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Euro 2016: les Polonais se sont compliqué la tâche aux tirs au but contre le Portugal

Tirer en premier est un avantage non négligeable, auquel Robert Lewandowski a pourtant renoncé après avoir gagné le toss.

Jakub Blaszczykowski manque le quatrième tir au but polonais face au Portugal, en quarts de finale de l'Euro. BERTRAND LANGLOIS / AFP
Jakub Blaszczykowski manque le quatrième tir au but polonais face au Portugal, en quarts de finale de l'Euro. BERTRAND LANGLOIS / AFP

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Cinq matchs, pas une victoire au bout des 90 premières minutes, et pourtant le Portugal est en demi-finales de l'Euro 2016. On n'ira pas jusqu'à dire que «ce Portugal est dégueulasse», mais disons qu'en 2004, la Grèce, souvent vilipendée, faisait au moins l'effort de gagner ses matchs (quatre rencontres sur six, dont trois dans le temps réglementaire). Dernière victime en date de Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers: la Pologne de Robert Lewandowski, éliminée aux tirs au but (5-3), jeudi 30 juin, après un match nul 1-1.

Pourtant, si le Portugal avait inscrit le dernier but, la Pologne partait avec deux avantages dans cette séance. Elle avait déjà montré qu'elle était capable de remporter une rencontre aux tirs au but, comme cela avait été le cas au tour précédent contre la Suisse (1-1 a.p., 5-4 t.a.b.). Et surtout, Robert Lewandowski, le capitaine polonais avait remporté le toss, ce qui lui permettait de choisir qui allait tirer en premier. Un droit qu'il a laissé au Portugal.

Sur son compte Twitter, Ben Lyttleton, auteur de Onze Mètres, la solitude du tireur de pénalty, et expert de l'exercice, a estimé que ce pouvait être une tactique logique, avec les joueurs polonais qui essayaient de reproduire le même scénario que face à la Suisse, où ils avaient tiré en seconde position avant de finalement l'emporter (5-4). Mais elle n'est statistiquement pas la meilleure.

Le professeur de théorie des jeux à la London School of Economics Ignacio Palacios Huerta avait largement évoqué l'avantage de tirer en premier dans une séance de tirs au but, racontait le même Ben Lyttleton sur Soccernomics, en mai 2014, un mois avant la Coupe du monde au Brésil:

«Il a analysé les résultats de 212 séances de tirs au but, soit 2.106 tirs au but, et en a conclu que l'équipe qui tire en premier remportait 61% des séances, contre 39% pour celle qui s'élance en second. “Le toss pour déterminer qui tire en premier n'est pas un toss à 50-50, mais plus un toss à 60-40, où l'équipe qui tire en premier a un avantage de 22 points sur ses adversaires”, explique-t-il.»

Alors forcément, comme le scénario ne s'est pas aussi bien déroulé que face à la Suisse, où Granit Xhaka avait manqué la deuxième tentative helvète, la pression est devenue de plus en plus forte sur les épaules des joueurs polonais, qui ne devaient pas rater sous peine de voir leurs adversaires s'envoler. Et c'est ce qui a finalement poussé Jakub Blaszczykowski à la faute sur le quatrième tir polonais.

En revoyant le (bon) tir de «Kuba» (c'est surtout le gardien portugais Rui Patricio qui l'arrête, plus que le joueur de Dortmund prêté à la Fiorentina qui le rate), on se rend compte que le Polonais s'est précipité après le coup de sifflet de l'arbitre. Or, s'il n'y a pas de solution définitive sur la bonne façon de frapper un tir au but (et qu'on peut ne respecter aucune des règles et remporter une séance), il apparaît que «quand un joueur prend son temps de manière volontaire pour tirer, son taux de réussite est meilleur».

Nul doute que les Polonais apprendront de leurs petites erreurs d'ici-là. Peut-être même d'ici la prochaine Coupe du monde.

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