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Les Afghans expulsés ne viennent pas de Kaboul

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Les trois Afghans renvoyés dans leur pays dans la nuit de mardi à mercredi ne viennent pas de la capitale afghane. Le ministre de l'Immigration Eric Besson, qui regardait un match de football de l'OL au moment où l'avion décollait, avait déclaré que les trois hommes venaient de la région de Kaboul, «où il n'y a pas de risques pour eux».

Les trois ressortissants reconduits de force, agés de 18 à 22 ans, viennent en réalité de trois provinces certes proches de la capitale, mais pas de Kaboul, comme l'a expliqué jeudi après-midi à Europe 1 le général Mohammad Omar Ayar, vice-ministre afghan aux réfugiés et au rapatriement. «L'un vient de la province de Paktia, l'autre de Baghlan, le dernier de Parwan», a-t-il expliqué, assurant que «ces trois Afghans ne peuvent actuellement pas rentrer chez eux». La situation est particulièrement délicate pour le plus jeune, originaire de la région de Paktia: «c'est une province dont certaines zones sont sûres, mais là d'où il vient précisement, c'est extrêmement dangereux. S'il rentre chez lui, les talibans lui demanderont de rejoindre leurs rangs» ajoute le militaire.

L'information concernant leur province d'origine est confirmée par un communiqué envoyé en fin d'après-midi par le service presse d'Eric Besson. «Ces trois personnes ont déclaré [...] être originaires des régions de Paktia, Baghlan, Parvan, dans un rayon de 200km autour de Kaboul». Le ministre nie en revanche la dangerosité de leur situation: «Aucune de ces régions ne se situe dans les zones les plus insurrectionnelles du sud de l'Afghanistan. La mise en avant d'exactions dans telle ou telle région ne suffit pas à caractériser leur situation sécuritaire.»

Eric Besson précise que «les autorités afghanes ont validé ces reconduites», mais la colère du vice-ministre semble plutôt traduire une indignation du gouvernement afghan sur l'opération menée par la France. «On est complètement opposés à ce qu'ils ont fait. Et c'est contraire aux droits de l'Homme et aux droits internationaux. Ce n'est pas bien de ramener de force ces Afghans, surtout originaires de ces provinces où il y a la guerre, les talibans, le terrorisme», a déclaré le général Mohammad Omar Ayar.

Les réactions se sont multipliées cette semaine pour condamner la reconduite forcée: Martine Aubry avait qualifié les vols transportant les trois immigrés de «charters de la honte» après avoir entendu Eric Besson «oser dire qu'il n'y avait pas de crainte pour eux là-bas ». Le PCF avait lui accusé Eric Besson de «mettre leur vie en danger et de les exposer à la torture et à la mort» en les renvoyant dans leur pays en guerre. Dans son communiqué, le ministre répond: «en toute hypothèse, dans aucun pays du monde le seul fait d'être originiare d'un pays en guerre ne vaut titre de séjour»...

Les trois Afghans ont passé la nuit suivant leur arrivée dans un hôtel à Kaboul, puis sont partis sac au doc, sans qu'on sache où ils sont allés.

[Lire l'article complet sur le Parisien]

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Image de une: Eric Besson par MEDEF via Flickr

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