Tech & internet

Internet ne rend pas plus bête, il rend «méta-ignorant»

Nous sommes de moins en moins au courant de ce que nous ignorons.

<a href="https://www.flickr.com/photos/joiseyshowaa/8477590982/in/photolist-dV8SrL-7YHGGV-7AmULU-djq9Ei-7YLWJh-7AAyK3-9XwjUX-89Hk2f-7ZTao5-akxX4m-9skfyY-84ReCo-7WTdEM-ivapWL-bnxgGk-9GMJHf-9TzNdc-aYGa7-4SEHQP-CJD1ds-c6AirC-dRsLkh-gVYxKZ-4zMfjs-dYQqDQ-9xuFDk-5TeRJR-bP8NLt-9VJbHF-9rFM9F-9rUfK3-noW6MS-dj4aCh-6MZJz9-eiwixk-644Ln2-8F4qUG-6c5qwC-6T2Wt9-kL4cF7-k1H7g-8vHeWe-dSiRbN-aafWmX-oxegfZ-FFoYE-97GTud-dpzQdr-iLPmLD-j76Ad">Voir la tête comme à moitié vide ou à moitié pleine</a> | joiseyshowaa via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">License by</a>
Voir la tête comme à moitié vide ou à moitié pleine | joiseyshowaa via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Science of Us

Internet est un endroit tellement gigantesque qu’on en ignore la taille (certains spécialistes parlent d’un milliard de milliards d’octets). Tout ce que l’on sait, c’est qu’il regroupe l’essentiel des connaissances de l’humanité. Et pourtant, quand on voit la quantité de contenus plus ou moins bêtes qui s’y trouvent (une vidéo d’une femme portant un masque de Chewbacca peut récolter des millions de vues), on peut facilement se dire qu’internet est mal utilisé et qu’il nous rend tous les jours un peu plus bêtes.

En réalité, c’est beaucoup plus complexe que cela, si l’on en croit le site Science of Us et l’auteur de Why Knowing Things Still Matters When Facts Are So Easy to Look Up, William Poundstone. Ce dernier explique que, dans une étude d’Harvard menée en 2011, des scientifiques ont présenté à des volontaires une liste de quarante faits basiques (par exemple «un œil d’autruche est plus gros que son cerveau»). Tous devaient les noter sur un ordinateur, et on a demandé à la moitié d’entre eux de se rappeler ces faits. Au final, quand on leur a demandé d’énoncer ces faits, ceux qui étaient persuadés que leur ordinateur les avaient enregistrés ont eu un score moins élevé que ceux à qui on a demandé de s’en souvenir. Une étude de 2013 allait dans le même sens: des visiteurs d’un musée d’art étaient moins capables de se rappeler leur visite s’ils avaient pris des photos des œuvres.

Oubli automatique

Cela montre qu’internet, de par sa capacité de stockage, nous incite à moins mémoriser d’informations dans notre cerveau, car nous sommes persuadés que le World Wide Web les retrouvera facilement pour nous. «Ce phénomène a trouvé un nom, l’effet Google, pour décrire cet oubli automatique d’informations qui peuvent être trouvées en ligne», écrit Science of Us. Notre cerveau a mis en place un nouveau système d’apprentissage, où «les faits sont moins susceptibles d’être retenus et plus facilement oubliés».

Le cloud est un ami qui sait absolument tout. Il est toujours disponible, fournit des réponses dans la seconde, et n’est jamais agacé par les questions les plus bêtes

Science of Us

Dans la vie, on ne connaît pas tout ce qu’il faudrait savoir, mais on connaît quelqu’un qui peut nous recommander un bon restaurant ou un bon médecin. Internet fonctionne un peu de la même façon désormais, même si l’on y trouve aussi beaucoup de désinformation. «Le cloud est un ami qui sait absolument tout. Il est toujours disponible, fournit des réponses dans la seconde, et n’est jamais agacé par les questions les plus bêtes. C’est dire à quel point notre dépendance vis-à-vis de lui est absurde.»

Internet ne rend pas forcément plus stupide. Mais le fait que l’on sache qu’internet regroupe toutes les informations du monde nous rend un peu plus paresseux, et nous pousse à trier ce qui défile quotidiennement sous nos yeux. Le risque étant de ne se concentrer que sur les domaines qui nous intéressent plus que d’autres et d’ignorer le reste. «Le gros risque n’est pas que l’internet nous rende moins informés ou nous désinforme, conclut le site. C’est qu’il puisse nous rendre méta-ignorants, c’est-à-dire moins au courant de ce que nous ne savons pas.»

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