Économie / Life

Automobile: des berlines surpuissantes pour frimer... discret

Les voitures de sport à 4 places sont tendance. Belles et inabordables, elles permettent de faire rouler une famille à la vitesse du TGV et sont moins politiquement incorrectes que les gros 4X4.

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Après les 4X4 de luxe, relégués dans les abysses de la «beaufitude», une partie des conducteurs pouvant s'offrir des voitures à plus de 100.000 euros se reportent sur une autre catégorie de véhicules, plus discrète mais tout aussi exclusive: les sports GT à 4 portes qui permettent de voyager en famille à une vitesse stratosphérique sur les autoroutes... allemandes, bien sûr.

Ces GT profitent de l'engouement actuel pour les sportives. Selon l'Institut d'économie automobile, les ventes mondiales pourraient atteindre 248.000 unités en 2015 contre 123.000 en 2006. La crise a, certes, plombé les ventes en 2009, mais la plupart des constructeurs estiment que leur carnet de commande se remplumera dès l'année prochaine.

Proposées par des marques comme Aston Martin, Maserati, Porsche, BMW, Jaguar, Audi ou encore Mercedes, ces sportives allongées partagent le même objectif: permettre à quatre adultes de voyager confortablement sur un long trajet, sans bafouer l'ADN esthétique et sportif des marques.

Ces autos, dont trois sièges sur quatre sont généralement occupés, ont été conçues pour que les amateurs de pur-sang puissent profiter à la fois des ballades en famille et du plaisir de conduire. Bien sûr, il y a certainement une contradiction à mettre sur le marché des familiales sportives animées par des moteurs de 5 litres alors que la chasse aux rejets polluants bat son plein.

Pour ne pas devenir un nouvel épouvantail écologique, les constructeurs prennent soin d'afficher hypocritement leur volonté de réduire les rejets polluants de leurs motorisations. Même si dans ce segment, des rejets de 350 grammes de CO2 au kilomètre parcouru sont fréquents. Avec leur bestialité camouflée sous des formes fluides, les GT sport sont moins estampillées «années fric» que les gros SUV. Elles sont belles. Alors, on les admire et on les tolère malgré leur signature écologique néfaste.

La vraie question est de savoir à quoi servent ces bombes motorisées. En effet, pourquoi acquérir un bolide qui dépasse les 300 kilomètres heure quand, dans la plupart des grands pays, la vitesse sur autoroute est bridée autour de 110?

Pour frimer, bien sûr! Car ce que la majorité des possesseurs de sportives 5 étoiles recherche avant tout, c'est le prestige. Le potentiel explosif des véhicules n'est que rarement exploité. En France, la plupart des sportives sont, par exemple, immatriculées à Paris et dans les Hauts-de-Seine, deux départements où la vitesse de circulation moyenne est d'environ... 18 kilomètres heure. Pas de quoi emballer un V8!

Reste l'autoroute. En voyant, c'est fatal, l'arrière, de ces bolides, on se dira qu'au volant d'une voiture qui, comme la Rapide d'Aston Martin, possède un V12 de 6 litres propulsant papa, maman et leurs 2 enfants, à 290 k/h, on a plus de chance d'être flashé qu'avec un TDI de 1600 centimètre cubes. Et encore... Le TDI peut rouler à 200 kilomètres. Amplement suffisant pour perdre son permis. Pour autant, il y a autant de différences entre les berlines de sport et celles du commun qu'entre un boulet et une balle de fusil. D'abord au niveau de la silhouette.

Le risque était évidemment que les constructeurs dessinent des modèles où la fonctionnalité prime sur l'esthétique. Des poires à grande vitesse. Tous ont évité cet écueil et sont parvenus à concevoir des carrosseries étonnamment fluides, à l'exception de la Mercedes CLS, un peu mastoc même si le concept de berline-coupé est innovant.

 

 

Rêvons donc un peu sur des designs, il faut le dire, plutôt réussis. Dernière apparue sur le marché, la Porsche Panamera est un bon exemple de cette catégorie sport GT.

 

 

Avec son long capot moteur nervuré en V et ses amples passages de roues, l'auto reprend les lignes de la 911 et arbore une entrée d'air assez large pour refroidir un bloc-moteur dont la puissance atteint 500 chevaux et 303 kilomètres heure (données constructeur) dans sa version 4,8 litres V8 bi-turbo. Le vrai coup de génie des stylistes de Porsche est d'être parvenu à conserver une ligne d'épaule dynamique sur tout le profil malgré l'ajout des sièges supplémentaires. Vu de dos, avec ses sorties d'échappement visibles et sa lunette arrière filante, l'arrière de la Panamera est beau mais plus lourd que celui de sa grande rivale britannique, la Rapide.

Un rien plus fluide, un rien plus chic et pourtant plus agressive, la Rapide témoigne de ce qu'Aston Martin fait de mieux, en matière de ligne comme de finition. Cuir, bois, carbone, alu, tout y est mais dans les bonnes proportions.

 

 

Très basse, l'anglaise - fabriquée en Autriche - impose une conduite plus virile que la Porsche. Contrepartie de sa ligne écrasée, les places arrière sont plus exiguës que dans la Panamera. L'agrément du moteur, importé de la DB9, ne déroutera pas les habitués du constructeur.

Enfin, la Quattroporte de Maserati, récemment relookée, est un autre bolide, qui a joué le rôle d'éclaireur sur le marché des Sport GT puisqu'il roule depuis 2004 avec un record de vente atteint en 2008. Pour un prix proche de celui de la Panamera, on a droit à une voiture comme seuls les italiens savent en dessiner. Le capot profilé mange un tiers de la carrosserie, ce qui accentue la sportivité de la silhouette et donne à l'Italienne une silhouette à part.

 

 

Bien qu'un cran au-dessous de la Panamera, la qualité de l'habitacle est excellente, surtout dans la finition Exclusive GT.

Au volant, le conducteur profite d'un V8 4,7 qui propulse l'engin, non bridé, à près de 275 k/h. Pas mal ! Mais, sans doute pas suffisant pour suivre la future Bugatti Galibier quatre portes, annoncée comme un monstre de puissance avec son 16 cylindres double turbo de 8 litres de cylindrée et de 1001 chevaux.

Didier Laurens

Image de Une: La Bugatti Galibier

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