Les apparences sont parfois trompeuses. Alors que notre image des réseaux terroristes est essentiellement masculine, une étude relayée par Quartz pondère cette tendance. Certes, les hommes ont la main sur la partie opérationnelle mais les femmes jouent un rôle central pour tout ce qui touche aux réseaux sociaux et à la propagande.
La recherche publiée dans Science Avances fonde ce constat sur les interactions au sein du réseau social russe VKontakte, similaire à Facebook, qui compte plus de 360 millions d'utilisateurs. La plateforme, au contraire de ses cousins américains, applique une modération des contenus bien plus laxiste. Sur 42.000 personnes repérées sur des groupes ou hastags encourageant le terrorisme, environ 40% d'entre elles étaient des femmes.
La différence se ferait alors dans la qualité et le nombre connexions qu'elles établissent sur ces plateformes. Elles parviennent à tisser des liens entre des milieux qui, en temps normal, n'interagissent pas entre eux. «Alors que les hommes ont tendance à s’exprimer en délivrant une information brute et en exposant leurs savoirs, les femmes cherchent à établir un lien, attentives à tout ce qui entoure le contenu du message», expliquait déjà il y a quelques semaines notre journaliste Aude Lorriaux.
«Les personnes possédant beaucoup de connexions de ce type sont importantes dans la diffusion des connaissances», explique Stefan Wuchty, chercheur à l'université de Miami et auteur de l'étude. Pour propager la parole extrémiste, rassembler les gens ou canaliser les fonds, les femmes n'auraient pas d'égal.
Si les chercheurs estiment que leurs travaux n'impliquent pas directement des groupes comme Daech, ils espèrent qu'à l'avenir, le rôle des femmes dans l'expansion des organisations terroristes sera davantage mis en lumière.