peut faire mon travail quand je ne suis pas là.»
«Je veux montrer que je suis complètement dédié à mon entreprise et à mon travail.»
«Je ne veux pas que les autres pensent que je peux être remplacé.»
«Je me sens coupable d’utiliser mes congés payés.»
Si vous y répondez positivement, vous êtes officiellement un martyr du travail. 5.600 employés de tous âges ont été interrogés par «Project: Time off». Et parmi ceux de la génération Y, 43% font partie de ces «martyrs». 48% d’entre eux se disent même «content d’être vus comme tel par le patron», contre 39% de la génération X (nés dans les années 60-70). L’approche est pourtant totalement schizophrène puisque, par ailleurs, «86% des employés pensent qu’il est très mal vu d’être vu comme un martyr du travail par sa famille», explique Katie Denis, qui a mené l’étude, au magazine Travel and Leisure.
Humiliation
Si les trentenaires se contentaient de ne pas partir en vacances, tout ne serait pas complètement problématique. Mais, ils ne peuvent s’empêcher de blâmer ceux qui partent pendant leurs congés. Une étude annuelle d’Alamo Rent a Car, une société de locations de véhicules américaine, montre que 42% d’entre eux assument pleinement d’humilier leurs collègues à ce propos (contre 24% des plus âgés), et un sur quatre le fait même sérieusement. Il en ressort une ambiance plus que négative dans les entreprises: 47% des travailleurs se sentent honteux vis-à-vis de leurs collègues lorsqu'ils partent en vacances.
D'où vient cette obsession du travail qui transforment de gentils trentenaires en une bande de requins? Avant tout d'une peur profonde de perdre son travail et d'une volonté de faire ses preuves.
«Quand les membres de la génération Y trouvent un travail, ils amènent avec eux un profond désir de faire leurs preuves, accentué souvent par la longue et pénible recherche d’emploi qui a précédé leur premier jour dans l’entreprise», dit l’étude.
L’utilité des vacances n’est pourtant pas négligeable: plus de concentration, d’engagement dans le travail, de productivité et surtout une meilleure ambiance dans l’entreprise, rappellent les conducteurs de l'étude. Pour changer les choses, l’exemple doit venir d’en haut –cet article est écrit par une membre de la génération Y. Comme l’explique Katie Denis, «nous avons besoin de chefs qui savent ce que peuvent apporter les congés à une structure. Cela ne coûte rien de dire à ses employés qu'il n'y a pas de problème à prendre des vacances.»