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Une ancienne opératrice radio du camp d'Auschwitz bientôt devant la justice allemande?

Helma Maaß, 92 ans, était opératrice radio au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et ne pouvait ignorer ce qu'il s'y passait.

<a href="https://www.flickr.com/photos/adamtasmusic/16855611881/">One way track to Auschwitz-Birkenau</a> | Adam Tas via Flickr via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
One way track to Auschwitz-Birkenau | Adam Tas via Flickr via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Die Welt, Der Spiegel

Helma Maaß, 92 ans, coule des jours paisibles dans une maison de retraite du nord de l'Allemagne. Mais elle pourrait bientôt se retrouver au tribunal. La retraitée allemande fait partie des derniers anciens nazis poursuivis par la justice allemande. Ancienne opératrice radio au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, Helma Maaß est accusée d'avoir été l'un des rouages de la machine à tuer nazie.

La plainte déposée en 2015 contre la retraitée par le parquet de Schleswig stipule qu'en tant que «membre de l'administration de la SS», elle a soutenu «les exécutions dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau», rapporte le quotidien Die Welt.

Engagée à 20 ans

Helma Maaß ne pouvait en effet ignorer ce qui se passait à Auschwitz durant quelques semaines où elle y travailla en 1944, avant de rejoindre l'administration du camp de concentration alsacien de Natzweiler.

Cette nazie convaincue, qui s'était engagée de son plein gré au sein de la Waffen SS à l'âge de 20 ans, était chargée de transmettre des messages chiffrés aux plus hautes instances de l'appareil nazi qui faisaient état de l'activité du camp d'extermination:

«En particulier d'annoncer les convois de la déportation […]. Après l'exécution du transport, il fallait signaler à l'Office central de la sécurité du Reich combien de personnes avaient été tuées et combien avaient été prises dans le camp pour effectuer un travail forcé qui était souvent mortel.»

Die Welt précise également qu'il arrivait même parfois que le zyklon B, le gaz utilisé pour exterminer les déportés à leur arrivée au camp, soit commandé par message radio. Dans le vocabulaire utilisé par l'administration d'Auschwitz, le zyklon B était cyniquement désigné sous les termes de «matériel pour le transfert de juifs».

Une vague de procédures tardives

Si Helma Maaß est jugée apte à comparaître devant la justice –une évaluation de son état de santé est en cours–, son procès s'inscrira dans la vague de procédures tardives qui a débuté en 2011 avec la condamnation à une peine de cinq ans de prison de John Demjanjuk, ancien gardien du camp d'extermination de Sobibor. Il était alors âgé de 90 ans. En 2015, Oskar Gröning, ancien comptable d’Auschwitz, a été lui aussi condamné par la justice allemande à quatre ans de réclusion, comme le rapportait alors Der Spiegel.

Trois autres anciens SS sont également aujourd'hui dans la ligne de mire de la justice allemande, précise Die Welt. Très médiatisés en Allemagne, ces derniers grands procès de l'Holocauste ne sauraient faire oublier le désastre judiciaire de l'après-Auschwitz: sur les 6.500 employés que comptait le camp d'extermination, seuls 49 d'entre eux ont été condamnés par la justice allemande.

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