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Bouteille d’eau et puce à l’oreille... Voilà à quoi peut ressembler la triche au bac

Alors que bac général démarre ce mercredi 15 juin en métropole avec l’épreuve de philosophie, la menace de tricherie rôde toujours. Sélection des techniques de fraude, en France et à l’étranger, de la plus classique à la plus insoupçonnable.

Un élève lit les sujets de l'épreuve de philosophie du baccalauréat, le 16 juin 2011 au lycée Camille-Sée à Paris | MARTIN BUREAU/AFP
Un élève lit les sujets de l'épreuve de philosophie du baccalauréat, le 16 juin 2011 au lycée Camille-Sée à Paris | MARTIN BUREAU/AFP

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Rappelons en avant-propos qu’en plus des cinq années d’interdiction de passer un examen, les fraudeurs s’exposent à des amendes allant jusqu’à 9.000 euros et/ou des peines de trois ans d’emprisonnement. Ça calme.

La fraude n’en reste pas moins «un phénomène extraordinaire qui concerne moins d’un candidat sur 1.000», rappelait en 2015 au Monde Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO).

De 2014 à 2015, le nombre de suspicions de fraude a grimpé de 20% en France (de 386 à 464) et celui des sanctions de 25% (de 694  à 860). Le ministère de l’Éducation se réjouit de ces chiffres, qui prouvent, si ce n’est l’efficacité, du moins «le renforcement des mesures préventives et dissuasives engagé depuis quatre ans» contre les technologies connectées.

1.Encore deux ans pour tenter le coup de la calculatrice

Les calculatrices se mettent aussi à l’heure du bac. Pour empêcher les lycéens d’entrer leur cours sur la mémoire interne, la société Casio a créé une nouvelle fonctionnalité. L’accès à la mémoire peut désormais être bloqué. Il suffit pour cela de taper une séquence de chiffres et/ou de signes. Une fois réalisée, une lumière rouge s’activera sur la tranche de la machine, permettant au surveillant de s’assurer du blocage. L’astuce ne s’arrête pas là: pour désactiver cette option en pleine épreuve –une idée à laquelle, forcément, certains pourraient songer–, la calculatrice devra être connectée par câble à un ordinateur ou à une autre calculatrice. Mission impossible, en somme.

Les concurrents Texas Instruments et HP se sont rapidement alignés sur cette technologie, et pour cause: une circulaire de l’Éducation nationale publiée le 2 avril 2015 rend cette fonction obligatoire à partir des épreuves du bac 2018.

2.Des détecteurs de smartphones                 à l’efficacité encore limitée

Depuis 2013, des détecteurs de téléphones portables, dont le nombre et l’emplacement sont confidentiels, circulent dans les salles d’examen. Si ces appareils permettent également de déceler les montres connectées –un cas de fraude a été récensé en 2015 dans une école de commerce suisse– ou les tablettes, leur efficacité est nulle une fois le mode avion activé...

Or, pas besoin d’être connecté pour accéder aux données enregistrées sur son portable. «C’est prendre un marteau-piqueur pour écraser un moustique», confiait un fabricant de détecteurs de portables au Monde en 2015.

Durant toutes les épreuves, ces objets doivent normalement être éteints et rangés dans les sacs, qui seront regroupés «à l’endroit indiqué par le surveillant», peut-on dans le règlement antifraude.

3.La puce à l’oreilleÀ deux, c’est mieux

Le 10 juin 2015, la ministre algérienne de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, est témoin d’un cas de fraude satellitaire. Une lycéenne fait l’usage d’une micropuce très sophistiquée fonctionnant par satellite, munie d’un émetteur-récepteur et coûtant environ 400 euros. Son comparse, qui ne se doute pas du flagrant délit, continue à dicter les réponses... dans l’oreille du surveillant.

 

4.La légende de la bouteille d’eauEncore et toujours

Chaque printemps, lorsque le baccalauréat débute, c’est toujours la même chanson. Il y a la légende de l’élève qui répond d’une seule phrase au sujet de philosophie sur l’«audace» et celle du gamin très malin qui a recopié ses cours sur l’étiquette de sa bouteille d’eau.

Il n’en fallait pas plus pour qu’un youtubeur monte un tutoriel sur le sujet.

 

5.Se faire aider par ses parentsUne spécialité indienne

Chaque année, des vidéos affluent de parents escaladant les immeubles pour délivrer des antisèches à leurs enfants lors de l’épreuve équivalente au baccalauréat français. Comme ici, les 18 et 19 mars 2015, dans la région de Bihar, devant un centre d’examen de quatre étages.

 

6.Ou laisser sa mère y aller à sa placeUne histoire française

En 2015, une femme de 52 ans se présente à l’épreuve d’anglais à Paris. A priori, rien d’impossible. Le plus vieux candidat en 2016 a par exemple 82 ans. L’heure tourne dans la salle d’examen. La surveillante contrôle l’identité de celle venue pour l’occasion en jean-Converse, et repère immédiatement la supercherie. Seulement, elle attendra la fin de l’épreuve, deux heures plus tard, pour l’interpeller car l’annulation d’une épreuve avant son terme aurait pénalisé l’ensemble des candidats. Cela ne valait pas le coup pour ce qui restera comme l’une des plus mauvaises tentatives de tricherie de ces dernières années.

7.Tricher sans le vouloirEt Dieu créa le vent...

L’histoire de Pierre A., aujourd’hui ingénieur, a été recueillie par Le Monde en 2014, après un appel à témoins de fraudeurs. Le bachelier avait alors fraudé «à l’insu de son plein gré». Extraits:

«Soudain, Eole se réveilla et, avec une précision diabolique, déplaça le brouillon de mon voisin juste à côté de ma table. Celui-ci, très concentré, ne s’en rendit pas compte et penchait déjà sur un autre exercice. Les examinateurs, trop concentrés sur les futurs bacheliers, n’avaient pas vu arriver le danger.

 

Il me suffit alors de recopier, sans même la crainte d’être réprimandé, ce qui gisait là sous mes yeux. Ces quelques points glanés auront été déterminants pour l’obtention de ma mention [Assez Bien].»

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