Culture

Pour réussir à Pokémon Go, soyez blancs et vivez en ville

Le jeu Pokémon Go semble réunir une partie des citoyens du monde dans un même élan de fraternité bienveillante, à condition bien sûr de posséder un smartphone. Mais les discriminations sont partout.

<a href="https://www.flickr.com/photos/jill_carlson/28299604826/in/photolist-HjCp8a-JjK9ts-Kidkdv-K9gV6P-JtrVwV-Kg6Nax-KiRAZX-JSPK4X-K1Vzmm-51HdBs-HjCpxD-GpgEax-J6Z1Q1-Jr2LAZ-KfwGh6-51D1H6-51CYmD-51CVzp-51CZv2-51CPqT-Gp7fTw-dLJiFG-51CYFD-51HeF1-51CPEa-51CXcn-Jr2MRz-Jr2MFz-oMuPVn-Gp7iVo-Gp7iZb-JvBEaS-JWKEo9-JRfRVq-Kmrtpr-K7JSz9-51CYRD-51H9ZY-51CZkP-51D1RT-JuWrMj-HZnTTk-emgM5F-51H3F7-J3mqqR-JbMFkb-HY42No-Kd8VPQ-JHkmku-HZnUac">Les hommes noirs jouant à Pokémon Go courent hélas le risque d’être victimes de violences policières totalement injustifiées</a> | Jill Carlson via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">License by</a>
Les hommes noirs jouant à Pokémon Go courent hélas le risque d’être victimes de violences policières totalement injustifiées | Jill Carlson via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Grist

À condition évidemment de posséder un smartphone capable d’héberger l’application, Pokémon Go semble être un jeu tout à fait égalitaire, qui permet à chacun et à chacune de pister et attraper Dracaufeu, Rondoudou et leurs congénères. Mais une journaliste du site Grist, basé à Seattle, ne l’entend pas de cette oreille.

D’après Aura Bogado, réussir à Pokémon Go serait plus facile pour une personne blanche et aisée que pour les autres. Basé sur le jeu Ingress, dont le principe est le même mais sans Pokémons, il nécessite notamment de trouver aussi fréquemment que possible des Pokéstops, checkpoints dans lesquels on peut attraper Pokéballs, œufs, elixirs de soins et autres merveilles totalement indispensables. Mais puisque Ingress fonctionnait sur le principe du crowdsourcing, c’est-à-dire qu’il s’enrichissait des particpations de ses utilisateurs, et que les utilisateurs en question étaient principalement des hommes friands de nouvelles technologies et demeurant en ville, la plupart des Pokéstops glissés par les créateurs du jeu se trouvent dans les zones très urbanisées, et beaucoup moins dans les banlieues populaires, où vivent la majorité des personnes de couleur. Autre argument avancé par la journaliste: les parcs américains regorgent de Pokéstops, sauf que la répartition des espaces verts entre les zones habitées par les classes supérieures et les autres, où le béton est souvent roi, est complètement inégale.

Rôdeurs et de couleur... donc suspects

Il y aurait en outre des problèmes liés directement au racisme. La journaliste rappelle que, pour réussir à Pokémon Go, il faut rôder autour de certains bâtiments et y revenir à plusieurs reprises, y compris si l’on n’est pas du quartier. Tout à fait le genre de comportement décrit comme problématique par une compagnie de sécurité interrogée. Et qui soupçonnera-t-on avant tout d’adopter une attitude menaçante? Quasiment tout le monde sauf les blancs, résume Aura Bogado, qui cite également un article du Huffington Post américain expliquant que les hommes noirs jouant à Pokémon Go courent hélas le risque d’être victimes de violences policières totalement injustifiées.

Aura Bogado cite également le cas d’habitants de la Nation navajo, plus grande réserve amérindienne des États-Unis (71.000 km²), qui affirment ne trouver aucun Pokéstop sur le territoire dans lequel ils vivent. Même chose à Pine Ridge, chez les sioux, où les Pokéstops se font extrêmement rares alors que les villes en abritent un nombre absolument indécent. Contrairement à Ingress, Pokémon Go ne permet pas de demander la création de nouvaux Pokéstops. Certains utilisateurs sont donc quasiment exclus du jeu avant même d’avoir pu y participer. Et la possibilité prochaine de trouver un Pokéstop à chaque arrêt de bus ne devrait pas régler tous les problèmes de ce type.

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