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Bild promet aux Anglais de reconnaître le «but fantôme» de 1966 s'ils ne quittent pas l'UE

Le tabloïd allemand effectue une série de promesses footballistiques délirantes pour lutter contre le «Brexit».

Le «but fantôme» de Geoff Hurst. STAFF / CENTRAL PRESS / AFP.
Le «but fantôme» de Geoff Hurst. STAFF / CENTRAL PRESS / AFP.

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Bild, Arte, Der Spiegel


«Chers Anglais, si vous restez dans l'UE, nous reconnaissons l'existence du but de Wembley.» Cinquante ans après une douloureuse défaite en finale de la Coupe du monde, et alors que les deux pays pourraient se retrouver en demi-finale de l'Euro le 7 juillet à Marseille, le tabloïd Bild a sorti du lourd, du très lourd en une de son édition du 23 juin, en ce jour où les Britanniques sont amenés à se prononcer sur l'avenir de leur relation tumultueuse avec l'Union européenne: passer enfin l'éponge sur un litige arbitral qui divise les deux pays depuis cinq décennies.


Le 19 juin, l'émission franco-allemande «Karambolage», diffusée sur Arte, consacrait un sujet à ce douloureux souvenir pour les supporters allemands. Le 30 juillet 1966, lors de la finale de la Coupe du monde à Londres, l'Allemagne est battue 4-2 par l'Angleterre après prolongation, mais le troisième but marqué par l'Anglais Geoff Hurst, à la 101e minute du match, n'en est pas un, puisque le ballon n'a visiblement pas franchi la ligne de but:

«Le ralenti ne permet pas de déterminer avec certitude [si le ballon] a rebondi sur la ligne ou juste derrière… L’arbitre hésite à juste titre; il court consulter le juge de touche soviétique, Tofik Bakhramov, qui a mieux vu la scène. Celui-ci tranche, il y a but, 3-2 pour l’Angleterre. Les joueurs anglais sont en liesse. […] Malgré les protestations des joueurs allemands, le match se poursuit, les Allemands se battent jusqu’au bout, mais un terrible sentiment d’injustice finit par briser leur résistance. Tout semble décidé. C’est tout juste si le quatrième but anglais –un nouvel exploit de Hurst à la 120e minute– les fait encore réagir. Coup de sifflet final. L’Angleterre l’emporte 4-2 et devient championne du monde.»

Et pourtant, le juge de touche, de son propre aveu des années plus tard, n'a lui-même pas pu observer la scène:

«J’ai vu l’Anglais Hunt lever les bras après le tir de Hurst. Et le gardien allemand faisait une mine de six pieds de long. Rien que cela laissait supposer qu’il y avait but.»

Les Allemands n'ont donc jamais pu digérer cette défaite et ce fameux but de Wembley est resté gravé dans les mémoires. Que la Bildzeitung se dise prête à reconnaître l'existence de ce «but fantôme» pour convaincre les Britanniques de voter contre le Brexit est donc bel et bien une preuve d'amour, si ce n'est d'esprit de sacrifice.

Et ce n'est pas la seule promesse délirante que le journal fait aujourd'hui au Royaume-Uni. En restant dans un registre footballistique, on trouve par exemple un:

«Jogi Löw surveillera vos bijoux de la couronne!»

En référence aux gestes d'une hygiène douteuse du sélectionneur allemand durant cet Euro. Ou encore un:

«… nous renonçons à notre gardien de but lors des prochains tirs au but, pour que ce soit palpitant!»

L'Angleterre est en effet connue pour ses échecs répétés aux tirs au but, par exemple lors des éditions 1996 (contre l'Allemagne, justement), 2004 et 2012 de l'Euro.

Ces dernières semaines, les déclarations d'amour (plus sérieuses) au peuple britannique se sont d'ailleurs multipliées dans la presse allemande. Dans son édition papier du 11 juin 2016, Der Spiegel affichait le drapeau anglais en une (là aussi, une preuve d'amour indéfectible en plein Euro), et titrait, à la fois en anglais et en allemand :

«PLEASE DON'T GO! Why Germany needs the British.»

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