Les référendums sont souvent des moments particulièrement intenses dans l’histoire politique d’un pays. Souvenez-vous de celui du 29 mai 2005 en France, sur le traité établissant une constitution pour l'Europe. Dans les universités, les cafés, les réunions de famille, et déjà, sur internet, toute la France s’était enflammée autour de ce débat.
Et les référendums sont aussi plus violents que les élections. C’est l’idée avancée par l’hebdomadaire britannique The Spectator. Les élections se succèdent: un camp peut toujours être remplacé par un autre. Alors que les référendums sont définitifs, et irréversibles:
«On ne peut pas revenir en arrière, on ne peut pas se consoler en se disant qu’on se rattrapera au prochain chapitre. Non, dans un référendum, la défaite est permanente, et on doit vivre avec. C’est pour cela que les référendums sont plus laids que les élections générales. Dans l’histoire, ce sont souvent les “méchants” qui gagnent les élections, mais leur victoire n’est que temporaire –et sera toujours temporaire. (...) Une élection est une négociation, un référendum est comme une décision de tribunal, sans possibilité de faire appel.»
Responsabilité
Les référendums représentent donc une véritable violence psychologique pour chacun des deux camps. Et c'est pour cette raison que les leaders politiques ont le devoir de se comporter d’une manière responsable et de ne pas attiser les haines.
Nigel Farage, chef du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip), n’est pas responsable du meurtre de la députée travailliste Jo Cox, tuée le 16 juin par quelqu’un qui aurait crié, selon certains témoins, «la Grande-Bretagne d’abord!». Mais il est responsable d’avoir soufflé sur les braises, estime Alex Massie: «Quand vous encouragez la rage, vous ne pouvez pas être surpris que les gens deviennent enragés.»