France

«Qu’une attaque terroriste se soit produite à Nice n’a rien d’étonnant»

Pour The Economist, «la ville balnéaire et idyllique a un sérieux problème avec la radicalisation islamiste».

Devant l'hôtel Méridien à Nice le 16 juillet, des gerbes de fleurs après l'attentat qui a tué au moins 84 personnes le 14-Juillet | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP
Devant l'hôtel Méridien à Nice le 16 juillet, des gerbes de fleurs après l'attentat qui a tué au moins 84 personnes le 14-Juillet | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Economist, La Croix

On a beaucoup lu ces derniers temps d’articles qui s’étonnaient que «l’attentat le plus meurtrier jamais commis en France par un individu seul» ait précisément eu lieu à Nice. Cette ville qui compte «le plus de caméras de vidéosurveillance par nombre d’habitants». Cette ville qui s’était préparée activement à l’hypothèse d’une attaque terroriste, avec des exercices d’anticipation. Cette ville où avait été mis en place un dispositif de sécurité spécifique, coordonné par le ministère de l’Intérieur. Où les professeurs, éducateurs et surveillants de prison avaient été formés pour détecter des signes de radicalisation. Où l’on avait même confié un audit à un ancien général israélien, «qui s’était inspiré des leçons tirées des attentats terroristes menées contre des hôtels à Bombay, en Inde, et dans les gares de Madrid, en Espagne».

Pourtant, tout le monde n’est pas de cet avis. Il y a même des gens pour lesquels il n’y a rien, mais absolument rien d’étonnant à ce qu’un attentat se soit produit dans cette préfécture des Ales-Maritimes. C’est l’opinion du magazine britannique The Economist, pour lequel «la ville balnéaire et idyllique a un sérieux problème avec la radicalisation islamiste».

«Depuis le début de l’année, au moins cinquante-cinq résidents niçois et d’autres villes du département [...] sont partis pour la Syrie ou l’Irak. [...] La préfecture a récemment fait fermer cinq mosquées non déclarées suspectées de prêcher un islam violent», résume The Economist.

«Nice est un vrai terreau pour la radicalisation»

Le magazine mentionne aussi l’influence sur la ville d’Omar Omsen, un prédicateur «spécialisé dans les vidéos de propagande» particulièrement populaires sur YouTube, et celle de la cellule de Cannes-Torcy, du nom de deux bandes djihadistes, l’une à Torcy, en Seine-et-Marne, et l’autre à Cannes, dans les Alpes-Maritimes.

«Nice est un vrai terreau pour la radicalisation. [...] Depuis quelques années, l’idéologie islamiste se propage à toute vitesse dans les mentalités. [...] De nombreux enfants sont retirés de l’école républicaine et laïque au profit de l’école coranique», affirme aussi au journal La Croix la psychologue Amélie Boukhobza, cofondatrice à Nice de l’association de lutte contre la radicalisation Entr’autres. «On sait qu’à Nice il y a un foyer de radicalisation», a déclaré à l’AFP le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, le député socialiste Sébastien Pietrasanta.

Bien sûr, toutes les villes possédant d’importants foyers de djihadisme n’ont pas été la cible d’attentats. Mais l’idée selon laquelle une ville très sécurisée a moins de chances d’être la cible d’un attentat n’est pas forcément vraie. Nice était plus sécurisée parce qu’elle était plus fragile. Et ce rééquilibrage n’a visiblement pas suffi.

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