«J'ai enregistré un nouvel album par erreur.» Quatorze ans que l'on attendait cela, et voilà comment John Cunningham annonçait, en février dernier, la fin de son silence discographique.
Mais d'abord, qui est John Cunningham? Tout simplement l'un des songwriters les plus doués de sa génération, abonné aux échecs commerciaux comme à la vénération des quelques milliers de personnes qui ont un jour croisé ses lumineuses mélodies. Natif de Liverpool mais installé en France depuis plusieurs années, le Britannique nous a nourris, depuis 1991 et son premier album Shankly Gates (les fans de foot actuellement absorbés par l'Euro apprécieront la référence), de chansons empreintes d'une grâce folle, nous ramenant autant à Nick Drake qu'aux Beatles, autant à sa mélancolie qu'à leur éclat.
Mais depuis 2002 et le sublime Happy-Go-Unlucky, plus rien. Comme si l'injuste indifférence qu'il suscitait avait finalement poussé Cunningham à renoncer à partager ses splendides compositions. Heureusement, poussé par ses proches et le label Microcultures, également responsable du grand retour d'un autre trésor caché de la pop, The Apartments, Cunningham s'est attelé à un nouvel album, choisissant au passage de le «crowdfunder».
6.000 euros et quelques mois plus tard, voilà donc Fell, nouveau recueil de pop songs parfaitement ouvragées, où rien n'est superflu, où tout est fait pour toucher. Son meilleur album? Peut-être. Et tout simplement une nouvelle preuve que l'on tient là un des grands orfèvres pop des vingt dernières années. Vous voilà prévenus, à vous de ne pas passer à côté.