Être payé par Netflix pour regarder des séries n’est pas aussi utopique que vous le croyez. Pour Lawrence Moss et Cigdem Akbay, deux des prestataires qui participent au programme «Project Beetlejuice», que Netflix voulait garder secret, les conditions de travail méritent même de poursuivre en justice l’entreprise californienne, signale The Hollywood Reporter.
L’entreprise avait déjà communiqué sur ses «tagueurs», les personnes rémunérées pour étiqueter les programmes selon leur scénario, mais n’avait jamais évoqué l’existence des «juicers», qui sont chargés de sélectionner les meilleures images fixes des milliers de contenus proposés par Netflix pour illustrer les programmes. Et pour cause. Les deux plaignants racontent qu’il leur est déjà arrivé de travailler plus de quarante heures par semaine. «En théorie, je pourrais fixer mes propres horaires de travail, mais Netflix impose des délais qui imposent un emploi du temps chargé», déplore Cigdem Akbay dans sa plainte.
Droit du travail
Les deux «juicers» –payés 10 dollars par contenu, comme le reste des participants au programme «Beetlejuice»– réclament la rémunération d’heures supplémentaires, en plus de congés payés, de jours fériés et d’une épargne retraite. En somme, tout ce que le statut d’autoentrepreneur des «juicers», comparable à celui des chauffeurs de VTC ou des coursiers à vélo, ne leur offre pas.
À l’heure où des chauffeurs Uber portent plainte contre l’entreprise au sujet de leur statut, l’affaire des «juicers» n’est pas surprenante pour Kate Gold, une avocate du travail interviewé par The Hollywood Reporter: «Le droit du travail n’a pas encore su s’adapter aux nouvelles réalités de l’économie du travail.»